L'expression est née en 2005 en pleine campagne présidentielle française: le «plombier polonais» est devenu synonyme de cette main-d'oeuvre bon marché qui allait supposément envahir la France.

Aleksy Kuziemski, qui affronte Jean Pascal demain soir au Centre Bell, est aussi un «plombier polonais», mais pas dans le sens français du terme. Le boxeur polonais est un plombier comme ceux que l'on retrouve dans la Ligue nationale de hockey: un athlète assez bon pour jouer parmi les meilleurs, mais jamais dans le premier trio.

Avec 23 victoires et 4 défaites, le boxeur de 35 ans n'a pas hésité longtemps lorsqu'une offre pour affronter Jean Pascal lui est parvenue. «J'ai dit oui tout de suite. À mon âge, je ne peux pas laisser passer ça. Pour attendre quoi?», a expliqué le réservé Kuziemski en conférence de presse hier.

Les chemins de Pascal et de Kuziemsky se sont croisés aux Jeux d'Athènes en 2004. L'Européen menait alors une féconde carrière amateur. Il a même remporté le bronze aux championnats du monde en 2003. À l'époque, il aurait pu regarder Pascal de haut; les deux connaissaient des carrières exemplaires en boxe olympique, mais le Polonais avait plus de succès que le Québécois.

Huit ans plus tard, les rôles se sont inversés. Jean Pascal (26-2-1, 16 K.-O.) est devenu un joueur de premier trio alors qu'Aleksy Kuziemski (23-4, 7 K.-O.) peine à garder sa place sur le troisième. Son passage chez les pros n'a pas été à la hauteur de ses attentes. «Je ne suis pas tout à fait satisfait», admet-il lui-même. Une victoire demain soir lui permettrait donc de ressusciter une carrière en dents de scie.

«Kuziemski a tout de suite accepté notre offre, confirme Yvon Michel. Je pense qu'il est convaincu d'avoir la technique, l'expérience et les habiletés pour surprendre Jean. Il pense que Jean est échevelé, indiscipliné et il veut en profiter.»

«Un gars modeste»

Yvon Michel pense que le Polonais a ce bagage européen qui le rend dangereux. Sa technique est savante, sa boxe, érudite. «Il est allé à la bonne école, dit le promoteur. Ç'aurait été facile de prendre Allan Green pour le retour de Jean. Mais je suis convaincu que Green n'aurait pas duré plus de deux ou trois rounds.

«Si Jean ne suit pas son plan de match, il pourrait avoir l'air fou dans ce combat-là. Et ça, c'est la chose qui fait le plus peur à Jean», croit Yvon Michel.

Kuziemski s'est frotté à certains des meilleurs boxeurs de 175 livres, mais n'a jamais su les vaincre. Il a été arrêté trois fois avant la limite, la dernière fois en novembre 2011 contre Nathan Cleverly.

Le Polonais reste réaliste quant à ses chances de gagner demain. Lorsqu'on lui demande quelles sont les faiblesses de son adversaire, le Polonais peine à répondre. «C'est très difficile de trouver des faiblesses chez Jean Pascal. C'est un boxeur polyvalent qui est bon dans toutes les dimensions de la boxe, répond-il. Pour l'instant, je ne sais pas. Peut-être qu'il sera un peu rouillé! Mais Pascal, c'est Pascal. Il a été inactif pendant 19 mois, mais ça ne devrait pas être un grave problème pour lui.»

Ce n'est pas Kuziemski qui va mettre le feu à une conférence de presse. À un moment, un compatriote qui lui sert de traducteur lance cette phrase: «Aleksy, c'est un gars modeste.»

Modeste ou pas, Aleksy Kuziemski fera tout pour gâcher le retour de Jean Pascal. Pour reprendre cet ascendant qu'il avait lorsque les deux jeunes boxeurs se promenaient à Athènes en rêvant à la carrière qui les attendait.