Le passé criminel d'Adonis Stevenson, champion nord-américain des super-moyens, est revenu le hanter mercredi lors d'une conférence de presse en vue de son combat de samedi contre Jesus Gonzales.

L'Américain Gonzales a remis sur la table une histoire vieille de 15 ans, connue des journalistes et de certains amateurs de boxe: Adonis Stevenson a été condamné en juin 2000 à quatre ans de prison pour une sordide histoire de proxénétisme.

«Si tu es pauvre et que tu voles une banque, si tu tues quelqu'un par légitime défense, cela est pardonnable, a lancé Jesus Gonzales à une poignée de journalistes. Mais si tu t'attaques à des filles de 14, 15 ans, que tu les forces à la prostitution, que tu les violes, alors tu n'es qu'un tas de merde.»

Les cinq victimes de Stevenson et de ses complices n'avaient ni 14 ou 15 ans, mais plutôt de 17 à 25 ans. Le boxeur de Longueuil n'a par ailleurs jamais été condamné pour agression sexuelle, mais plutôt pour proxénétisme, voies de fait et menaces. N'empêche, les détails du crime sont glaçants.

Toute l'histoire s'est déroulée entre novembre 1997 et septembre 1998. Stevenson était alors âgé de 20 ans et commençait une prometteuse carrière de boxeur amateur. Mais il faisait aussi partie d'un gang avec trois complices: un comparse plus vieux était le chef alors que Stevenson jouait le rôle de garde du corps.

Le modus operandi consistait à recruter les jeunes filles, à les amener vivre en appartement avec eux et à les impliquer dans leur agence d'escortes. Les membres du gang étaient souvent violents avec «leurs» filles, prenaient tout leur argent et auraient même organisé des combats de boxe entre elles.

«Je leur donnais tout l'argent que je faisais, je n'avais pas le choix. Ils savaient où ma mère restait», avait déclaré une victime de 19 ans lors du procès en 2000.

Une opération policière a mis un terme aux opérations de prostitution du gang en septembre 1998, après qu'une des victimes eut réussi à s'enfuir et à prévenir les policiers.

Adonis Stevenson, maintenant âgé de 34 ans, a repris la boxe après avoir purgé 18 mois en prison. L'histoire est restée largement méconnue et Stevenson a tranquillement gravi les échelons de son sport. Son combat de samedi au Centre Bell pourrait le propulser très proche d'un combat de championnat du monde à 168 livres.

Jesus Gonzales a dit avoir entendu parler de l'histoire dans les dernières semaines et en avoir été «dégoûté». Il a admis l'avoir ressortie mercredi «pour entrer dans la tête» de son adversaire. Il portera même un écusson sur son short pour le combat, à l'effigie d'un refuge pour femmes battues de la région de Phoenix, d'où il vient.

«Je sais que j'ai fait le bien dans ma vie, a renchéri Jesus Gonzales. C'est son passé, pas le mien. Qu'il l'assume.»

Yvon Michel: «Un geste impardonnable»

Adonis Stevenson s'est défendu comme il a pu des reproches de son adversaire. «C'est le passé, je suis passé à autre chose. J'ai payé ma dette à la société», a-t-il dit.

Regrette-t-il ses gestes? «J'ai payé ma dette», a-t-il répondu.

Le promoteur Yvon Michel est aussi monté à la défense de son boxeur. Il précise que les crimes de Stevenson sont «impardonnables» et «qu'il regrette amèrement ce qu'il a fait». Yvon Michel rappelle toutefois que le boxeur «était adolescent au moment des faits et avait été embrigadé dans un gang de rue».

«C'est une belle histoire de réhabilitation. Il a rompu avec son passé de membre de gang de rue. Il a un métier dans lequel il réussit. Il a maintenant une famille et deux petites filles, une d'à peine un mois, une d'un an et demi», a expliqué le promoteur.

Jesus Gonzales (27-1, 14 K.-O.) et Adonis Stevenson (16-1, 13 K.-O.) s'affrontent samedi au Centre Bell. Se battront aussi en sous-carte les deux espoirs colombiens expatriés à Montréal, Eleider Alvarez (7-0, 5 K.-O.) et Oscar Rivas (8-0, 5 K.-O.).