Il n'y a plus rien à dire, alors les deux boxeurs ont opté pour la même stratégie: ne rien dire du tout.

Voilà qui résume un peu le gros point de presse d'hier matin à Montréal, entre Jean Pascal et Bernard Hopkins. Avec le combat de samedi qui approche à grands pas, on aurait pu s'attendre à quelques envolées lyriques, à quelques insultes et, pourquoi pas, à quelques claques sur la gueule aussi.

Mais il n'en fut rien.

«Tout a déjà été dit, il ne reste plus rien d'autre à ajouter», a expliqué le promoteur Yvon Michel, qui s'attendait justement à voir deux boxeurs silencieux sur la petite scène. Il aura vu juste.

Les deux rivaux, donc, nous ont souhaité un bon combat avant de prendre la porte en vitesse, et puis voilà, c'était la fin des émissions.

Hopkins, casquette enfoncée sur la tête et mine patibulaire, n'avait pas l'air d'un type qui avait le goût d'être là. Il n'a pas réagi aux quelques huées et aux quelques commentaires qui provenaient des fans de Jean Pascal au parterre. Ce dernier, de son côté, a prononcé exactement quatre mots de plus que son grand rival.

Rappelons un peu l'enjeu de ce gros combat, samedi soir au Centre Bell: le titre des mi-lourds (175 livres) du WBC, détenu par Jean Pascal depuis 2009. Bernard Hopkins, à 46 ans, tentera de devenir le plus vieux champion du monde de l'histoire de la boxe.

Une guerre psychologique

Pascal et Hopkins (qui ne sont pas à inviter au même barbecue, nous chuchote-t-on) n'ont pas été bavards hier matin, ce qui n'a pas empêché leurs associés de prendre toute la place derrière le micro. Le président du groupe de promotions Golden Boy, Richard Schaefer, a tenu à dire que l'Américain a déjà gagné la fameuse guerre psychologique contre son jeune adversaire.

«Vous avez vu, Bernard a souhaité aux gens de bien s'amuser samedi soir, et Pascal a répété exactement la même chose, a expliqué M. Schaefer. Pour moi, c'est un signe qui ne ment pas. Pascal est nerveux. Il y a une guerre psychologique qui se joue ici, et Bernard est un maître là-dedans. On voit bien qu'il est de toute évidence en train de gagner cette guerre-là.»

Autant de commentaires qui n'ont pas semblé impressionner Marc Ramsay, entraîneur du boxeur québécois: «On avait gaspillé de l'énergie avec ça la semaine précédant le combat à Québec (en décembre), mais pas cette fois. Les gens de Hopkins savent très bien que Jean est plus jeune, plus fort et plus rapide. Ils veulent jouer à la guerre des mots, à la guerre psychologique, mais ils sont les seuls à vouloir jouer à ça. Nous autres, on n'embarque pas.»

Record d'assistance battu?

Pascal, qui avait touché 1,5 million lors du premier combat contre Hopkins en décembre, touchera cette fois «une somme légèrement supérieure», selon son promoteur Yvon Michel, qui s'attend à un Centre Bell presque plein pour l'occasion. Samedi soir, la capacité de l'amphithéâtre sera de quelque 20 000 spectateurs.

Depuis l'ouverture du domicile du Canadien en 1996, aucun boxeur n'a attiré plus de spectateurs pour une seule carte que Lucian Bute, qui s'était battu contre Librado Andrade en octobre 2008 devant 16 266 fans.

Yvon Michel se croise les doigts pour que cette marque soit battue cette fois-ci. Hier, un peu plus de 13 000 billets avaient été vendus. «Souvent, à Montréal, la vente des billets est très bonne dans les jours qui précèdent un combat», a-t-il fait remarquer.

On a souvent affirmé que le combat le plus important de l'histoire de la boxe au Québec a été présenté en juin 1980 au Stade olympique, un combat qui avait alors opposé Sugar Ray Leonard à Roberto Duran. «J'étais là, et les gens qui vont être là samedi soir vont pouvoir eux aussi dire qu'ils y étaient, a résumé Yvon Michel. Vous allez vous souvenir de ça toute votre vie.»