(Saalbach) Au bout du suspense, l’Autrichienne Cornelia Huetter a remporté samedi l’ultime descente de l’hiver à Saalbach (Autriche), décrochant le globe de la spécialité qui semblait pourtant promis à Lara Gut-Behrami, déjà vainqueure des classements du général, du super-G et du géant cette saison.

La tension est montée d’un coup samedi dans la petite station autrichienne qui accueillera les championnats du monde en 2025. Partie dossard 12 après un début de course marquée par plusieurs interruptions liées au vent, Cornelia Huetter a réveillé son public en franchissant la ligne d’arrivée avec une demi-seconde d’avance sur ses concurrentes parties avant elle, prenant provisoirement la tête de la course et surtout du classement de la spécialité.

Installée sur le « hot seat », le fauteuil où patientent les leaders provisoires, l’Autrichienne de 31 ans avait du mal à réaliser qu’elle venait d’atomiser la course.  

Mais quelques minutes plus tard, quand Lara Gut-Behrami (dossard 15) a franchi la ligne d’arrivée avec une 11e place provisoire, Huetter a compris qu’elle pouvait bel et bien remporter son premier globe, plus de 12 ans après ses débuts en Coupe du monde. Elle a alors fondu en larmes tandis que ses coéquipières lui sautaient dans les bras pour la féliciter.

Au même moment, les journalistes et les équipes suisse et autrichien faisaient leurs calculs : rien n’était encore joué et Gut-Behrami, déjà victorieuse du gros globe de cristal, de celui du géant et de celui du super-G cet hiver, pouvait encore s’adjuger celui de la descente si une ou deux autres skieuses passaient devant Huetter.

PHOTO ALESSANDRO TROVATI, ASSOCIATED PRESS

Lara Gut-Behrami

Le public autrichien a donc tremblé jusqu’au bout, poussant des cris de stress en voyant l’Italienne Nicol Delago, partie dossard 17, reprendre du temps en fin de tracé (finalement 3e à 49 centièmes) puis en regardant la Slovène Ilka Stuhec dévaler la piste, menaçant jusqu’au bout de prendre la tête de la course (finalement 2e à 17 centièmes).

Cornelia Huetter a enfin pu respirer après le passage de la dernière athlète et est allée savourer au pied de la piste sa sixième victoire en Coupe du monde et son premier globe devant un public acquis à sa cause.

« Je n’aurais jamais imaginé ça », a-t-elle expliqué ensuite en conférence de presse, tout sourire. « Je voulais skier à fond et c’est ce que j’ai fait mais avoir le globe en plus, c’est incoyable, je n’ai pas les mots. »

Les adieux de Mowinckel

Lara Gut-Behrami avait elle du mal à cacher sa déception. La Suissesse de 32 ans, qui avait une confortable avance au classement de la discipline avant la course, n’a finalement pris que la 17e place samedi, de loin son moins bon résultat de la saison en descente.  

La Tessinoise, qui s’est séparée cette semaine de son préparateur physique espagnol Alejo Hervas, laisse donc filer un quatrième globe qui lui tendait les bras cette saison. Mais elle conclut quand même un hiver exceptionnel avec huit victoires (16 podiums) et surtout trois globes : son deuxième gros globe de cristal (classement général), son premier globe en géant et son cinquième en super-G.

« Je voulais faire mieux mais j’ai eu du mal à skier vite aujourd’hui », a réagi Gut-Behrami. « Mais ça reste une saison incroyable, je n’aurais jamais imaginé avoir tant de succès. Aujourd’hui, ce n’était pas la meilleure journée mais c’est comme ça qu’on construit la suite », a précisé celle qui avait fait planer le doute l’été dernier sur la suite de sa carrière, mais qui a affirmé samedi vouloir continuer au moins « encore une saison ».

La dernière course de l’hiver a aussi été marquée par les adieux au cirque blanc de la Norvégienne Ragnhild Mowinckel, qui prend sa retraite à 31 ans après 248 départs en Coupe du monde (quatre victoires, la dernière sur la descente de Cortina d’Ampezzo en Italie en janvier), deux médailles d’argent olympiques et deux troisièmes places mondiales.

Si la météo le permet (des chutes de neige sont annoncées), la Coupe du monde de ski se conclut dimanche avec la descente masculine, course à suspense avec le retour du duel entre le génie suisse Marco Odermatt et la sensation française Cyprien Sarrazin, qui se disputeront le globe de la spécialité.