Laurence St-Germain, championne mondiale du slalom, court toujours après son premier podium en Coupe du monde

En 70 départs de Coupe du monde, Laurence St-Germain n’est jamais montée sur le podium. En trois essais aux Championnats du monde, elle a une médaille, en or, arrachée au nez et à la barbe des favorites, le 18 février, à Méribel.

Cette anomalie dans son palmarès, la slalomeuse de Saint-Ferréol-les-Neiges aimerait bien la faire disparaître. Pas qu’elle soit habitée du syndrome de l’imposteur, plutôt parce qu’elle s’en sait parfaitement capable.

« J’y ai goûté et je veux le refaire, a-t-elle exposé lundi. Je ne sens pas vraiment la pression des autres skieuses. Et je n’ai pas l’impression que si je ne le refais pas, je ne le méritais pas [ce titre mondial]. C’est vraiment plus que j’ai la motivation et l’envie de le refaire. »

Après un bain de foule à Tremblant, où elle a renoué avec joie avec la grande famille québécoise et canadienne du ski alpin, Laurence St-Germain est de retour en Europe pour la suite de la saison de Coupe du monde.

En trois départs en novembre, le bilan est partagé : non qualifiée pour la deuxième manche du slalom d’ouverture de Levi, septième le lendemain sur la même piste finlandaise, 14e deux semaines plus tard devant le public survolté de Killington, où elle avait relativement bien fait en première manche (8e).

« J’étais très déçue après la première course à Levi. Ça allait pourtant bien à l’entraînement et ce n’est pas comme ça que je voulais commencer ma saison. Il y a toujours un stress supplémentaire à la première course parce que tu ne t’es pas comparée avec les autres de l’été et tu ne sais pas où tu te situes. J’ai fait une erreur tactique dans le bas du premier pitch, ça m’a coûté ma deuxième manche. »

PHOTO GIOVANNI AULETTA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Laurence St-Germain en action à la Coupe du monde de Levi, en Finlande, le 12 novembre dernier

Heureusement, la championne du monde n’a pas eu à ruminer longtemps cette transition ratée : moins de 24 heures plus tard, elle se lançait du portillon pour un deuxième essai dans la « Levi Black », en route vers le septième rang, à 1,32 s de l’indomptable Mikaela Shiffrin, sa dauphine des Mondiaux. Sans être parfaites, ses deux manches étaient plus en phase avec ce qu’elle produisait jusque-là à l’entraînement.

« J’étais très contente de la façon dont j’ai rebondi. J’ai vraiment mieux exécuté mon plan de match. Ce n’étaient pas mes meilleures descentes à vie, mais c’étaient de très bonnes descentes que je souhaite être en mesure de reproduire constamment. »

Mise « en confiance » pour Killington, une course « locale » pour la diplômée de l’Université du Vermont, Laurence St-Germain s’est donné des chances de réussite avec le huitième temps de la manche initiale. Deux fautes l’ont cependant coulée à la reprise.

« J’étais déçue, surtout à Killington, où je veux toujours bien faire devant ma famille et mes amis. Quatorzième, c’est en deçà de mes attentes, mais ce n’est pas dramatique non plus. »

Une réadaptation pas terminée

Tant au Vermont qu’en Finlande, l’athlète de 29 ans a connu le même ennui en deuxième manche : elle a momentanément échappé son bâton droit après un choc avec un piquet. Chaque fois, elle s’est bien reprise, mais les petites pertes d’équilibre qui ont suivi lui ont assurément coûté quelques positions.

Ces difficultés de préhension sont attribuables à une blessure subie pendant un stage printanier à Tremblant. Une rupture complète d’un ligament du pouce droit l’a conduite sur une table d’opération le 1er avril. À l’évidence, la réadaptation n’est pas tout à fait terminée. L’étudiante à la maîtrise en génie biomédical à Polytechnique Montréal a revu son chirurgien la semaine dernière. Rassurée par l’état de sa main, elle est repartie avec des exercices d’un ergothérapeute.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Laurence St-Germain a subi une blessure à la main droite pendant un stage printanier à Tremblant.

« Comme je suis droitière, cette main devrait être plus forte, mais c’est elle qui était plus faible. Il s’agit de la réentraîner. »

Après son passage à Tremblant, où elle a assisté avec un brin de jalousie aux deux slaloms géants remportés par Federica Brignone, Laurence St-Germain a remis les skis dans le nord-est de l’Italie, où elle a effectué trois bonnes journées sur une piste destinée à l’entraînement.

« J’ai déjà fait des gains par rapport à de petits aspects techniques et tactiques que je désirais travailler après Killington. Après la reconnaissance [du parcours], c’est vraiment de voir loin, de prendre le plus d’informations possible pendant que je descends. En même temps, je veux simplement exécuter et faire confiance à mes capacités techniques. »

J’ai acquis beaucoup de conviction dans ma technique. C’est super positif.

Laurence St-Germain

De retour d’une séance de musculation au moment de l’entrevue, interrompue par des passages dans un tunnel, la skieuse aura droit à deux journées de congé avant une autre période d’entraînement à un autre endroit en Italie.

Son prochain rendez-vous aura lieu le 21 décembre dans « la bourgeoisie du ski alpin » à Courchevel, où elle s’est fait glisser son flocon doré au cou après sa victoire dans la station voisine de Méribel, l’hiver dernier. Ce retour dans les 3 Vallées ne la remue pas particulièrement, assure-t-elle, sinon que le slalom se déroulera sous les réflecteurs, une perspective qui l’enchante.

« Ce sont les hommes qui skiaient à Courchevel aux Championnats du monde, alors ce ne sera pas la même piste. Je la connais quand même, mais elle est différente. C’est une autre ambiance complètement. »

Pas tant que ça, si la Québécoise réussit à grimper de nouveau sur l’une des trois marches de la boîte.