(Saint-Sauveur) Planches à l’épaule, un skieur retournait à sa voiture après quelques descentes au Sommet Saint-Sauveur, mardi matin. Les conditions sont bonnes ?

« Si je dis ‟mélamine”, vous comprenez ?

– Plus ou moins. »

Un entre-deux, selon les explications fournies. À -7 degrés, l’humidité dans la neige avait gelé, sans toutefois se transformer en glace. Une base très, très ferme, donc. « Ça prend des skis aiguisés. »

Ceux des six skieuses canadiennes qui dévalaient La Nordique, à quelques mètres de là, l’étaient sans l’ombre d’un doute. Leurs réflexes, tout autant. À tour de rôle, elles bondissaient dans le mur final, faisant lever un mince filet de poussières de neige en découpant les quatre ou cinq derniers virages.

« Zouuuum ! », entendait-on ensuite alors qu’elles passaient devant quelques jeunes de l’équipe de compétition locale, probablement en congé scolaire à cause de la grève. Direction : Sommet Express pour une autre remontée. Répétez six fois.

Faute d’une piste accessible pour leurs besoins à Tremblant, le groupe féminin de slalom géant a planté ses piquets à Saint-Sauveur pour une séance d’entraînement en vue de la Coupe du monde qui se tiendra dans la station reine des Laurentides, samedi et dimanche. Cette compétition sera le premier arrêt du cirque blanc à Tremblant en 40 ans. En mars 1983, la Canadienne Laurie Graham avait obtenu la première victoire de sa carrière en descente.

« Ma montagne »

Valérie Grenier tentera de l’imiter cette fin de semaine dans le cadre de deux slaloms géants disputés coup sur coup. Pour l’athlète de 27 ans, il s’agit d’un véritable retour à la maison. Elle a découvert le ski alpin à Mont-Tremblant quand elle avait 2 ans. Depuis ses débuts en Coupe du monde en 2014, elle a skié à six reprises à Lake Louise, traditionnelle ouverture de la saison de vitesse. Après plus d’une trentaine d’années dans la station iconique des Rocheuses albertaines, Canada Alpin déménage ses pénates dans l’Est, où le marché est plus important et lucratif, pour des épreuves techniques.

« Ça m’a toujours fait plaisir de skier à Lake Louise, mais ce n’est pas comparable », a dit en souriant Valérie Grenier après l’entraînement.

« Tremblant, c’est vraiment ma montagne. […] Le sentiment que je ressens est tellement intense. Ça me touche beaucoup plus [que de skier] à Lake Louise. Je sais qu’il y aura une très grande foule, tandis qu’à Lake Louise, c’était toujours assez petit. Dans l’Est canadien, beaucoup de monde aime le ski de compétition. L’ambiance va être incroyable ! »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Valérie Grenier

Elle le sera d’autant plus si elle parvient à performer comme elle l’anticipe. Le 7 janvier, elle a décroché sa première victoire en Coupe du monde à Kranjska Gora, en Slovénie. Elle entreprenait alors une séquence faste, se classant six fois parmi les dix premières en sept slaloms géants sur le circuit. Après un deuxième podium aux finales présentées en Andorre, le 19 mars, elle a amorcé la nouvelle saison avec un aplomb renouvelé, finissant septième à Sölden, en octobre, et cinquième à Killington, au Vermont, samedi dernier.

« Après Sölden, j’étais un peu soulagée parce que je ne savais pas trop à quoi m’en tenir, a-t-elle analysé. Je n’avais jamais aussi bien terminé une saison et je commençais celle-ci avec beaucoup d’attentes. J’ai trouvé ça stressant. J’ai bien poursuivi ça avec une cinquième place à Killington, ce qui est vraiment bon. C’est sûr que j’en veux toujours plus ; il y a des choses dans mon ski dont je suis un peu déçue et il y a des erreurs que j’aurais aimé ne pas faire. »

On peut toujours faire mieux, mais je suis contente de mon début de saison.

Valérie Grenier

Septième au classement, Grenier aborde la Coupe du monde de Tremblant « avec beaucoup de confiance ». « Même si je ne skie pas nécessairement à mon meilleur ou que ce ne sont pas tous mes meilleurs virages, je peux quand même être vite et bien réussir. C’est très encourageant et je me sens bien par rapport aux courses à venir. »

Son principal défi cette semaine à Tremblant sera de gérer temps et énergie : « Je pense que ce sera assez occupé avec les médias, les fans, la famille, les amis. Je devrai faire attention. Je veux en donner à un peu tout le monde, mais je dois me respecter et rester consciente que j’ai des courses à faire. Je dois me garder du temps pour moi aussi. »

Six Canadiennes au départ

Privilège local, cinq coéquipières accompagneront Grenier pour cette première Coupe du monde féminine de ski alpin tenue au Québec depuis un slalom à Bromont en 1986.

Revenant d’une opération à une épaule qui a mis fin à sa dernière campagne, Sarah Bennett, de Stoneham, cherchera à se « réhabituer au rythme de course ». « J’ai progressé super rapidement à l’entraînement », a souligné la skieuse de 22 ans, qui amorce sa deuxième saison avec l’équipe canadienne. « Il me reste à trouver la bonne mentalité en course. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Sarah Bennett

Dixième de la première manche à Killington, la jeune Britt Richardson, 20 ans, de Canmore, a terminé parmi les 30 premières à ses deux départs jusqu’ici. Cassidy Gray, 22 ans, d’Invermere, est l’une des plus constantes à l’entraînement, mais n’a pas marqué de points depuis une 27e place en mars 2021.

Deux Québécoises évoluant sur le circuit de la NCAA ont reçu une invitation inattendue de l’équipe canadienne : Justine Clément, 24 ans, représente les Catamounts de l’Université du Vermont, tandis que Justine Lamontagne, 21 ans, porte les couleurs des Bobcats de l’Université d’État du Montana. Clément, de Bécancour, en sera à sa première présence en Coupe du monde en près de quatre ans, alors que Lamontagne, de Saint-Ferréol-les-Neiges, a effectué ses trois premiers départs en slalom à Levi (deux fois) et à Killington.