Laurence St-Germain était convaincue de ne pas pouvoir se qualifier pour la deuxième manche du slalom de Zagreb, mercredi. Elle avait même ramassé bottes et manteau en direction de son hôtel. L’un des techniciens de l’équipe lui a cependant suggéré de rester, au cas où. Qualifiée, c’est elle qui a finalement été la meilleure de la deuxième manche, terminant 14e.

Partie 19e, St-Germain a dû attendre longtemps en bas de la piste avant de savoir si une skieuse allait la déloger de la 30e et dernière place donnant accès à la deuxième manche. Elle avait peu d’espoir considérant sa première descente. « Je suis arrivée en bas extrêmement déçue », raconte-t-elle à peine de retour à sa chambre d’hôtel.

La piste était accidentée en Croatie. Les conditions étaient à la limite du praticable. « C’était de la soupe », lance la Québécoise. Selon elle, les organisateurs ont fait des miracles dans les circonstances. Depuis leur arrivée en Croatie, le mercure vacille entre 10 et 13 °C. Ramollie, la piste s’était affaissée à certains endroits du parcours, créant plusieurs trous. Ça a failli causer la perte de St-Germain.

L’athlète de 28 ans est sortie des blocs comme une fusée, mais l’un de ses skis est entré dans un trou à mi-parcours. Ses protections tibiales sont restées prises ensemble à cause de la perte d’équilibre, rendant le virage impossible. Elle s’est donné une poussée pour remonter et compléter le parcours, mais elle a traversé le fil avec plusieurs secondes de retard.

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En raison des températures élevées en Croatie depuis quelques jours, l’épreuve du slalom de Zagreb, mercredi, s’est déroulée dans des conditions à la limite du praticable.

Malgré le nombre de skieuses après elle, St-Germain est parvenue à se qualifier grâce aux conditions, croit-elle. Ses poursuivantes n’ont pas pu s’exprimer entièrement et suffisamment pour la devancer, car la piste devenait de plus en plus difficile à dompter.

Une fois qualifiée, elle avait au moins le privilège de skier sur une piste encore épargnée, puisqu’elle était la première à prendre le départ. « Je voulais en profiter au maximum. »

Elle a mordu entre chaque piquet et descendu la pente en 47,15 s, soit le temps le plus rapide de la deuxième manche.

C’était vraiment une journée étrange. […] Je ne m’attendais vraiment pas à gagner la deuxième manche. Je savais qu’elle allait être bonne, mais pas [à ce point].

Laurence St-Germain

N’eût été son accrochage en première manche, St-Germain avait ce qu’il fallait pour faire partie du top 10. « Je dois juste me souvenir que le ski alpin, c’est sur deux manches », dit-elle à la blague.

Le juste milieu

St-Germain ne connaît pas une saison à la hauteur de ses attentes. Elle a complété seulement trois de ses six courses. « Je vais prendre cette 14place. Ça fait du bien », lance-t-elle.

Néanmoins, elle reste optimiste, parce qu’elle sait que ses statistiques ne reflètent pas ses capacités. Elle sait aussi mettre le doigt sur ce qui cloche lorsqu’elle obtient de moins bons résultats.

« À Semmering, je suis partie comme une poule pas de tête et j’ai attaqué comme une folle », dit-elle, lucide, à propos de la Coupe du monde précédente.

Elle travaille justement à trouver l’équilibre. Elle doit attaquer, mais pas trop. Être détendue, mais juste assez.

Je pense que j’aurais pu attaquer un petit peu plus, mais dans les courses où j’ai attaqué trop intensément, j’ai fait des erreurs.

Laurence St-Germain

Elle avoue cependant être fière d’avoir « skié proprement » et d’avoir fait « peu d’erreurs flagrantes ». À Zagreb, son plan était de bien skier dans les premières portes pour se procurer du rythme jusqu’en bas. « J’ai bien exécuté mon plan », pense-t-elle.

Une marque personnelle pour Smart

Son amie et coéquipière Amelia Smart se rappellera longtemps de cette journée. L’athlète de la Colombie-Britannique s’est classée huitième grâce à deux excellentes descentes.

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Amelia Smart

Il s’agit de son meilleur résultat en carrière en Coupe du monde. « Elle a vraiment skié avec finesse, surtout la dernière section où il y avait de gros trous », explique St-Germain à propos de la skieuse de 24 ans.

L’autre Canadienne, Ali Nullmeyer, a skié sa première manche avec aplomb. Elle était provisoirement au cinquième rang. Cependant, elle a aussi été victime des conditions, s’enfourchant à mi-parcours.

Malgré tout, comme d’habitude, St-Germain reste optimiste : « On a vraiment une bonne équipe. Je pense qu’on peut être les trois dans le top 10. »