Mikaël Kingsbury n’a plus rien à prouver à personne. « Je pourrais prendre ma retraite demain et je serais satisfait de ma carrière », admet-il. Mais il y a un monde entre pouvoir et vouloir.

Kingsbury vient de sortir du gym lorsqu’il répond à l’appel de La Presse, vendredi en début d’après-midi. Voilà un bout de temps qu’on n’a pas pris de ses nouvelles. D’entrée de jeu, il nous explique de quoi ont été faits les derniers mois : une pause de ski, puis des entraînements à Whistler et à Québec, suivis d’un camp d’entraînement sur l’eau à Whistler et d’un autre sur neige au Chili.

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Ces camps lui ont permis de voir comment il se sent et de se situer par rapport à ses collègues canadiens. Verdict : il est « encore capable de gagner ».

Qui s’en étonne ?

Kingsbury a eu 30 ans l’été dernier. En langage de ski, il n’est « plus jeune », dixit le principal intéressé. « Mais moi, je me sens encore comme si j’avais 20 ans », précise-t-il.

La fierté de Deux-Montagnes est encore loin d’être prête à ranger ses skis dans le chalet, même après avoir tout gagné. « J’ai pas mal tous les records, mais j’aime encore ça », dit-il. Comme quoi le sport est avant tout une histoire de passion.

Je sais que je me lance peut-être dans mon dernier cycle olympique, donc j’essaie de profiter de chaque moment. En termes de pression, il y en a probablement beaucoup moins parce que tout ce que j’ai accompli, personne ne peut me l’enlever.

Mikaël Kingsbury

Ce serait néanmoins bien mal connaître le Québécois que de penser qu’il ne vise pas la plus haute marche du podium dans chacune des Coupes du monde auxquelles il prendra part dans les prochains mois.

« La journée où je vais me retirer, je veux le faire par la porte d’en avant. Donc je veux rester au top. Je sais que les gars derrière moi poussent vraiment fort, alors c’est excitant de commencer une saison et de savoir que ce ne sera pas nécessairement plus facile. Moi, je sens que je suis meilleur que l’année passée. »

Une bonne nouvelle

Mikaël Kingsbury entend commencer cette nouvelle saison comme il a terminé la dernière, c’est-à-dire avec des victoires – qui lui ont permis, accessoirement, d’ajouter trois nouveaux globes de cristal à sa collection.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Mikaël Kingsbury à la Coupe du monde de Mont-Tremblant, en janvier dernier

Comme chaque année, la première Coupe du monde aura lieu sur une de ses pistes préférées, celle de Ruka, en Finlande. Et Kingsbury compte bien en profiter pour lancer un message.

On part un nouveau cycle et je veux encore me prouver à moi et à tout le monde que je suis encore là. Sans dire que je vais jouer dans la tête des autres, parce que je n’ai aucun contrôle là-dessus, mais je veux démontrer que je suis encore le meilleur skieur dans mon sport.

Mikaël Kingsbury

Il est encore trop tôt pour commencer à parler des Jeux olympiques de 2026, qui auront lieu à Cortina et à Milan, en Italie. Si Kingsbury insiste sur son désir d’accueillir une année à la fois, une compétition à la fois, il ajoute que c’est sûr qu’il va être là dans quatre ans.

Il est d’ailleurs motivé par une nouvelle annoncée au courant de l’été : l’épreuve de bosses en parallèle a été ajoutée au programme olympique. Le ski de bosses étant crève-cœur à l’occasion – les skieurs n’ont pas droit à l’erreur –, l’ajout d’une épreuve offrira une chance de médaille de plus.

« C’est vraiment une belle nouvelle ! s’exclame-t-il à ce sujet. Si tu regardes mes résultats en duel, dans les quatre dernières années, je pense que j’ai perdu un ou deux duels. C’est comme devenu ma force. J’ai gagné tous mes duels de l’an passé. On dirait que je suis fait pour ça. L’adrénaline qui vient avec, on dirait que je deviens un autre humain. »

Sans complexe

Comme l’année dernière, le Japonais Ikuma Horishima et le Suédois Walter Wallberg seront les principaux adversaires de Kingsbury dans la course aux globes. Ils ont respectivement 24 et 22 ans. À 30 ans, Kingsbury n’est pas inquiet de leur faire face. Cette différence d’âge, il la perçoit positivement.

« Je sais que j’ai plus d’expérience qu’eux. Si eux ont été dans une situation 5 ou 10 fois, moi je l’ai peut-être été 50 fois. Le bagage que j’ai va beaucoup me servir. »

Oui, les gars sont plus jeunes et n’ont peut-être pas atteint leur plus haut potentiel, mais eux aussi doivent se tenir en santé et maintenir une super bonne cadence s’ils veulent me battre au classement général. Je sais que je les motive et eux aussi me motivent. Mais ça ne me fait pas peur. J’adore les défis.

Mikaël Kingsbury

Parlant de défis : le Québécois a battu, en mars dernier, le record pour le nombre de globes de cristal (20), détenu jusque-là par l’Américaine Lindsey Vonn. Pourra-t-il en ajouter un – voire plusieurs – cette année ?

« Ce ne sera pas facile avec les gars, mais j’aime mes chances. Si j’avais à miser, je miserais sur moi. »