Le CF Montréal a annoncé mercredi la création d’un volet féminin à son académie, une « étape importante » pour le club, selon son président Gabriel Gervais.

Après des mois de rumeurs, notamment alimentées par l’équipe elle-même, l’Impact a officialisé la création de son volet féminin. Il prend les rênes du Programme Excel féminin (PEF), un centre national de développement de Soccer Québec, qui regroupe les meilleures joueuses de la province de 15 à 18 ans.

C’est donc 12 ans après le lancement de l’Académie qu’un volet féminin y fait son entrée.

« Nous sommes à la fois extrêmement fiers et extrêmement excités par ce projet », a expliqué Gervais lors d’un entretien avec La Presse. Il en avait déjà fait l’une de ses priorités, dès son entrée en poste. Près de 14 mois plus tard, c’est chose faite.

« C’est un pas important vers l’équité et l’inclusion. Ce sont deux de nos valeurs primordiales au club », a-t-il ajouté. Gervais a aussi tenu à souligner l’apport du son principal commanditaire, BMO, sans qui une telle annonce n’aurait pas été possible.

Faire une douce transition

Certes, on a posé la première pierre, mais pour l’instant le président du club désire tempérer les attentes. Du côté féminin, il n’y aura pas de préacadémie, d’équipe de réserve ou d’équipe séniore à court terme. Les âges ciblés sont bel et bien de 15 à 18 ans. Or, « qui sait ce que le futur réserve ? », a lancé Gervais.

Si on le savait, on l’aurait déjà écrit.

Bref, la mention d’un club professionnel fait surface, car il y a un projet dans les cartons au Canada. Une ligue professionnelle féminine, menée par l’ancienne double médaillée olympique Diana Matheson, devrait s’activer en avril 2025. Elle avait aussi affirmé à La Presse qu’il y avait « 99 % de chances » qu’au moins une équipe soit établie au Québec.

PHOTO MIKE RIDEWOOD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’ancienne double médaillée olympique canadienne Diana Matheson

Les Whitecaps de Vancouver, aussi en MLS, lanceront un club dans cette ligue. Le Bleu-blanc-noir et le Toronto FC — les deux autres formations canadiennes dans le circuit Garber – passeront leur tour pour l’instant.

On se veut un incubateur pour cette ligue, mais pour l’instant on ne veut pas s’aventurer au niveau professionnel.

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

Selon Gervais, la priorité sera de bien faire les choses, et de s’assurer au départ de « ne pas trop chambarder le PEF qui réussit ». Les joueuses professionnelles Gabrielle Carle et Bianca St-Georges y sont d’ailleurs passées.

Jusqu’au 1er septembre, le PEF sera en période d’adaptation. Il demeurera chapeauté par Soccer Québec, mais les joueuses porteront les maillots du CF Montréal dès cette fin de semaine.

Après cette date, le programme conservera son camp de base à Laval, car le « Centre Nutrilait est limité en espace ». Gervais a précisé qu’il y aura des occasions pour les joueuses de profiter du complexe d’entraînement et qu’elles pourront parfois s’entraîner et jouer des rencontres à l’ancienne caserne Letourneux.

Les joueuses du programme ne seront pas bousculées, mais pourront désormais compter sur la structure du CFM.

« Nous, en ayant un environnement professionnel, beaucoup de visibilité, des contacts et le soutien de la famille Saputo et de nos commanditaires, on peut donner tous les outils nécessaires au développement. Que ce soit au niveau sportif ou au niveau académique, pour que les jeunes de l’Académie puissent devenir de bons citoyens », a affirmé Gervais.

« On prend ce bijou de programme et c’est notre responsabilité de l’amener à un autre niveau », a-t-il insisté.

Gervais conclut que cette décision s’inscrit parfaitement dans la vision du club en ce qui concerne le soccer féminin. « On va développer les talents de demain, mettre en lumière le soccer féminin et inspirer une nouvelle génération de femmes dirigeantes », dit-il.

Une suite logique

En avril, les joueuses du PEF ont porté le maillot du CF Montréal lors d’un voyage à Paris. Elles ont aussi été accompagnées par quelques représentants du Bleu-blanc-noir lors de ce séjour durant lequel elles ont pris la mesure de certains des clubs les plus prestigieux de la région, dont le Paris Saint-Germain.

Quelques jours plus tard, Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CFM, avait confirmé avoir rencontré les joueuses du PEF ainsi que leurs parents. Ce rendez-vous organisé avant le voyage à Paris avait pour but d’expliquer l’ébauche du projet.

« Je crois que c’est important, et ça fait partie de ce que la famille Saputo veut faire, que tout le monde soit sur un pied d’égalité, garçons ou filles », avait noté Renard la dernière fois qu’il a rencontré les médias montréalais, à la mi-avril.

Puis, début mai, Olivier Plante, directeur général de Soccer Québec, avait aussi parlé d’un possible transfert du PEF lors d’une entrevue avec La Presse.

« C’est sûr qu’un club professionnel avec toutes les infrastructures, tous les moyens financiers et toutes les ressources humaines qu’il a, on pense qu’il peut peut-être donner une meilleure chance aux filles de progresser pour atteindre un niveau d’élite », avait-il expliqué.

« Quand on regarde ce qui est proposé et qu’on voit les perspectives, on est assez convaincus que les occasions de s’améliorer peuvent grandement augmenter en rejoignant une organisation [comme] le CF Montréal. »

C’est un autre pas vers la création d’un pendant entièrement féminin au CF Montréal.