Gabriel Landeskog a fait rire les journalistes de Denver, jeudi, en affirmant qu’il avait bon espoir de revenir au jeu, la saison prochaine, « entre septembre et la mi-avril ».

Le capitaine de l’Avalanche du Colorado n’a disputé aucun match au cours des deux dernières campagnes. Des douleurs à un genou ainsi qu’une opération majeure l’ont gardé à l’écart du jeu depuis qu’il a soulevé la Coupe Stanley en juin 2022. Il a toutefois recommencé à s’entraîner sur la glace pendant les séries éliminatoires, sans qu’une date de retour au jeu ait encore été identifiée.

Assis à sa gauche, jeudi, son directeur général Chris MacFarland a été bon joueur en souriant poliment. Car l’incertitude liée au destin de deux joueurs majeurs de sa formation aura un impact direct sur son été qui s’amorce.

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Le directeur général de l’Avalanche du Colorado, Chris MacFarland, jeudi

L’une des équipes les plus actives de la ligue à la plus récente date limite des transactions, l’Avalanche a misé gros en acquérant plusieurs futurs joueurs autonomes, avec ou sans restriction. Autant de joueurs qui se retrouveront sans contrat le 1er juillet prochain.

On peut donc parier que MacFarland préférerait grandement avoir l’heure juste sur la présence ou non de Landeskog au camp d’entraînement, mais aussi sur le retour ou non de Valeri Nichushkin dans le courant de la prochaine saison.

Le 13 mai dernier, quelques heures avant le match numéro 4 entre l’Avalanche et les Stars de Dallas, au deuxième tour des séries, on a en effet appris que le gros attaquant avait rejoint le programme d’aide aux joueurs de la LNH. Selon certains médias, il aurait échoué à un test antidopage. Or, comme il s’agissait de sa deuxième récidive – le « stade 3 », selon les termes employés par la ligue et l’Association des joueurs –, il est suspendu sans salaire pour une période minimale de six mois, au terme de laquelle il pourra demander de réintégrer son équipe.

Dans les circonstances, son nom est rayé de la liste de paie de son club… mais ce ne sera plus le cas lorsqu’il enfilera l’uniforme grenat à nouveau. Le problème, pour son DG, est réel. Doit-il planifier en fonction d’un retour dès novembre ? Ou en janvier ? Ou en séries éliminatoires ? Ou pas du tout ?

En additionnant les salaires de Landeskog (7 millions) et de Nichushkin (6,125 millions), ce sont donc quelque 13 millions qui sont en suspens dans le budget de Chris MacFarland. Cela alors que l’équipe ne compte, pour l’heure, que sur six attaquants et quatre défenseurs de la LNH sous contrat.

Changement de ton

Le gestionnaire s’est montré indulgent envers ses deux vedettes, quoiqu’à des niveaux différents. Même si le dossier de Landeskog représente un « défi » par rapport au plafond salarial, « il mérite de prendre tout le temps nécessaire » pour retrouver la santé.

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Valeri Nichushkin

Le message était également bienveillant envers Nichushkin, « un être humain, un père, un mari », qui doit recevoir « toute l’aide dont il a besoin ». Le ton, toutefois, s’est durci.

Le Russe de 29 ans n’en est pas à ses premiers problèmes personnels ayant un impact sur son organisation.

Plus tôt cette saison, il a raté deux mois d’activités en joignant le programme d’aide aux joueurs. Et il y a un an, il s’est retrouvé au cœur d’une nébuleuse affaire policière et a, encore là, quitté l’entourage de l’équipe en pleines séries.

MacFarland a notamment parlé de la « déception » qu’a représentée la plus récente perte de Nichushkin. À l’évidence, il y a un lien de confiance à rebâtir.

« En assumant [qu’il revienne] dans six mois, on devra prendre acte de la situation et réagir, a renchéri le DG. Il est très plausible qu’il revienne avec l’Avalanche. »

« C’est tout un joueur, mais c’est un privilège de jouer dans cette ligue, a-t-il poursuivi. Quand tu acceptes ce contrat, il y a des choses que tu dois faire. Val va prendre les six prochains mois pour aller mieux. »

Pour la suite des choses, « on va communiquer avec la ligue ». On a déjà entendu des remarques plus chaleureuses, disons.

Dans tous les cas, racheter son contrat n’est pas perçu comme une option envisageable. Vu son âge et la structure de son contrat, les gains possibles, sur le plan financier, seraient marginaux.

« Défis »

Qu’à cela ne tienne, MacFarland jure ne pas être intimidé par les « défis » qui l’attendent. Il s’assoira la semaine prochaine avec ses recruteurs professionnels pour cibler les principaux besoins de l’organisation et analyser l’état du marché.

On voudra certainement garder certains joueurs autonomes acquis en mars dernier (Sean Walker, Brandon Duhaime, Yakov Trenin…), mais il n’y aura pas de l’argent pour tout le monde. On devra dénicher des joueurs de remplacement à bas salaire.

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Jonathan Drouin

Il y a aussi un intérêt évident à retenir les services de Jonathan Drouin, joueur autonome sans compensation, qui a relancé sa carrière à Denver en amassant 56 points, un sommet personnel. Cependant, même si le Québécois accepte un contrat relativement modeste, il gagnera à coup sûr bien davantage que les 825 000 $ de la dernière année.

Essais professionnels, ballottage, joueurs autonomes bon marché, joueurs recrues : on soulèvera toutes les pierres, a assuré Chris MacFarland. « Mais aucun poste ne sera donné », a-t-il nuancé.

« Il y a différentes façons de construire une équipe autour d’un groupe qui est encore très spécial », a-t-il ajouté, en référence aux MacKinnon, Rantanen, Makar et Toews, qui ont porté le club à bout de bras en 2023-2024.

En somme, a-t-il conclu, « la manière [de trouver des joueurs] importe peu : on a besoin de gars qui vont nous aider à gagner ».