Si les Rangers de New York étaient une voiture, on dirait probablement qu’en dépit d’une belle apparence et d’une performance appréciable sur la route, des inquiétudes apparaissent quand on regarde sous le capot.

Personne ne leur enlèvera leur trophée du Président. Mais il demeure que les 114 points qu’ils ont amassés au cours de la saison ont été essentiellement attribuables au brio de leurs unités spéciales et de leurs gardiens. À cinq contre cinq, le pain et le beurre des clubs champions en séries éliminatoires, les Rangers ont été, en 2023-2024, une équipe de milieu de peloton. Leurs défauts leur ont fait mal mercredi soir en lever de rideau de la finale de l’Association de l’Est.

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Cette défaite de 3-0 contre les Panthers de la Floride n’a rien eu d’historique. Mais pour les New-Yorkais, qui tirent de l’arrière pour la première fois des séries 2024, elle doit faire clignoter plusieurs voyants rouges sur le tableau de bord.

La recette de la saison a fonctionné à merveille au premier tour contre les tristes Capitals de Washington. Elle a encore fonctionné, quoique dans une moindre mesure, contre les Hurricanes de la Caroline et leur généreux gardien Frederik Andersen.

Elle n’a pas fonctionné du tout dans ce premier duel contre les Panthers. Le désavantage numérique a certes été excellent, mais l’avantage numérique s’est buté à un Sergei Bobrovsky en grande forme.

Igor Shesterkin, quant à lui, n’a pas été mauvais si l’on regarde sa performance globale, mais les deux buts inscrits par les félins lui sont en grande partie attribuables. Sur le premier, celui de Matthew Tkachuk, il a échoué à suivre la rondelle efficacement, et le tir, pourtant pas dévastateur, lui a échappé. Sur le deuxième, son enfilade d’erreurs était épique :

  1. Sortir de son filet pour aller dégager le disque, alors que son défenseur allait vraisemblablement gagner la course en repli.
  2. Rater son dégagement, devenu un revirement au profit de Carter Verhaeghe.
  3. Perdre ses repères en reculant vers son filet.

La cerise sur le gâteau a évidemment été le but contre son camp d’Alexis Lafrenière, mais comme ce jeu n’aurait jamais dû se rendre jusque-là, il est difficile de blâmer le Québécois, malgré son exécution bancale sur la séquence.

Pendant ce temps, Bobrovsky brillait, ne semblant jamais ébranlé par les bons coups des Rangers. Alex Wennberg, notamment, n’a toujours pas compris comment ni pourquoi il n’a pas créé l’égalité en troisième période.

Questions

PHOTO JULIA NIKHINSON, ASSOCIATED PRESS

Igor Shesterkin (31)

Il serait toutefois court de résumer les malheurs des Rangers, et conséquemment les succès des Panthers, à un duel de gardiens. Surtout quand le sommaire des tirs au but est de 27 à 23. Les occasions de marquer, en définitive, ont été relativement rares.

Or, les Panthers ont rapidement démontré une hargne et imposé un rythme qui trahissaient leur expérience en la matière. Organisés en défense, agressifs en échec avant et coriaces en zone neutre, ils ont longuement muselé l’attaque des Rangers, qui n’avaient cadré que 12 tirs après deux périodes. Selon la feuille de match, les locaux ont aussi commis 12 revirements, contre deux pour les visiteurs. Quoi qu’on dise de cette statistique, c’est assez représentatif du match.

Les Panthers ont en outre gagné la bonne vieille guerre de la « profondeur », avec notamment un quatrième trio qui, à défaut de s’inscrire au pointage, a éclipsé la quatrième unité adverse. L’unité d’Aleksander Barkov a étouffé tous les canons des Rangers lorsqu’ils se retrouvaient ensemble sur la glace. Et Matthew Tkachuk a, en toute simplicité, marqué son quatrième but gagnant en cinq matchs de finale d’association en carrière. Qui sera son équivalent new-yorkais ? Chris Kreider ? Peut-être. Sinon, on ne voit pas.

PHOTO BRAD PENNER, USA TODAY SPORTS

Mika Zibanejad (93) et Aleksander Barkov (16)

Dans le camp des Blue Shirts, on pourrait énumérer tous les clichés connus sur la série qui est encore jeune. Mais il y a lieu de s’interroger sur l’identité même de cette équipe, qui ne dispose plus que de six matchs pour battre quatre fois la formation qui a accordé le deuxième plus bas total de buts dans la LNH cette saison.

Les questions seront aussi nombreuses sur la capacité des Rangers à répondre coup pour coup aux Panthers. Malgré un nombre de mises en échec semblable (29-28 pour les Floridiens), les New-Yorkais ont parfois semblé dépassés par l’intensité de leurs opposants. Ç’a été particulièrement flagrant en toute fin de rencontre, pendant que les Rangers évoluaient à six contre cinq et encore dans les toutes dernières secondes, lorsque le défenseur Niko Mikkola a anéanti Filip Chytil sans que personne ne semble s’en formaliser.

À la télévision et sur les réseaux sociaux, en fin de soirée, on suggérait déjà avec enthousiasme de lancer Matt Rempe dans la mêlée pour le deuxième match. Si le but est d’intimider les Panthers, force est de croire que ça prendra davantage qu’un attaquant qui ne joue généralement qu’en première période ou presque.

Surtout, s’il apparaît comme la meilleure solution disponible chez les Rangers, cela confirmera que sous un capot rutilant, toussote un moteur qui n’aura pas la puissance pour gagner la course.