(Laval) Le Rocket de Laval a perdu son dernier match de la saison, samedi. Même si les joueurs paraissaient toujours émotifs à l’idée de rater les séries à cause de leur échec de la veille à Belleville, ce n’est pas ce week-end peu fructueux qui aura été fatal. C’est plutôt leur début de saison.

La troupe de Jean-François Houle n’avait pas le droit à l’erreur : pour participer au bal printanier, elle devait obligatoirement gagner ses deux derniers matchs en temps réglementaire. Or, le Rocket a échappé celui de vendredi contre les Senators par la marque de 3 à 2. Et pire encore, les Sens sont venus battre pour une dernière fois, samedi, les Lavallois 2 à 1 dans leur propre domicile.

Il serait trop facile de cibler ces deux contre-performances du Rocket pour expliquer son non-accès aux séries de la Ligue américaine malgré une fiche de 33-31-8. Il faut plutôt s’attarder au rendement de l’équipe en tout début de saison. Même si les hommes en rouge se sont battus dignement jusqu’à la toute fin, quitte à rater le détail par deux matchs, le mal était déjà fait.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jean-François Houle

On s’est creusé un petit trou en début d’année. Ça n’a pas été facile pour nous.

Jean-François Houle

À Noël, le Rocket avait perdu 18 de ses 27 matchs, avec notamment une séquence de neuf défaites consécutives. Ce qui est loin de correspondre aux exigences d’une formation voulant se frayer une place parmi le groupe de tête de sa division. « C’était dur à rattraper. On devait être 30 points derrière Cleveland. Après les Fêtes, on a commencé à jouer du bon hockey et on s’est tenus en équipe », a expliqué avec sagesse le capitaine Gabriel Bourque.

Finalement, l’équipe a terminé au septième et dernier rang de sa division, comme sa trajectoire de début de campagne semblait le prédire.

Un match sans artifice

La rencontre de samedi, disputée devant une 17salle comble cette saison, s’est soldée par une différence d’un but, certes.

Mais ce match sans signification ressemblait à tout ce à quoi on pouvait s’attendre d’un match sans signification.

Il n’y a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, mis à part le jeu du premier entracte ayant permis à un partisan de gagner un spa, la tentative de « Michigan » d’Arnaud Durandeau en deuxième période et une performance du groupe Galaxie au second entracte.

Comme Richard Desjardins au gala de l’ADISQ de 2004, les joueurs des Senators ne se sont pas présentés. Ils ont décoché seulement trois tirs en direction de Kasimir Kaskisuo au premier tiers, puis huit au second vingt. Néanmoins, même si les visiteurs avaient décidé de reposer et d’économiser leurs meilleurs joueurs, ils ont quand même gagné la partie.

Belleville s’est réveillé en troisième période, avec deux buts sans riposte. D’abord, Tarun Fizer, laissé seul dans l’enclave. Ensuite, Wyatt Bongiovanni a enfilé l’aiguille en avantage numérique. L’attaquant célébrait comme s’il savait que cette réalisation allait anéantir tous les espoirs de ses rivaux.

En deux minutes à peine, l’avantage du Rocket offert par William Trudeau en toute fin de première période ne tenait plus. Et la saison de l’équipe était sur respirateur artificiel. Comme si les « olé olé » des partisans n’avaient pas été des électrochocs suffisamment puissants pour refaire battre le cœur déjà abîmé d’une équipe en train de faire son deuil des séries.

Le message de Durandeau

Le seul joueur s’étant véritablement battu jusqu’au bout portait le numéro 16 et une visière teintée. Arnaud Durandeau était de tous les combats. Le nouveau venu en était à son dixième match avec le Rocket depuis son arrivée en provenance des Comets d’Utica.

Il a été créatif, il a fait la démonstration de sa vitesse et de sa fougue, en plus de s’appliquer jusque dans les dernières minutes de jeu. Durandeau a obtenu les meilleures chances de marquer de son équipe au cours de la rencontre.

Le Québécois de 25 ans a cependant été bousculé cette saison. Il a disputé 12 matchs avec les Islanders de Bridgeport, avant d’effectuer un séjour de 26 matchs avec Utica, pour finir la saison à Laval.

Même s’il a obtenu six points en 10 matchs avec le Rocket et qu’il a été une véritable bougie d’allumage, son entraîneur-chef l’a laissé de côté pour le match le plus important de la saison, vendredi. Son utilisation a été plutôt approximative malgré son bon rendement.

« Contre certaines équipes, un gars comme Durandeau, que je vois sur les deux premières lignes, ce n’est pas toujours évident pour un joueur comme ça sur une quatrième ligne. Tu veux des joueurs plus costauds, a justifié Houle. Il est dans le même moule que [Riley] Kidney, [Sean] Farrell. Parfois, il faut que tu t’ajustes. »

Une situation qui a évidemment déplu au principal intéressé. Surtout qu’il est en quête d’un tout nouveau contrat pour la prochaine saison. « C’est frustrant. J’[avais] envie d’aider l’équipe à faire les séries, mais c’est la Ligue américaine. Je pensais que je jouais bien avant. C’est difficile », a soufflé Durandeau, les yeux dans l’eau et la gorge nouée.

C’est sans doute pourquoi il voulait réussir sa dernière audition de la saison dans le but de demeurer dans l’organisation. « Chaque match que tu joues dans l’AHL, surtout vu que je n’ai pas de contrat pour l’an prochain, c’est une chance de montrer ce que j’ai à Laval et toutes les équipes. Il ne faut pas prendre de match de congé même si ça ne compte pas. »

L’équipe tiendra son bilan de fin de saison ce dimanche matin.