Juraj Slafkovsky et ses coéquipiers semblaient particulièrement joviaux quand le grand Slovaque a fait dévier un tir de Lane Hutson en troisième période pour donner l’avance au Canadien 4-3.

Un jour, une telle réaction s’expliquera par l’enjeu du match, parce que le Tricolore tentera de se qualifier pour les séries éliminatoires, ou de carrément gagner une série. Mais en attendant, dans un 82e match qui ne voulait rien dire pour le CH, c’est une bête question d’argent. En marquant son 20but de la saison, Slafkovsky s’assurait un boni de 250 000 $ prévu à son contrat. « Un but payant ! », a raconté le jeune premier, après la défaite de 5-4 face aux Red Wings de Detroit.

Hutson venait de faire ses habituels mouvements vifs avec la rondelle, avant de prendre le tir des poignets que Slafkovsky a converti en but. On devine que le petit nouveau du Canadien aura droit à un généreux pourboire, n’est-ce pas ? Peut-être pas, finalement.

« Il va probablement aller chercher tous ses bonis l’an prochain, donc il sera correct », a lancé le toujours espiègle Slafkovsky.

Réponse de Hutson : « Je lui ai dit que j’allais lui donner mes coordonnées sur Venmo ! », a blagué le petit défenseur, en référence à un service de transfert d’argent.

Pour son premier match au Centre Bell, Hutson a volé la vedette à Logan Mailloux, qui disputait un premier match dans la LNH tout court. Les joueurs qui génèrent une réaction instantanée des spectateurs lorsqu’ils ont la rondelle sont rares, mais c’est ce que Hutson a provoqué mardi, avec ses mouvements d’épaule qui déroutent l’adversaire.

« Il est le fun à voir jouer, a reconnu Martin St-Louis. Ses touches offensives sont excellentes, il prend la rondelle en zone offensive et on dirait que le building se lève. Pour un petit défenseur, il ne joue pas petit. Il couvre beaucoup de glace, il est très intelligent des deux bords de la glace. Les deux matchs nous donnent un échantillon de comment il peut se comporter contre la rapidité de la grosseur de la LNH. J’ai été impressionné. »

Employé près de 22 minutes lundi, il a passé 23 minutes sur la patinoire mardi. Il conclut son très court stage avec deux mentions d’aide en deux matchs et un différentiel de -2 (le pauvre était sur la patinoire pour le but marqué depuis l’arrière du filet par Daniel Sprong). Il a été victime de quatre mises en échec lundi, aucune mardi. Et St-Louis l’a dépêché en tirs de barrage. « Je pense que la foule voulait ça », a-t-il jugé.

Les débuts de Mailloux

Mailloux, lui, a fait ses débuts plus discrètement, même si ça a commencé en force. D’abord, une forte réaction de la foule quand il a été présenté au sein de la formation partante. Une belle façon de confirmer que le public a passé l’éponge sur son passé, comme l’a d’ailleurs fait la LNH mardi matin en annonçant lui donner le feu vert pour jouer dans le circuit.

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Logan Mailloux

«  J’ai eu quelques applaudissements à Laval cette saison, donc je sens que les fans ne me détestent pas trop. J’adore nos fans, on a les meilleurs, dans la Ligue américaine aussi », a observé le grand Ontarien.

Mailloux a brisé la glace dès la première période en obtenant son premier point, sur le but d’Alex Newhook. « C’est un petit poids de moins sur les épaules, convient-il. C’était un beau jeu d’Armia sur le bord de la bande, puis j’ai vu Gallagher partir, je lui ai fait la passe et il a fait une belle passe soulevée à Newhook. »

Ces deux-là – Hutson et Mailloux – seront à surveiller au prochain camp. S’ils ont eu droit à une audition en fin de saison, ce n’est pas un hasard. Jordan Harris a d’ailleurs été laissé de côté pour faire une place à Mailloux mardi.

En additionnant les six défenseurs en uniforme, les retranchés Harris et Johnathan Kovacevic, et les blessés Kaiden Guhle et Arber Xhekaj, le Tricolore a conclu la saison avec 10 défenseurs. Et on ne compte pas David Reinbacher à Laval. Kent Hughes aura des choix à faire cet été, car il serait étonnant que quatre des défenseurs susmentionnés amorcent la prochaine saison à Laval.

Championnat du monde : Guhle espère être remis à temps de sa commotion, Slafkovsky y sera

C’est une commotion cérébrale qui a forcé Kaiden Guhle à faire l’impasse sur les sept derniers matchs de la campagne. Le défenseur l’a confirmé, mardi, avant la rencontre contre les Red Wings. Il s’agit de sa deuxième commotion cette saison. « Je dois prendre soin de mon cerveau », a-t-il admis.

Le jeune homme souhaite être de retour en forme rapidement, puisqu’il a reçu une invitation à participer au Championnat du monde, qui s’amorcera le 10 mai en Tchéquie. Hockey Canada est consciente que sa participation est tributaire de sa santé, a-t-il nuancé.

« C’est toujours un honneur de porter la feuille d’érable », a dit celui qui a porté l’uniforme unifolié à quatre reprises, dont deux au Championnat mondial junior.

« J’ai toujours trouvé que [le Mondial] était cool, parce qu’il donne la chance aux gars de disputer des matchs significatifs, a-t-il poursuivi. J’espère y arriver, si je suis en santé. »

Par ailleurs, Juraj Slafkovsky a quant à lui affirmé qu’il y sera, et ce, même s’il vient de disputer une saison complète de 82 matchs.

Joie et tristesse pour les Wings

En quelques minutes, les Red Wings sont passés d’un extrême à l’autre dans leurs émotions.

Avec cinq secondes à jouer en troisième période, ce fut l’explosion de joie quand David Perron a créé l’égalité pour forcer la tenue de la prolongation, permettant aux Red Wings d’aller chercher un précieux point. Le problème, c’est que dans les instants qui ont suivi, les Capitals de Washington ont brisé une égalité de 1-1 face aux Flyers de Philadelphie pour l’emporter et s’assurer de la dernière place disponible pour les séries.

Le mot s’est visiblement passé au banc des Wings, si on se fie à la réaction de Patrick Kane – ou au manque de réaction, en fait – après qu’il eut marqué le but gagnant en tirs de barrage. Les Red Wings ratent donc les séries pour une huitième année de suite, leur plus longue séquence en plus de 90 ans d’histoire.