La Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) est passée de 106 bagarres lors de la saison 2022-2023 à 31 en 2023-2024. « Surtout, on a 5 % plus de spectateurs », lâche Mario Cecchini. Pour le commissaire, il ne fait pas de doute : le bilan de l’an 1 de l’interdiction des bagarres est positif « à 100 % ».

Le dossier des bagarres a été un des premiers, sinon le premier, de Mario Cecchini à son arrivée dans son poste de commissaire, en mai 2023. C’est aussi la première chose qu’il nous nomme quand on lui demande, lors de notre rencontre dans son bureau de Boucherville, de revenir sur sa première année en poste.

« Il fallait commencer par ça, c’était incontournable », dit-il d’entrée de jeu.

À son arrivée, le dossier était déjà bien avancé. Il ne restait qu’à le « finir politiquement, convaincre tout le monde et écrire le règlement comme il faut ». En juin, le circuit officialisait les nouvelles sanctions, dont la principale était l’expulsion automatique des joueurs qui jettent les gants.

Une saison et 612 matchs plus tard, la LHJMQ se félicite de sa décision.

« Un total de 31 [bagarres] sur 612 matchs, où on est en train de changer un peu la culture, où on sait qu’il y a des émotions à fleur de peau, où il y a des contacts physiques… Je ne sais pas si aujourd’hui on prend le mot acceptable – quelqu’un pourrait dire avec raison qu’il y a 31 matchs de basket-ball et de football où il n’y a pas 31 batailles –, mais c’est sur la maudite bonne voie, comme on dit. »

L’année passée, c’était une bataille tous les sept matchs. Là, c’est une bataille tous les vingt matchs.

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

S’il est difficile de faire un lien entre l’augmentation des assistances de 5 % par rapport à l’année dernière et l’interdiction des bagarres, Cecchini indique que « ce qu’on peut conclure, c’est que ça ne fait fuir personne ».

Cecchini rappelle d’ailleurs que d’autres règlements permettent aux joueurs d’être robustes et d’« intimider l’adversaire au sens purement sportif ». « Si je vais devant le but, ou dans le coin, il faut que je sois prêt à un bon coup d’épaule. Il y en a qui vont réfléchir une seconde de plus. Tout ça, c’est parfait. On ne veut pas enlever ce côté robustesse là du jeu. Pas du tout. Il y a plein d’éléments à l’intérieur du jeu qui te permettent d’avoir un jeu physique. »

« Toutes les batailles planifiées, ça fait longtemps que c’est puni ici, mais ça n’a plus lieu d’être, insiste le commissaire. Il n’y a plus de joueurs qui sont là pour ça. Ils sont là pour les habiletés, pour leur vitesse et tout ce qu’ils font de bien sur la glace en termes de hockey. »

Et le recrutement ?

Les Ligues de hockey junior de l’Ouest et de l’Ontario (WHL et OHL), qui font aussi partie de la Ligue canadienne de hockey (LCH), n’ont pas suivi le pas de la LHJMQ en matière de sanctions contre les bagarres.

Quand on présente à Cecchini l’hypothèse selon laquelle le circuit du Québec et des Maritimes pourrait être pénalisé sur le plan du recrutement, le commissaire n’hésite pas : « J’ai de la misère à accepter cet argument-là », laisse-t-il tomber.

J’ai parlé à pas mal de dépisteurs. Moi, je n’en ai pas rencontré beaucoup qui m’ont dit qu’on avait pris une mauvaise décision.

Mario Cecchini

Certains recruteurs, relate-t-il, se sont prononcés contre le règlement de manière anonyme dans différents médias. « J’ai un peu moins de respect pour l’anonymat. Si tu as une opinion, dis-la. Si tu te caches, c’est bizarre. »

« En même temps, dans ces articles-là, il y avait André Savard, qui a une tonne d’expérience, qui a été DG, qui a joué au hockey, et qui dit : “Ben non, ce n’est pas vrai pantoute, on va continuer à recruter selon le mental, la force de caractère et, évidemment, toutes les habiletés hockey.” »

Cecchini rappelle que les joueurs d’autres ligues, comme la NCAA, et de l’Europe ne jettent pas les gants.

« [David] Reinbacher, qui est arrivé à son invitation en juin et qui a vu sa première bataille de hockey à vie… Il n’avait jamais vu ça. Le Canadien l’a sélectionné au cinquième rang. Pourquoi ce serait une préoccupation pour Kent Hughes [le fait] que nous, on ne se batte pas ? »

Moi, le son de cloche que j’ai eu des directeurs généraux et des gens impliqués de la Ligue nationale à qui j’ai parlé, grosso modo, c’est qu’on est à la bonne place.

Mario Cecchini

En 2023, aucun espoir du circuit québécois n’a été sélectionné lors de la première ronde de l’encan de la LNH ; une première depuis 2008. « Si on n’est pas repêché, c’est parce qu’on a du travail à faire sur notre développement de hockey, lance Cecchini. On travaillait avec Jocelyn Thibault [ex-DG de Hockey Québec] sur ça et on continue de travailler avec Hockey Québec pour que les joueurs arrivent encore meilleurs à 16 ans quand on les prend et qu’on les amène à 20 ans. »

« On reconnaît tous qu’il y a du travail à faire là, dans notre territoire – j’inclus le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard là-dedans. On a du travail à faire et on va le faire, notre travail. »

Diminution de matchs

Parlant de travail, Mario Cecchini souligne un autre changement qui a été apporté au cours des derniers mois : le nombre de matchs passera de 68 à 64 à partir de la saison 2024-2025.

Ce dossier est devenu une priorité pour le commissaire au mois de septembre dernier, lors d’une présentation offerte aux parents de joueurs évoluant dans la Ligue de hockey M18 AAA du Québec. Une diapositive présentait la semaine typique d’un joueur.

« C’est hyper intense, lâche-t-il. Ce fardeau-là, ça m’a frappé. »

Cecchini sort un cartable afin de nous en montrer le titre : volet scolaire. « On est très sérieux sur ça, on veut que ça continue. Il fallait commencer à alléger le fardeau un peu. »

Il y aura 64 matchs. […] Il y aurait probablement la possibilité d’aller à 60 matchs en dedans de deux ans. On serait probablement stables à 60 matchs.

Mario Cecchini

Concernant le volet scolaire, justement, la Ligue souhaite entre autres « continuer à augmenter et standardiser » l’encadrement par club. « On a tous appris à travailler dans le virtuel durant la COVID-19. Y a-t-il des solutions qui permettraient aux jeunes de ne pas nécessairement commencer le 12 août ? »

« Toute l’expérience doit être sharp et, le plus possible, identique », ajoute-t-il.

Cecchini insiste d’ailleurs sur une chose : la LHJMQ et ses artisans sont déjà « fiers » de leur produit.

« C’est de l’amélioration en continu tout le temps. Ça n’arrêtera jamais. »

Lisez notre entrevue avec Mario Cecchini
En savoir plus
  • 31
    Nombre de bagarres survenues, cette saison, lors des 612 matchs disputés dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ). En 2022-2023, pas moins de 106 bagarres s’étaient produites.
    Source : données de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec
    64
    À compter de l’an prochain, les calendriers des équipes de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) passeront de 68 à 64 matchs chacun.
    Source : Ligue de hockey junior Maritimes Québec