Pendant une heure, Mario Cecchini a pris le temps de répondre à toutes les questions de La Presse, mardi, dans son bureau de Boucherville. Expansion, déménagement, changement de nom, comité innovation… Voici un résumé de quelques points abordés avec le commissaire de la LHJMQ.

Une nouvelle équipe de hockey professionnelle est arrivée à Montréal au cours des derniers mois, celle de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), qui attire les foules à Verdun et à la Place Bell. Elle jouera d’ailleurs au Centre Bell le 20 avril prochain.

La LHJMQ n’a qu’une équipe dans le secteur du Grand Montréal, l’Armada de Blainville-Boisbriand. Quel impact a l’arrivée de l’équipe féminine sur la LHJMQ ?

« L’Armada est arrivée avant que le Rocket de Laval s’installe. Et il s’installe très bien. Ça, c’est un défi. La Ligue féminine, il faut se rendre compte qu’elle attire beaucoup aussi, mais j’aime penser que ce sont toutes des ligues accessibles en termes de billets et de dollars. C’est très familial », note Mario Cecchini.

« Quelqu’un qui aime le hockey peut certainement se payer deux matchs, deux matchs et trois matchs dans chaque ligue. Est-ce que la personne serait allée à 12 places s’il y avait juste une ligue ? Peut-être, mais ce n’est pas le cas, donc on ne pleurera pas sur ça. Il faut continuer à se démarquer et à dire : voici la meilleure expérience. »

En 2019, l’ancien commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau avait affirmé à notre chroniqueur Alexandre Pratt avoir un « intérêt » pour une équipe sur la Rive-Sud de Montréal. Interrogé sur la possibilité d’une expansion prochaine, Mario Cecchini répond : « On va le regarder pendant deux ans. Si ça arrive, ce serait installé dans le deuxième cinq ans sur le prochain dix ans. »

Il y a le bassin qu’il faut regarder, il faut s’assurer qu’on ne dilue pas trop le produit. On a le temps de réfléchir.

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

Déménager un des 18 clubs n’est pas non plus dans les plans. « J’ai été clair sur ça : la stabilité, c’est payant », dit-il.

« S’il y avait une expansion un jour, est-ce qu’on veut grandir notre empreinte dans le Grand Montréal ? C’est sûr qu’on ne dirait jamais non à la place où il y a beaucoup de monde. [Mais] il n’est pas question de déménagement à court terme, ça, c’est clair. »

Comité innovation et autres projets

Mario Cecchini a toutes sortes de projets sur sa table de travail. Un d’entre eux est de mettre en place un « comité innovation ». Il cherche à voir de quelle façon le jeu peut « évoluer ». Le commissaire se dit d’ailleurs intéressé et inspiré par ce qui se passe du côté de la LPHF, qui a mis en place des règlements novateurs.

« J’aime le règlement du but en désavantage numérique qui fait que tu es libéré de ton cachot, évoque-t-il. J’aimerais voir comment on peut améliorer la game, la rapidité de la game. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

Parmi ses autres projets, Mario Cecchini parle de travaux sur la science : « Je veux voir ce que toute la science peut amener sur le plan du comportement, de l’entraînement », explique-t-il. Il aimerait également que le hockey universitaire au Québec et dans les Maritimes soit « développé ».

« C’est un long processus avec le gouvernement, pour avoir une ligue ici où tu peux jouer, dans une espèce de miroir de la Ligue nationale et de la LHJMQ. »

Finalement, le commissaire souligne l’état des infrastructures des clubs, dont certaines « ont besoin d’amour un peu ». « Il y a beaucoup de secteurs et il faut tous les prendre un par un. On mange notre éléphant une tranche à la fois. »

Changement de nom

La LHJMQ a procédé, en décembre 2023, à un changement de nom. Si le sigle demeure le même, le circuit s’appelle désormais la Ligue de hockey Maritimes Québec. Une modification à laquelle tenait le nouveau commissaire.

« Toute ma carrière, je me suis battu pour l’inverse : pour que LCF existe, pour qu’il sorte bien, on l’avait mis sur le gilet. […] Là, je me retrouvais dans la position inverse. C’était de respecter les partisans. Dans le fond, ce ne sont pas les 6 équipes, c’est les 25 % de partisans dans les Maritimes qui devaient être reconnus, je pense, après toutes ces années et avec tout ce qu’ils apportent à la ligue. »

Le commissaire a également fait en sorte que le logo de la LCH, qui apparaît en anglais (CHL) derrière les chandails de la LHJMQ, soit traduit. « L’année prochaine, ça va être LCH. […] C’est une reconnaissance des deux langues fondatrices qui existent dans ce pays-là. C’est la base. »

La couverture médiatique, encore un défi

En septembre, Mario Cecchini indiquait à notre chroniqueur Alexandre Pratt que la crise des médias représentait « un enjeu majeur » pour la LHJMQ. Six mois plus tard, c’est évidemment toujours le cas. L’embauche de l’ex-journaliste Raphaël Doucet à titre de directeur des communications et créateur de contenu « s’inscrit là-dedans ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

« C’est une inquiétude, d’abord parce que je viens de ce milieu-là, donc c’est très haut dans ma tête. […] On souffre de notre couverture. [Raphaël] est quelqu’un qui avait le talent pour écrire, produire du contenu et le rendre disponible à vous. Ce qu’on veut faire, c’est un partage de cette information-là. »

L’idée d’avoir un journaliste dans chaque club, comme le fait LNH.com, fait l’objet de discussions « dans chaque équipe ». « Ça entre dans le budget de chaque club. Ça dépend des priorités de chacun. Mais éventuellement, il va falloir réfléchir à ça et regarder ça de très près parce qu’il va falloir produire notre contenu de plus en plus, c’est clair. »

« Superbement bien coaché »

Plusieurs entraîneurs de la LHJMQ ont rejoint les rangs professionnels au cours de la dernière année : Patrick Roy, Benoît Desrosiers, Stéphane Julien…

Quand on demande à Mario Cecchini ce que ces promotions disent sur la LHJMQ, il nous parle des quatre dernières Coupes Memorial, toutes remportées par des équipes de son circuit. Il revient notamment sur le match de finale des Remparts de Québec, qui ont blanchi les Thunderbirds de Seattle par la marque de 5-0 pour remporter la Coupe Memorial en 2023.

« Les Remparts les ont dominés totalement. C’est indéniable qu’il y a de bons joueurs, mais il y a tout un plan de match. […] Pour nous, c’est tellement fort. Plus il y a d’ambassadeurs de notre ligue dans la Ligue nationale, plus ça aide au recrutement. Ça aide à démystifier des choses, à dire : faites attention, il y a du maudit bon hockey qui se joue là, mais c’est surtout parce qu’il est superbement bien coaché. »

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