(Denver) Le Canadien n’ayant pas gagné beaucoup de matchs cette saison, passer en revue ses victoires n’est pas compliqué.

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Des gains serrés, parfois chanceux. De rares triomphes francs. Des points arrachés, souvent en prolongation. Un peu de tout, finalement. Mais on ne trouvera nulle part, depuis le début du mois d’octobre, une victoire aussi importante que celle de mardi au Colorado, acquise par la marque de 2-1.

Quelques notes, dans l’ordre ou dans le désordre :

– C’était le premier match que dirigeait Martin St-Louis après avoir passé 10 jours au chevet de son fils ;

– L’Avalanche du Colorado venait de signer neuf gains de suite en marquant en moyenne plus de quatre buts par match ;

– Pendant 59 minutes, le Tricolore a tenu au silence le trio de Nathan MacKinnon ;

– C’était, au 71e match de la saison, la première victoire de 2-1 du CH, qui a pourtant disputé sa juste part de duels serrés ;

– Le Canadien rentre à Montréal avec une fiche de 2-2-1 au terme d’un voyage qui aurait pu tourner au cauchemar.

On pourrait arguer que l’Avalanche ne ressemblait pas à la foudroyante machine offensive qu’elle était au cours des dernières semaines. Ou que le jeune gardien Justus Annunen n’a pas eu l’air d’un enfant prodige sur les deux buts qu’il a accordés en première période. Gardons toutefois les tempérances pour une autre fois.

En matinée, Martin St-Louis avait plusieurs fois affirmé à quel point il était « fier » de son équipe, qui a tenu le fort pendant son absence. En fin de soirée, il en a rajouté.

Ce soir, sur le banc, j’étais encore plus fier. Les gars sont tellement engagés, ils restent à la tâche… On continue à avancer comme équipe.

Martin St-Louis

Il a adoré voir ses hommes répliquer immédiatement au but accordé au cours des premières secondes du match. Cette réponse « incroyable » a aidé son club « à diriger le match un petit peu ». Après un premier vingt complètement ouvert, le CH a réussi à fermer le jeu et à protéger sa mince avance pendant 40 minutes.

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ASSOCIATED PRESS

Martin St-Louis était de retour derrière le banc du Canadien, mardi soir à Denver.

« J’ai aimé notre maturité et notre attitude », a encore dit St-Louis.

S’agissait-il, selon lui, de la plus grosse victoire de ses hommes cette saison ? « Je pense que oui. Avec les circonstances aussi, et tout… Je suis vraiment fier », a-t-il répété.

On n’a d’autre choix que de le croire.

« Pour lui »

Dans le vestiaire, la frénésie était palpable. Cette victoire, les joueurs l’ont unanimement dédiée à leur entraîneur.

« Il nous a manqués, a admis Nick Suzuki. On a joué pour lui. »

« Tout le monde l’adore », a renchéri Samuel Montembeault, visiblement heureux d’avoir mis fin à une séquence qui l’a vu subir six défaites consécutives.

« On voulait gagner pour lui, travailler pour lui », a ajouté le gardien.

C’est un leader pour nous, la victoire est pour lui.

Rafaël Harvey-Pinard

Au-delà de l’évidente charge émotive de cette victoire, on a souligné à gros traits le fait qu’elle avait été acquise contre l’une des meilleures équipes de la LNH. Montembeault a d’ailleurs fait remarquer que le CH avait balayé sa courte série de deux matchs contre cette équipe cette saison.

Et dans cette rencontre, les Montréalais n’ont pas que survécu. Même si les locaux ont remporté la bataille de la possession de rondelle, les visiteurs ont réussi à garder leurs adversaires en périphérie et à limiter leurs chances de marquer à cinq contre cinq, particulièrement en deuxième et en troisième période.

Le CH a aussi été parfait en désavantage numérique. En six minutes avec un homme en plus, l’Avalanche n’a cadré que deux tirs. Les succès se poursuivent pour cette unité spéciale, qui a maintenant écoulé avec succès 40 de ses 44 dernières pénalités, présentant ainsi un taux d’efficacité de 90,9 % au cours des 13 dernières rencontres.

« Les gars étaient engagés, a analysé Montembeault. À partir de la deuxième période, ils se sont levés défensivement. Ils ont joué du bon hockey en utilisant bien leurs bâtons et en bloquant des lancers. Ils ont aussi fait de l’excellent travail dans leurs confrontations à la ligne bleue : la rondelle sortait tout le temps. »

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Samuel Montembeault

« Partout sur la patinoire, on pensait à la défense en premier, a abondé Rafaël Harvey-Pinard. Même en zone offensive, on avait les pieds tournés vers notre zone pour ne pas donner de surnombre. »

« C’est une victoire importante pour nous », a-t-il réitéré.

Il ne saurait si bien dire. Établi en début de saison, l’objectif de disputer des matchs « significatifs » en février et même en mars s’est rapidement révélé inatteignable, vu la position de l’équipe au classement. Il fallait donc donner du sens à ces matchs disputés alors que le rêve des séries éliminatoires n’existe plus.

Mardi, le Canadien a gagné un match sans importance pour sa fiche. Mais il a signé une victoire dont la valeur symbolique est immense. C’est un accomplissement de taille. Et ça en dit certainement long sur la volonté de ce groupe de progresser la saison prochaine.

En hausse

Joel Armia

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ASSOCIATED PRESS

Justus Annunen et Joel Armia

Son brio individuel se poursuit, et son trio a été le meilleur de son club à cinq contre cinq. Il a aussi contribué à la soirée parfaite en désavantage numérique. Ah oui, il a aussi marqué le but gagnant. Une bonne journée au bureau, finalement.

En baisse

Mike Matheson

Heureusement pour lui, ça s’est replacé en deuxième moitié de match, car c’était le festival des erreurs individuelles en première période, alors que des rondelles perdues à Mikko Rantanen et à Jonathan Drouin auraient pu se convertir en buts.

Le chiffre du match

40

Avec son 40e point de la campagne, une mention d’aide obtenue sur le premier but du Canadien, Juraj Slafkovsky a établi un nouveau record d’équipe pour le nombre de points en une saison par un joueur de moins de 20 ans.

Dans le détail

MacKinnon à la poursuite de Stastny

PHOTO RON CHENOY, USA TODAY SPORTS

Nathan MacKinnon

Les records des années 1980 sont difficiles à faire tomber dans la LNH. Il n’est donc pas surprenant que l’on s’enthousiasme à ce point quand un joueur actuel s’approche d’un record établi à une époque où louanger Michael Jackson n’était pas controversé. C’est un sujet qui anime les discussions au Colorado, ces jours-ci, car Nathan MacKinnon a deux records dans sa ligne de mire. Contre le Canadien, mardi, il a obtenu un point dans un 35e match de suite à domicile, et il pourrait encore battre les 40 de Wayne Gretzky en 1988-1989. Sans rien enlever à cette perspective, c’est toutefois la menace d’un record de franchise qui fait vibrer une corde sensible chez les partisans ici : les 139 points en une saison de Peter Stastny en 1981-1982. MacKinnon dispose encore de 10 matchs pour atteindre le haut du palmarès et, s’il maintient le rythme de ses 72 premières rencontres, il pourrait y arriver.

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Bel hommage pour Newhook

PHOTO RON CHENOY, USA TODAY SPORTS

Alex Newhook

L’Avalanche a réservé un bel hommage à Alex Newhook en première période. Pendant une pause publicitaire, on a présenté une vidéo relatant ses bons moments pendant les quelque trois saisons qu’il a disputées à Denver, notamment des faits saillants sur la glace, des échanges avec les partisans ou encore sa journée avec la Coupe Stanley à Terre-Neuve, sa province natale. Newhook a disputé 159 matchs de saison, et 27 autres en séries éliminatoires, dans l’uniforme de l’Avalanche avant d’être échangé au Canadien l’été dernier. En matinée, l’entraîneur-chef Jared Bednar avait été élogieux à son égard, avouant avoir toujours eu un « faible » (soft spot) pour l’attaquant. « Je vais toujours respecter les joueurs qui nous ont déjà aidés à gagner, même s’ils jouent ailleurs », a-t-il ajouté.

Quatrième trio au neutre

C’est un peu anecdotique en fin de saison, mais la tendance est quand même nette : le quatrième trio du Canadien n’offre franchement rien de transcendant. En effet, Michael Pezzetta, Colin White et Rafaël Harvey-Pinard, au cours des quatre derniers matchs, n’ont pas bâti quelque complicité que ce soit. En 5 min 25 s passées sur la glace à cinq contre cinq, mardi, leur combinaison n’a même pas obtenu une tentative de tir. Il y a évidemment des circonstances atténuantes – par exemple, le fait que White soit l’unique centre disponible, ou encore que l’Avalanche leur ait envoyé son premier trio dans les pattes dès qu’elle le pouvait. On souhaite toutefois à ces employés de soutien de trouver une étincelle d’ici la fin de la campagne.