(Nashville) De deux maux, il faut choisir le moindre, dit-on. C’est un peu la réflexion à laquelle se livre Martin St-Louis à la lumière des deux derniers matchs de son équipe.

À deux reprises, à Sunrise et à Tampa, le Canadien a vu l’adversaire égaler la marque en troisième période sur des buts en infériorité numérique. C’étaient la 10e et la 11e fois cette saison que le Tricolore cédait en évoluant avec un homme en plus. Il s’agit d’un sommet dans la LNH, en passant.

Qu’à cela ne tienne, il est bien plus facile de corriger les erreurs ayant mené à ces buts que de construire un avantage numérique digne de ce nom, a rappelé St-Louis, lundi après-midi, à la suite de l’entraînement de son club à Nashville.

Si tu m’avais dit au début de l’année qu’on allait donner [11] buts en avantage numérique mais que notre avantage numérique aurait l’air de ça, j’aurais payé cher.

L’entraîneur-chef Martin St-Louis

« Ce sont des apprentissages douloureux, a-t-il toutefois admis. Des fois, il faut absorber ça comme entraîneur. »

Au cas où ce n’était pas clair, avoir l’air « de ça », c’est un compliment. Depuis le début de l’année 2024, et encore davantage depuis que le seuil de la mi-saison a été franchi, l’attaque à cinq a fière allure. Ça s’est un peu refroidi récemment sur le plan des buts marqués, mais la qualité de l’exécution affichée par la première vague n’a rien à voir avec celle de l’automne. L’éclosion de Juraj Slafkovsky, notamment, donne désormais plusieurs options à Nick Suzuki et à Mike Matheson en possession de la rondelle.

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Juraj Slafkovsky

On comprend donc pourquoi les récentes erreurs ne privent pas St-Louis de sommeil.

Il a proposé un raisonnement similaire par rapport aux difficultés de sa troupe en deuxième période, bête noire du Tricolore depuis le début de la saison, encore davantage récemment. Au cours des huit derniers matchs, le deuxième vingt a coûté 15 buts, presque deux par rencontre (1,88). C’est une nette augmentation par rapport au débit des 53 matchs précédents (1,19).

« On ne prend pas ça à la légère, a assuré le Québécois. [Mais] en excluant le match contre l’Arizona, on a joué de maudites bonnes premières périodes depuis sept à neuf matchs. […] J’aime mieux être dans cette position, connaître une très bonne première et obliger l’autre équipe à répondre. Maintenant, c’est à nous d’apprendre de ces moments-là. »

Leçons

Il y a en effet des leçons à tirer. Car au cours des six derniers matchs, le Canadien a échappé, seulement en deuxième période, six buts d’avance.

Comme St-Louis l’a abordé, on a plusieurs fois assisté à un débalancement complet après le premier entracte. Fouetté par un faux départ, l’adversaire revient avec énergie et rajuste le tir, notamment en simplifiant un schéma tactique qui n’a pas fonctionné d’entrée de jeu.

À l’inverse, le CH s’est fait une spécialité de se casser la tête. Le nouveau mantra en deuxième : faire moins, mais faire mieux. Sans être « têtus », insiste l’entraîneur-chef.

« En première période, on joue plus simplement, on établit notre plan de match, et c’est là qu’on domine le plus, a noté David Savard. Il faut garder cette mentalité et envoyer des rondelles profondément [en zone adverse] si on n’a pas d’options. […] Les meilleures équipes de la ligue jouent souvent très simplement en zone neutre. Les Panthers de la Floride sont très forts en échec avant. Ils n’ont pas toujours le contrôle de la rondelle quand ils passent la ligne bleue, mais c’est une équipe dominante quand même. On peut prendre exemple sur eux. »

La deuxième période, c’est aussi celle du long changement. On a souvent vu les défenseurs montréalais prisonniers sur la patinoire, incapables de retraiter au banc de leur équipe, justement parce que les joueurs du Tricolore peinaient à se débarrasser du disque une fois passée la ligne rouge.

Ce sont de petits détails qui peuvent faire une grosse différence. Plus on simplifiera, moins on se fera de mal.

Tanner Pearson

Avec 10 saisons et plus de 600 matchs derrière la cravate, Tanner Pearson parle en connaissance de cause. Au cours de la dernière décennie, il a vu le jeu de transition gagner en importance dans la structure des équipes. L’espace entre les deux lignes bleues est devenu un véritable champ de bataille où chaque revirement, surtout au deuxième vingt, peut avoir des conséquences funestes.

« Le jeu se déroule vraiment vite, confirme Mike Matheson. Ce n’est pas évident de peser toutes les options, on n’a pas le temps. Il faut peut-être changer notre mentalité un peu. » Autrement dit : opter pour le jeu le plus simple, le plus payant, même si ça implique de céder momentanément le contrôle de la rondelle.

Cela étant, le long changement « affecte toutes les équipes », nuance Jake Allen. « Ce n’est pas comme si on était les seuls dans cette situation ! »

À travers leur apprentissage des rouages de la LNH, ses jeunes coéquipiers doivent « comprendre le momentum » du match, croit-il. « On peut se dire : “OK, on garde les choses simples pour les cinq prochaines minutes.” Ou encore, utiliser les pauses publicitaires pour se regrouper et repartir. Il faut bien lire chaque situation. »

« Ce ne sera jamais parfait, a prévenu Mike Matheson. Mais c’est important de travailler là-dessus. »

Car la deuxième période, que l’on sache, n’est pas appelée à disparaître de sitôt.

Savard croise les doigts

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David Savard (58)

Les jours et même les minutes continuent de s’écouler avant la date limite des transactions. Les joueurs les plus susceptibles de changer d’adresse, chez le Tricolore, ont essentiellement tenu le même discours : la situation est indépendante de leur volonté, alors ils ne veulent pas se perdre dans les spéculations. Tanner Pearson a indiqué qu’il tentait de ne pas trop y penser ; Jake Allen, qui semble en avoir soupé des questions à ce sujet, a dit avoir hâte à samedi ; et David Savard a carrément affirmé qu’il croisait les doigts pour ne pas changer d’adresse. « Ça fait partie de la business, a reconnu Martin St-Louis. C’est le côté plate de la game, parce qu’on est tous des humains. Comme joueur, j’ai toujours adoré mes coéquipiers, et comme entraîneur, j’adore mes joueurs. Ça rend ça difficile quand tu perds un gars. »

Allen contre les Predators

Parlant d’Allen, c’est lui qui affrontera les Predators de Nashville, mardi soir, dans la ville du country. Le vétéran de 33 ans a perdu ses cinq derniers départs. S’agira-t-il de son dernier dans le maillot tricolore ? Peut-être, peut-être pas. On saura par ailleurs en matinée si Jayden Struble sera en mesure de revenir au jeu, lui qui a raté les quatre derniers matchs en raison d’une blessure au « bas du corps ». Johnathan Kovacevic, qui a semblé incommodé en fin de match samedi à Tampa, a participé à l’entraînement complet de lundi, tout comme Struble, et aussi Rafaël Harvey-Pinard, qui n’est toutefois pas prêt à revenir au jeu.