À peu près la moitié du Québec a vu Charlotte Cardin à la Place Bell il y a deux semaines, si on se fie aux réseaux sociaux. Tout le monde semble en avoir eu pour son argent, ce qui est tant mieux.

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Maintenant, imaginez-la qui se pointe à Laval avec la jambe dans le plâtre, des élastiques dans la bouche qui lui donnent l’élocution de Priscilla et une fin de grippe qui la fait chanter comme Mad Dog Vachon. Pas sûr que nos amis mélomanes en auraient eu pour leurs 100 $.

Ceux qui ont payé le gros prix pour assister au palpitant Coyotes-Canadien en ce mardi caniculaire au Centre Bell, eux, n’en ont pas eu pour leur argent. Le Canadien a certes gagné, au compte de 4-2, mais à part quelques arrêts de Samuel Montembeault, on ne reverra pas beaucoup d’extraits de ce match dans une compilation des grands moments de la saison.

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Samuel Montembeault fait un arrêt aux dépens de Jason Zucker.

Des exemples pris au hasard de moments qui reflètent le calibre des équipes en présence :

  • Tanner Pearson, pas exactement une gazelle, bat un adversaire (Liam O’Brien) de « vitesse » et marque en échappée. C’est l’équivalent d’un but volé de Gary Carter en 1991. Quelque part, l’exécution de l’adversaire a fait défaut ;
  • Nick Bjugstad marque sur un tir du revers manqué, et dévié. Probablement le but le plus lent de la saison, et ce n’est pas la faute de Montembeault, dédouané par la déviation ;
  • Les Coyotes ne sont, statistiquement, pas mauvais en avantage numérique, 16es dans la LNH avant ce match. Mais avec leur circulation de rondelle continuellement en périphérie et des tirs qui provenaient toujours d’angles restreints, on se demande quelle est la valeur réelle de leurs sept tirs au but ;
  • Parlant d’avantage numérique, ceux qui souhaitaient voir celui du Canadien à l’œuvre, ceux qui rêvaient de voir Nick Suzuki, Cole Caufield ou Juraj Slafkovsky décocher un tir des poignets dévastateur, ont été déçus puisque le CH a été incapable de provoquer une pénalité dans un deuxième match de suite. « Ce soir, je ne pense pas qu’on en méritait. C’est un peu notre faute », a convenu Martin St-Louis.

On aurait pu ajouter les nombreux revirements pas toujours provoqués, dont même David Savard a été coupable. Même les amarres du filet ont été défaillantes, ce qui a interrompu un match qui manquait déjà de rythme.

« La gestion de la rondelle était problématique, a convenu le défenseur Jordan Harris. Moi-même, en zone neutre, j’aurais pu prendre des décisions plus intelligentes. Limiter les revirements aiderait aussi. On devait souvent se défendre contre leur contre-attaque. »

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Arber Xhekaj tente de contrôler la rondelle dans sa chute.

Mais c’est ainsi que le Canadien a mis fin à sa séquence de cinq défaites, une bénédiction pour les Montréalais. Car après ce match l’attendent des duels en Floride, là où le CH a l’habitude de se faire détruire depuis 2019, puis à Tampa, à Nashville et en Caroline, des endroits inhospitaliers ces dernières années. Autrement dit, se présenter dans ces arénas au cœur d’une série de défaites n’est pas recommandé.

Un vol de Montembeault

St-Louis parle souvent de l’importance de l’honnêteté lorsqu’il évalue son équipe. C’était plus souvent dans un contexte où les Montréalais s’inclinaient, mais méritaient mieux.

Cette fois, c’était l’inverse et tout le monde était bien lucide. « On n’a pas joué notre meilleur match, mais on a trouvé une façon de gagner et de changer la trame narrative », a estimé Alex Newhook.

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Josh Anderson montre sa flexibilité lors d’une mise en jeu.

On sait qu’on n’a pas joué un bon match. Regarde nos cinq, six derniers matchs, c’était notre pire match. C’est une ligue comique.

Martin St-Louis

St-Louis a fait preuve de la même dure honnêteté avec Slafkovsky, à qui il a fait sauter un tour après que le jeune attaquant eut écopé d’une deuxième pénalité pour bâton élevé en milieu de match. L’entraîneur-chef du Tricolore s’aventurait en territoire délicat, car un traitement trop dur de Slafkovsky, qui n’a pas encore 20 ans, aurait fait jaser. Slafkovsky était donc de retour à son poste après une présence passée au banc. Et St-Louis, sans pour autant chercher à maquiller la réalité, n’en a pas non plus rajouté. « Je coache. C’est ça, ma job », a-t-il simplement dit, questionné sur la situation.

On conviendra donc que c’est beaucoup grâce au brio de Montembeault et aux difficultés des Coyotes que le Canadien a ajouté deux points à sa fiche.

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Samuel Montembeault a été l’un des rares joueurs à se démarquer dans cette rencontre.

Et puisque l’honnêteté était un concept à la mode mardi, Montembeault en a fait preuve. En fin de match, les Coyotes ont retiré leur gardien et Montembeault est sorti derrière son filet pour intercepter une rondelle. La foule lui a alors ordonné de tirer, mais le gardien s’est contenté d’une remise à un coéquipier.

« Ils ne m’ont pas vu essayer dimanche passé [au concours d’habiletés]… J’avais de la misère à tirer sur le but à partir des oreilles ! Je ne pense pas que ça marcherait de l’autre bout de la glace ! »

En hausse : Joshua Roy

Effacé au New Jersey samedi, l’attaquant de première année a cette fois été créatif pour permettre à son trio d’obtenir quelques occasions. Il a obtenu un quatrième point à ses cinq derniers matchs.

En baisse : Josh Anderson

Déjà qu’il ne marque plus et qu’il ne provoque plus de pénalités, il ne peut pas se permettre d’être indiscipliné. Il a écopé d’une troisième pénalité mineure à ses quatre derniers matchs.

Le chiffre du match : 10

C’était certes dans un filet désert, mais Nick Suzuki a inscrit un 10e but depuis le match des Étoiles, en 10 matchs. Seul Auston Matthews (12) en a marqué plus que lui depuis la pause.

Dans le détail

Le 39but pour les défenseurs

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Jordan Harris a récolté deux points dans la victoire.

Dans le cadre d’une saison ardue, il faut bien s’accrocher à quelque chose, et peut-être que les joueurs du Canadien peuvent s’accrocher à ceci : leurs défenseurs savent marquer. Ainsi, le but réussi par Jordan Harris en deuxième période est le 39but cette saison réussi par un défenseur de l’équipe, à égalité avec les Flames de Calgary au deuxième rang à ce chapitre (les défenseurs de l’Avalanche du Colorado arrivent au premier rang avec un total de 48 buts). Dans le cas de Harris, qui a récemment exprimé le souhait de contribuer davantage en attaque, il s’agit du deuxième but cette saison. « C’est un premier pas dans cette direction, a commenté le jeune défenseur. Je veux continuer à contribuer en attaque, et montrer ce que je suis capable de faire dans cet aspect du jeu. »

C’est d’ordinaire plus facile face aux Coyotes

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Barrett Hayton et Kaiden Guhle bataillent le long de la rampe.

Les Coyotes n’ont pas l’habitude de lancer bien souvent. En fait, depuis le début de la saison, les Coyotes lancent en moyenne 26,8 fois par match, mais en ce soir de match de quatre points vers le bas au Centre Bell, les Coyotes ont obtenu un total général de 38 tirs, ce qui n’est probablement pas une bonne affaire. Peu importe, les visiteurs ont quand même perdu leur 13match de suite. Cette fois, Martin St-Louis a eu du mal à trouver du positif. « Je serais naïf de penser qu’on est capables de jouer de bons matchs pendant les 82 soirs du calendrier, a fait savoir l’entraîneur-chef en fin de soirée. Tu vas en avoir, des mauvais matchs, mais c’est de trouver une manière durant ces matchs-là. Cette fois, on a fait ça, on a su profiter de nos occasions, et Samuel [Montembeault] a été excellent… mais ça arrive, des matchs où on a de la misère. »

Enfin un but pour Pearson

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C’était le premier but de Tanner Pearson depuis le 4 décembre.

On aurait pu croire que Tanner Pearson n’avait pas marqué depuis un bout, et on aurait eu raison de le croire. Car le but de Pearson en ce petit mardi soir au Centre Bell fut son premier depuis le… 4 décembre. Si on fait le calcul, ça donne 14 matchs sans avoir pu mettre une rondelle au fond du filet. Ce but, réussi lors de la troisième période, est donc seulement le cinquième but de Pearson cette saison. « Je savais que ça faisait depuis décembre, avant que je ne me blesse, a noté le vétéran attaquant en fin de soirée. Je trouvais quand même que je jouais bien, mais je ne réussissais pas à marquer. Alors c’est bien de voir la rondelle aller dans le filet comme ça… Ç’a été un match étrange pour nous, on n’affichait pas notre meilleure forme lors des deux premières périodes de jeu. »

Richard Labbé, La Presse