Juraj Slafkovsky connaissait une soirée difficile mardi face aux Coyotes de l’Arizona. Les rares fois où on le voyait, c’était quand il tenait son bâton trop haut et qu’il atteignait un rival au visage.

En milieu de match, après la deuxième infraction de Slafkovsky, Martin St-Louis en a eu assez ; il a cloué le jeune homme au banc le temps d’une présence et a inséré Joshua Roy à sa place, à la droite de Nick Suzuki et de Cole Caufield.

De retour à son poste au tour suivant, Slafkovsky avait l’air, du haut de la passerelle, d’un gars qui avait le feu au derrière. Le genou sur la bande une quinzaine de secondes avant que son tour arrive, il a volé sur la patinoire, a préparé une chance de marquer pour Caufield avant de servir une mise en échec au colosse Liam O’Brien.

Vérification faite, l’ado de 19 ans n’avait pas juste l’air d’avoir le feu au derrière.

« J’étais certainement furieux, a confirmé Slafkovsky après l’entraînement de mercredi à Brossard. J’avais raté la présence précédente, Roy m’avait remplacé. Je veux jouer toutes mes présences. Ça m’a fâché. Même avant ça, mon match ne se déroulait pas à mon goût. Je voulais obtenir une grosse présence avant l’entracte pour m’aider pour la troisième période. »

Les pénalités s’accumulent

Slafkovsky ne semblait pas en mener large non plus sur la patinoire pendant l’entraînement de mercredi. Mais une fois dans le vestiaire devant les micros, il affichait sa franchise habituelle, franchise qui le rend intéressant en entrevue puisqu’il filtre moins ses états d’âme que le hockeyeur moyen.

La question de la discipline revenait souvent, puisque ses deux pénalités de mardi ont porté à cinq le nombre d’infractions qu’il a commises dans les quatre derniers matchs. Est-il trop plaignard auprès des arbitres après une pénalité ? « Ça fait peut-être partie du problème, a-t-il convenu, parce que je ne suis pas toujours gentil quand ça arrive. Je devrais probablement moins crier après les arbitres ! »

St-Louis a d’ailleurs concédé que des joueurs, « surtout les jeunes, je pense », peuvent devenir des cibles pour les officiels. « Ils vont être plus patients avec un vétéran émotif. Pour les jeunes, ça fait partie de l’apprentissage, donc ils vont avoir un peu moins de patience, a estimé l’entraîneur-chef.

« Il réagit comme tout jeune de 19 ans, a-t-il enchaîné. Parfois, il réagit mieux. Il va continuer à se stabiliser dans ce département-là, mais il faut faire attention, la ligne est mince et c’est une game d’émotions. Quand Slaf est fâché et joue avec de l’émotion, il est encore plus fatigant. »

En attendant qu’il trouve ce juste milieu, notons que l’indiscipline de Slafkovsky survient au moment où le premier choix du repêchage de 2022 connaît un premier court passage à vide cet hiver. Il n’a pas amassé de point à ses quatre derniers matchs, sa première séquence de cet ordre depuis ses sept duels sans point du 30 novembre au 13 décembre. Ses indicateurs de possession de rondelle demeurent néanmoins au vert (le Canadien contrôle 57,5 % des tentatives de tir et 52,5 % des buts attendus quand il est sur la patinoire à cinq contre cinq).

On peut se demander si le fait que le Canadien n’ait pas obtenu d’avantage numérique dans les deux derniers matchs lui a nui ; l’idée selon laquelle les joueurs de talent bâtissent leur confiance dans cette phase du jeu est tenace.

L’hypothèse n’a pas été soumise à Slafkovsky mercredi, mais il a rejeté les autres qui lui ont été présentées. Il croit par exemple qu’une surveillance plus étroite de son trio, à la lumière de leurs succès des dernières semaines, « peut être un facteur ».

Mais on est assez bons pour créer des jeux, peu importe la surveillance des rivaux.

Juraj Slafkovsky

La longueur du calendrier est une autre hypothèse. Il disputera ce jeudi son 60match de la saison, plateau qu’il n’avait pas encore atteint dans sa jeune carrière professionnelle.

« Certains soirs, je me sens moyen, mais je joue bien. D’autres soirs, je me sens très bien, même si on approche du 60match. C’est tant mieux. L’an dernier, je n’avais pas eu la chance de jouer tous les matchs. J’espère en jouer 82 cette année. »

La seule explication qu’il a paru accepter est celle du niveau de jeu qui augmente au moment où les trois quarts de la saison sont terminés. « Au début, les équipes se cherchaient encore. Maintenant, les systèmes sont rodés et les jeux deviennent plus prévisibles. Ça devient plus difficile sur la glace. »

À sa décharge, cette réalité semble rattraper l’équipe en général, et pas seulement lui ou les jeunes, comme en fait foi la fiche de 4-10-1 du CH dans les 15 derniers matchs.