Un septième choix au total demeure une denrée précieuse, mais l’échanger contre un marqueur de 41 buts de seulement 24 ans ne constitue pas une infamie non plus.

Mais pour ce choix prisé de 2022, auquel on a ajouté un choix de deuxième tour la même année et un choix de troisième tour en 2024, Pierre Dorion et les Sénateurs d’Ottawa ont reçu en Alex DeBrincat un compteur de 27 buts doublé d’un ailier vulnérable défensivement.

À un an de son autonomie complète, DeBrincat a aussi laissé entendre à la direction de l’équipe cet été qu’il n’entendait pas prolonger sa carrière à Ottawa.

On comprend aisément l’accueil hostile qu’il a reçu à sa première visite au Centre Canadian Tire dans l’uniforme des Red Wings de Detroit samedi.

Non seulement DeBrincat avait-il cinq buts et huit points au compteur en seulement quatre matchs avec l’équipe de son enfance, mais il a ajouté trois buts et une aide le lendemain de la victoire de 5-2 contre les Sénateurs, face aux Flames de Calgary.

La saison est évidemment encore jeune, mais DeBrincat, 25 ans, occupe ce matin le premier rang des compteurs de la Ligue nationale de hockey avec 12 points, dont 8 buts, en seulement 6 rencontres et les surprenants Red Wings occupent le deuxième rang dans la section Atlantique avec une fiche de 5-1 avec 30 buts marqués, un sommet dans la ligue.

DeBrincat, originaire de Farmington Hill, situé à moins de 30 minutes du Little Caesars Arena, est devenu le premier joueur des Red Wings depuis Ed Litzenberger en 1961 à compter huit buts à ses six premiers matchs avec l’organisation.

« En ce moment tout entre dans le filet, mais ça ne sera pas éternel, a admis DeBrincat aux journalistes après la victoire des Red Wings contre les Flames dimanche. J’ai deux excellents partenaires de trio, Dylan Larkin et Lucas Raymond, et nous jouons bien dans notre territoire. »

DeBrincat est lucide. Son taux de réussite se situe à 42 % au chapitre des buts versus les tirs. Il a un taux de 14 % en carrière. Le meilleur taux de succès parmi les cinq compteurs de 50 buts l’an dernier était de 21 %.

Le dossier DeBrincat fait mal à deux niveaux. Les Sénateurs l’ont échangé à perte. On ne sait pas si Ottawa aurait repêché le brillant jeune défenseur Kevin Korchinski, déjà dans la LNH avec Chicago à seulement 19 ans. Mais le choix de premier tour obtenu des Red Wings pour les services de DeBrincat pourrait fort se situer à la fin du premier tour : Detroit aura le privilège de choisir entre son propre choix et celui des Bruins de Boston obtenu pour Tyler Bertuzzi et ces deux clubs connaissent un excellent départ.

Les Sénateurs ont aussi obtenu un choix de quatrième tour en 2024, un lot bien inférieur aux choix de deuxième et troisième tours cédés aux Hawks, et l’ailier Dominik Kubalik, blanchi à ses cinq premiers matchs avec Ottawa.

Non seulement le directeur général Pierre Dorion a-t-il revendu DeBrincat à perte, mais en raison d’un manque d’espace sur le plafond salarial ou d’un intérêt mitigé de la part des autres clubs, il a été forcé de l’échanger à un rival direct de la section Atlantique. La renaissance de DeBrincat fait mal aux Sénateurs puisque les places en séries sont limitées dans cette puissante section avec Boston, Tampa, Toronto, Floride et maintenant Detroit qui s’invite dans la course.

Les Sénateurs n’ont pas fini de l’avoir dans les jambes puisque DeBrincat a signé un contrat de quatre ans moyennant 7,8 millions par saison à son arrivée à Detroit.

Certains salueront l’audace de Dorion, qui a voulu prendre les moyens nécessaires pour donner aux fans des Sénateurs la chance de voir leur club accéder aux séries en 2022-2023. D’autres lui reprocheront d’avoir pris un raccourci inutile.

DeBrincat a-t-il une part de blâme à recevoir ? Était-il de mauvaise foi l’an dernier ou encore ne se sentait-il pas à sa place au sein de cette équipe ?

Sans jeter la pierre à quiconque, contentons-nous de ce constat : cet échange n’a pas fonctionné pour les Sénateurs.

Le premier trio des Sabres en panne

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Tage Thompson

Le Canadien affronte les Sabres à Buffalo lundi soir. Les Sabres, que plusieurs voyaient monter en puissance cette saison, occupent le dernier rang de la section Atlantique avec une fiche de 2-3.

Premier constat de taille observé par le collègue Guillaume Lefrançois : le premier centre, Tage Thompson, 94 points, dont 47 buts, l’an dernier, a un but en cinq matchs et son ailier Alex Tuch, 79 points, dont 36 buts, en seulement 74 matchs, a une aide. Voyons si ces géants sommeilleront encore longtemps…