Des matchs préparatoires ne font évidemment pas une carrière. Mais n’est-il pas ironique de constater qu’au moment où Patrice Bergeron prend sa retraite, un autre centre droitier fraîchement repêché au deuxième tour (lui aussi), Matthew Poitras, connaît un camp d’entraînement sensationnel à Boston et pourrait même combler un vide important au centre à seulement 19 ans, comme l’avait fait Bergeron 20 ans plus tôt après le départ de Jozef Stumpel ?

Cet énoncé pourrait évidemment très mal vieillir. Poitras n’a encore disputé aucun match régulier dans la LNH. Et s’il n’est pas retranché d’ici l’ouverture de la saison, il pourrait aussi prendre part à certains matchs avant d’être renvoyé dans les rangs juniors.

Mais quand le capitaine Brad Marchand, son partenaire de trio en matchs préparatoires, compare ce garçon à Mitch Marner, il faut commencer à s’intéresser à ce phénomène à Boston.

Milan Lucic, un autre choix de deuxième tour judicieux des Bruins, en 2006, s’est mêlé à la conversation cette semaine. « Ça me rappelle tellement mes 19 ans, a-t-il confié aux journalistes de Boston. On ne me disait rien, mais on me plaçait continuellement dans la formation, et c’est très bon signe à cet âge, alors il faut souligner ses efforts jusqu’ici. Nous sommes deux joueurs complètement différents. Pour ma part, j’ai continué à jouer de façon robuste pour prouver que j’avais ma place avec ces hommes. »

Poitras n’est pas le plus costaud à 5 pieds 11 pouces et 170 livres. Mais il possède une vision et une créativité largement supérieures à la moyenne, d’où ses 73 aides sur 95 points en 63 matchs à Guelph, dans la Ligue junior de l’Ontario, en hausse de 45 points par rapport à son année d’admissibilité la saison précédente.

En quatre matchs préparatoires, Poitras a amassé deux buts et deux aides, remporté 53 % de ses mises au jeu et joué en moyenne plus de 16 minutes par rencontre.

Les fans du Canadien n’ont jamais digéré le repêchage de 2003. Montréal avait opté pour Andrei Kostitsyn au dixième rang, un joueur aux habiletés individuelles extraordinaires, mais à risque en raison de ses problèmes d’épilepsie et du facteur russe.

Les Bruins n’ont pas frappé de coup de circuit au premier tour en repêchant le défenseur Mark Stuart au 21e rang. Stuart a connu une carrière de plus de 600 matchs dans la LNH, mais dans un rôle de soutien.

Les choses se sont gâtées au deuxième tour pour le Canadien. Corey Urquhart a profité de la visite d’André Savard, tout juste relégué au poste d’adjoint au nouveau directeur général Bob Gainey, à l’auditorium de Verdun ce printemps-là pour connaître des séries éliminatoires phénoménales avec 15 points, dont 9 buts, en seulement 7 matchs. Bergeron avait connu de bonnes séries lui aussi au plan offensif, avec autant de points que Urquhart, mais en quatre matchs de plus. Il fallait toutefois avoir repéré Bergeron plus tôt en saison pour découvrir toutes les belles subtilités dans son jeu, ce que les Bruins ont fait.

Urquhart a été repêché au 40e rang par Montréal, Bergeron cinq rangs plus tard par Boston. Le premier n’a disputé aucun match dans la LNH, et joué à peine 78 rencontres dans la Ligue américaine. Le temple de la renommée attend le second après une carrière de 1040 points en 1294 matchs, six trophées Selke remis à l’attaquant défensif par excellence, une Coupe Stanley, deux médailles d’or olympiques et une médaille d’or au Championnat mondial junior…

Il serait évidemment prématuré et maladroit de faire tout parallèle entre 2003 et 2022. Le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, était d’ailleurs le directeur général adjoint des Bruins lorsque ceux-ci ont repêché Bergeron, et le directeur général du CH, Kent Hughes, son agent. Même le codirecteur du recrutement à Montréal, Nick Bobrov, travaillait pour les Bruins à l’époque !

Poitras montre de beaux flashs et les vétérans de l’équipe ont été audacieux de le complimenter avec autant d’éloquence, mais le kid n’a toujours pas disputé de match en saison régulière.

Il faudra attendre encore quelques années pour revisiter ce repêchage de 2022. Le Canadien possédait deux choix dans chacun des premier et deuxième tours. Il a repêché Juraj Slafkovsky au premier rang, Filip Mesar au 26e rang, Owen Beck au début du second tour, au 33e rang, avant de voir Boston parler une première fois, au 54e rang, neuf places devant Lane Hutson, ce jeune défenseur surdoué repêché par Montréal avec son deuxième choix de second tour.

Slafkovsky deviendra un ailier de qualité. Les attaquants de 6 pieds 3 pouces et 230 livres capables de patiner comme le vent et de marquer ne se trouvent pas à chaque coin de rue. Owen Beck semble posséder les atouts pour devenir un centre régulier dans la LNH. Peut-être pas une star, mais un solide joueur. Si Lane Hutson produit dans les rangs professionnels comme dans la NCAA, il deviendra une vedette. Reste Mesar, qui tire de la patte jusqu’ici.

Trois ans seulement pour Trevor Zegras

PHOTO KARL B DEBLAKER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Trevor Zegras

Malgré une saison de 65 points à seulement 21 ans, Trevor Zegras a signé un contrat pont de seulement trois saisons avec les Ducks d’Anaheim, moyennant 5,7 millions par année. D’autres joueurs de sa cuvée, Jack Hughes, Dylan Cozens, Matt Boldy et Cole Caufield ont déjà signé des contrats à long terme pour plus de sept millions par année. Même Kirby Dach et Alex Newhook ont signé pour une année de plus à Montréal, mais à un salaire annuel moindre.

Mais malgré une belle production offensive, on souhaite un meilleur engagement défensif de la part du jeune homme. Moins de fla-fla, plus d’efficacité. À son premier entraînement avec les Ducks, Zegras a eu droit à une leçon privée de la part du nouvel entraîneur Greg Cronin. « Il a commencé [la séance] en lançant mon bâton dans le coin de la patinoire. J’ai trouvé l’idée intéressante, a confié Zegras au site NHL.com. Le directeur général Pat Verbeek a beaucoup insisté sur l’importance d’améliorer mon jeu défensif lors de la signature du contrat. »