Filip Mesar n’a jamais formulé de promesse qu’il n’a pas tenue.

Avant le camp d’entraînement du Canadien, il n’a pas fanfaronné. « Je me concentre sur le camp principal et après, on verra », avait-il dit au début du mois de septembre.

Un mois plus tard, le camp du Canadien est derrière lui, puisqu’il a fait partie d’une vague de coupes qui a emporté une trentaine de joueurs, samedi dernier. Il a eu droit à un seul match présaison, où il a été sur la glace pendant seulement 10 minutes et demie.

De son propre aveu, son camp a été « ordinaire ». « J’avais des attentes élevées, a-t-il admis, mardi. Mais c’est une longue saison. Je sais ce dont je suis capable. Je vais faire tout mon possible pour le prouver. »

Ces mots, le Slovaque de 19 ans les a prononcés dans le vestiaire du Rocket de Laval. Le club-école du Tricolore a amorcé son propre camp, et Mesar fait partie des nombreux attaquants qui tentent de décrocher un poste.

Là encore, le jeune homme opte pour la sobriété. Avant de le retrancher, les dirigeants du Canadien lui ont signifié leur souhait de le voir être plus responsable défensivement et, de manière plus large, être plus efficace sans la rondelle.

Surtout, la direction souhaite qu’il voie beaucoup d’action. C’est ici que ça se corse.

« Si ça se passe bien, je vais disputer de grosses minutes ici, a dit Mesar. Sinon, ils vont trouver quelque chose d’autre pour moi… »

Laval ou Kitchener ?

« Quelque chose d’autre », ce serait probablement un retour dans son club junior de Kitchener, en Ontario. À sa première saison en Amérique du Nord, en 2022-2023, il a certes produit à un rythme d’un point par match, mais il n’a pas été dominant pour autant.

C’est néanmoins là que se trouveront probablement les « grosses minutes » pour lui. Un coup d’œil à la probable formation du Rocket témoigne d’un surplus d’attaquants, tant chez les vétérans que chez les jeunes qui, comme lui, font le saut depuis les rangs juniors ou universitaires. Jared Davidson a été une révélation au camp du Canadien. Joshua Roy et Sean Farrell ont marqué des points, tout comme Emil Heineman, qui est encore avec le Canadien.

Rien n’est impossible, en somme. Mais on comprend Mesar de ne pas respirer l’optimisme. Il ne s’avoue pas vaincu pour autant.

Je veux jouer à ma manière, en utilisant bien ma vitesse. Je dois être meilleur que ces gars-là, qu’ils soient jeunes ou vieux.

Filip Mesar

L’entraîneur-chef Jean-François Houle a passé les dernières semaines avec les principaux espoirs de l’organisation, d’abord au tournoi des recrues, puis au camp du Canadien et maintenant à celui du Rocket. À ses yeux, tous les jeunes qui touchent pour la première fois aux rangs professionnels « sont dans le même bateau ». « On y va au jour le jour avec chaque joueur, a-t-il rappelé. Ce sera un apprentissage pour tous. »

Houle parle volontiers de la « bonne attitude » de Mesar, arrivé avec un but précis à Laval. Or, il ne se confond pas en éloges à son égard pour autant. « Dans les matchs du tournoi des recrues, je l’ai trouvé moyen, a avoué le pilote. Quand le camp avançait, j’ai trouvé que ça allait un peu mieux. On va voir cette semaine ce qu’il peut faire dans la Ligue américaine. J’aime sa vitesse et son sens du jeu, mais il doit être meilleur défensivement.

« S’il reste ici, il va falloir qu’on lui trouve une chaise, a poursuivi Houle. Nos joueurs ont besoin de glace pour se développer. Ils n’ont pas besoin de disputer tous les matchs, mais ils doivent être dans la formation et jouer sur les unités spéciales pour devenir meilleurs. Il y aura des décisions difficiles à prendre. »

Vitesse, force, constance

Si le portrait n’est pas rose pour le Slovaque, il l’est possiblement encore moins pour Riley Kidney.

Mesar arrive avec l’étiquette d’un choix de premier tour (26e en 2022) et n’a que 19 ans. Le natif de la Nouvelle-Écosse, lui, a un an de plus et a constitué un choix de fin de deuxième tour en 2021 (63e au total).

Après avoir amassé 110 points dans la LHJMQ la saison dernière, il a été un fantôme au camp d’entraînement du Canadien. Cela ne lui a valu qu’un match présaison, le quatrième de l’équipe, au terme duquel il a été retranché. Il n’a même pas atteint les 10 minutes de temps de glace.

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS CON

Riley Kidney lors du match présaison du 30 septembre opposant le Canadien aux Maple Leafs de Toronto.

Peut-être est-ce seulement une question de personnalité, mais il semblait bien plus primesautier que son coéquipier, mardi.

Il a décrit comme un « beau défi » la perspective de devoir se battre pour un poste. De son propre aveu, augmenter sa vitesse d’exécution sera au sommet de ses priorités.

Je dois faire des jeux plus rapidement. Je n’aurai pas autant de temps avec la rondelle que dans le junior. Commencer à jouer contre des gars de 30 ans, c’est une grosse étape. Je dois m’ajuster. Je serai prêt pour ça.

Riley Kidney

Kidney a aussi parlé de l’importance de gagner en force physique – il a d’ailleurs gagné 10 livres de muscles pendant l’été. C’est aussi sur ce point qu’a insisté Jean-François Houle.

« C’est la même chose pour Mesar et pour Sean Farrell, a-t-il précisé. Ça et la constance. »

Apprivoiser la vie de la Ligue américaine, « ce n’est pas évident », a-t-il rappelé. Les longs voyages en autocar et les calendriers rigoureux peuvent peser lourd physiquement et mentalement.

Filip Mesar et Riley Kidney ne demandent pourtant que cela. Car si l’un risque de se retrouver dans la Ligue junior de l’Ontario, l’autre pourrait se résigner à rejoindre les Lions de Trois-Rivières, dans l’ECHL, s’il ne réussit pas à faire sa place chez le Rocket.

Ce serait, le cas échéant, un autre « beau défi », disons.

Le Rocket disputera son premier match préparatoire jeudi à Toronto.