En 1993, Martin St-Louis était un simple étudiant-athlète de 18 ans à l’Université du Vermont. Cette année-là, les Whalers de Hartford étaient débarqués au Gutterson Fieldhouse, à Burlington, pour y tenir une partie de leur camp.

On devine que le jeune homme d’alors était loin de se douter qu’il avait devant lui, sur la patinoire, un de ses futurs prédécesseurs (Randy Cunneyworth) et un futur directeur général de la LNH (Pat Verbeek).

« C’était impressionnant de les voir de près, s’est souvenu St-Louis, en point de presse, mercredi. Les années d’après, c’était les Rangers [de New York]. Brian Leetch, Mike Richter… C’était impressionnant de voir les gars bouger. On était gâtés. »

Cette semaine, une nouvelle génération d’amateurs aura la chance d’observer de près des joueurs de la LNH, puisque le Tricolore terminera son camp à Mont-Tremblant, avec des entraînements jeudi et vendredi. Les entraînements seront ouverts au public et aux médias, si bien que le terme « retraite fermée » est plus ou moins approprié.

N’empêche que les joueurs en profiteront pour tenir des activités de groupe. Nick Suzuki a confirmé qu’un tournoi de golf était prévu. « J’ai dû demander à tous les joueurs de me donner leur handicap pour faire des équipes équilibrées », a raconté le capitaine. Aucun autre détail n’a filtré. Joueront-ils au Parcheesi, aux poches, à vérité ou conséquence ? La réponse, malheureusement, est inconnue.

Le but de l’exercice, lui, l’est. « On a de nouveaux visages, mais plusieurs d’entre nous avons déjà passé du temps ensemble, a rappelé Suzuki. Mais au camp, on était divisés en quatre, donc il y a des gars qu’on n’a pas vus, on a passé l’été éparpillés un peu partout. »

C’est la chance de reconnecter entre nous.

Nick Suzuki

Ces expéditions avaient naguère la cote. Les Penguins de Pittsburgh avaient l’habitude d’aller à la base militaire de West Point, près de New York. Sous Guy Carbonneau, le Canadien avait filé à Tremblant ; sous son successeur, Jacques Martin, c’était plutôt sur un ranch dans le secteur de Collingwood, en Ontario. Lorsque Mike Matheson jouait en Floride, les Panthers allaient passer quelques jours dans les Everglades pour faire des activités de style « militaire ». Mais ces traditions se sont perdues avec la pandémie.

St-Louis a toutefois été clair : même si les joueurs auront de l’agrément, « quand on sera à l’aréna, on va travailler ». Il a rappelé que son club arrivait à la dernière étape du camp. Le début du camp, les matchs intraéquipe, c’était « beaucoup d’évaluation, pas vraiment d’enseignement ».

« Ensuite, tu dois rentrer des concepts, pour qu’on ait un jeu d’équipe. On avait trois groupes. Dans les trois groupes, des gars allaient jouer des matchs, donc il fallait gérer beaucoup de choses. Une fois que tu as moins de joueurs, tu peux plus rentrer dans les détails, et c’est ce qu’on peut faire. »

Avec les réductions de personnel, St-Louis peut maintenant regrouper tous ses joueurs dans une même séance d’entraînement. Mercredi, ils étaient 23 patineurs (15 attaquants, 8 défenseurs) et 3 gardiens. Sean Monahan et Gustav Lindström ont eu droit à une journée de traitements.

À ce sujet, la journée de traitements de Monahan était certainement inattendue, du moins de l’extérieur. Il est en effet particulier qu’un joueur y ait droit au lendemain d’un congé d’entraînement, et ce, après que Monahan eut disputé trois matchs préparatoires jusqu’ici.

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Sean Monahan

Absents à l’entraînement de lundi, les attaquants Alex Newhook et Joel Armia étaient de retour avec leurs coéquipiers.

Christian Dvorak faisait aussi partie du groupe. Opéré à un genou en mars, l’attaquant doit théoriquement s’absenter jusqu’en novembre, avait dit le directeur général Kent Hughes à l’ouverture du camp. Il porte toujours un chandail gris, suggérant qu’il ne peut pas encore encaisser de contacts. Cela dit, il patine avec une certaine aisance qui laisse croire qu’il n’aura aucun mal à respecter l’échéancier établi…

Mike Matheson, lui, n’a toujours pas disputé de match préparatoire, mais il s’est exercé avec ses coéquipiers mercredi et a bon espoir de pouvoir jouer samedi, à Ottawa, dans le sixième et dernier duel préparatoire de Montréal.

« Quand ça fait des mois qu’on n’a pas joué, ça aide à retrouver le timing », a dit le Québécois.

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Mike Matheson

On devine que l’organisation voudra être prudente avec Matheson. L’an dernier, il s’était blessé au camp et avait dû attendre le 19 novembre avant de disputer son premier match. Il a joué 24 minutes dès son premier match, ce qui est devenu sa moyenne, mais après neuf matchs, il tombait de nouveau au combat.

Malgré un début de camp très ordinaire, l’ailier Emil Heineman survit. Avant le début des hostilités, le colosse était considéré comme un candidat susceptible de causer une surprise, mais un tournoi des recrues beige, au mieux, a fait baisser les attentes de plusieurs.

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Emil Heineman

Il tarde toujours à se démarquer. Lundi à Toronto, il a bloqué quelques attaques des Maple Leafs, mais son revirement a aussi mené à un but des Torontois. En revanche, il a offert une présence physique dont peu de ses coéquipiers sont capables, distribuant quatre mises en échec, dont une qui a choqué T. J. Brodie en début de match.

« La robustesse fait en sorte que je suis plus impliqué dans le match, j’amène de l’énergie et ça m’aide à gagner des batailles pour la rondelle, à passer du temps en zone offensive », a décrit le Suédois.

Heineman aura toutefois besoin d’une hécatombe à l’infirmerie, car il n’a pas à transiter par le ballottage pour être cédé à Laval, et dans le cas où Montréal amorcerait la saison avec trois gardiens, il y aurait un poste en moins pour les patineurs.