Le message de Tanner Pearson à son arrivée devant les médias, jeudi, était clair comme de l’eau de roche.

Pensez à toutes les déclinaisons possibles du besoin d’un nouveau départ, du gars qui ne pense plus au passé, qui regarde vers l’avant : ça a été dit.

Il faut dire que la dernière fois qu’il a chaussé les patins dans un match de la LNH, ce fut plus ou moins mémorable. C’était à Montréal le 9 novembre dernier. Ce soir-là, Pearson avait :

  • écopé d’une pénalité qui avait mené à un but de Nick Suzuki ;
  • perdu une mise en jeu trois secondes avant qu’Arber Xhekaj ne marque ;
  • pris une deuxième pénalité, passant près de blesser Johnathan Kovacevic de façon accidentelle, près de la bande ;
  • subi une fracture à une main.

Les trois premiers éléments sont anecdotiques. Le quatrième, un peu moins, car c’est cette fracture qui a fini par lui coûter les 68 derniers matchs de la saison, en raison de complications.

« C’était un accident. J’étais près de la bande, et mes doigts se sont écartés », a-t-il décrit au contingent de journalistes, jeudi matin, à Brossard.

Pearson a aussi corrigé son DG, qui avait affirmé la veille que sa nouvelle acquisition avait retrouvé « 80 % » de sa force dans sa main gauche. « Je suis plutôt à 90 %. J’aurais pris ce chiffre n’importe quand ! »

Ce sont essentiellement les seuls détails qu’il a bien voulu dévoiler sur le fiasco qu’a été cette blessure, sinon qu’il se doutait qu’une transaction se tramait. « J’ai été dans la ligue depuis assez longtemps pour comprendre les indices même si on ne me dit rien. Je me doutais qu’il se passerait quelque chose. »

Plus de précisions sur la gestion de sa blessure ? « Je n’entrerai pas dans les détails. C’est un gros sujet, je sais que les gens veulent tout savoir. Ça ne viendra pas de moi. »

La chronologie de ses multiples opérations ? « On n’a pas assez de temps pour ça ! » Le Kitchenerien a la répartie pour esquiver les questions désagréables.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Tanner Pearson (70) sur la glace du Centre Bell en 2021, avec Christian Dvorak (28) et Mattias Norlinder (59)

A-t-il craint que sa carrière ne soit terminée ? « Oui, probablement. Mais on n’en est pas là, donc je n’y pense pas. […] J’espère que c’est la dernière journée que j’en parle. J’imagine que ce n’est pas le cas, mais j’espère que ce l’est ! »

Il a beau vouloir éviter le sujet, tenter de l’oublier, il lui reste une longue cicatrice mauve qui, à la manière du boulevard Saint-Laurent, sépare l’est et l’ouest de sa main gauche.

Sur la bonne voie

Pearson est toutefois en bonne voie d’être prêt le 11 octobre. Il estime avoir recommencé à patiner en juin, « sans rondelle, mais au moins, j’étais sur la patinoire ».

Sa remise en forme est suffisamment avancée pour qu’il participe pleinement au jour 1 du camp. Lors du match intraéquipe de l’après-midi, il patinait au sein d’un trio avec les jeunes Sean Farrell et Riley Kidney.

Il sera intéressant de suivre ses performances. En point de presse avec les médias de Vancouver mercredi, le directeur général des Canucks, Patrik Allvin, avait carrément dit qu’il était incapable d’assurer à Pearson une place dans la formation.

Toujours mercredi, Kent Hughes et Martin St-Louis avaient quant à eux modéré les attentes, insistant davantage sur les qualités de meneur et l’expérience du nouveau venu. Pearson a abondé dans ce sens. Il compte amener du « leadership ». « Je joue un certain style, en ligne droite, le long des rampes. J’arrive dans une autre équipe où je suis un aîné. C’est bien de revoir de jeunes visages, ça m’énergise. »

Ses coéquipiers semblent certainement heureux de le voir débarquer ici. En plus de ceux qu’il connaissait déjà, l’ancien du CH Tyler Toffoli a visiblement passé de bons mots à son sujet.

« C’est un bon ajout, il a gagné la Coupe Stanley, a rappelé Nick Suzuki. Je le connais un peu parce qu’on a patiné ensemble l’été. C’est un bon joueur d’équipe et tu as besoin de gars d’expérience. Plusieurs de nos gars n’ont pas beaucoup connu la LNH encore. »

PHOTO KEVORK DJANSEZIAN, ARCHIVES GETTY IMAGES

Défilé de la Coupe Stanley pour les Kings à Los Angeles, en juin 2014 : Tanner Pearson, Tyler Toffoli, Martin Jones, Jeff Schultz et Dwight King

Pearson dit notamment connaître Josh Anderson, Sean Monahan et Nick Suzuki, la filière ontarienne de l’équipe. « Et Brendan Gallagher au Championnat du monde junior. On était cochambreurs. Malheureusement ! »

Il n’a manifestement pas mis de temps à repérer le souffre-douleur préféré de tous dans ce vestiaire.

Des jeunes en audition

Si on se fie aux trios observés lors des matchs intraéquipe de jeudi, Martin St-Louis souhaite donner une vraie chance à des jeunes de se tailler un poste. En plus d’Emil Heineman qui a été choisi pour accompagner Nick Suzuki et Cole Caufield, Joshua Roy a disputé le match aux côtés de Kirby Dach et Sean Monahan. Owen Beck a quant à lui piloté une unité avec Rafaël Harvey-Pinard et Brendan Gallagher comme ailiers. Le portrait est plus difficile à lire en défense. L’équipe étant divisée en quatre groupes, les arrières établis dans la LNH étaient répartis un peu partout. De plus, plusieurs groupes comptaient cinq défenseurs, ce qui occasionnait des rotations.

Match no 1, Rouges

  • Caufield-Suzuki-Heineman
  • Simoneau-Maillet-Ylönen
  • Davidson-Condotta-Voyer
  • Smilanic

Match no 1, Blancs

  • Monahan-Dach-Roy
  • Bourque-Gignac-Légaré
  • Pezzetta-Stephens-Andersson

Match no 2, Rouges

  • Harvey-Pinard-Beck-Gallagher
  • Farrell-Kidney-Pearson
  • F. Xhekaj-Mysak-Parker-Jones
  • Guindon

Match no 2, Blancs

  • Anderson-Newhook-Slafkovsky
  • Mesar-Evans-Armia
  • Dufort-Yaremko-McKay
En savoir plus
  • -9
    Tanner Pearson a présenté un rendement de -9 en 14 matchs la saison dernière. Un rendement à l’image du mauvais début de saison des Canucks.