Kent Hughes et Jeff Gorton ont passé leur temps, la semaine dernière au tournoi de golf du Canadien, à modérer les attentes. Hughes a poursuivi dans la même veine quand est venu le temps de parler de sa plus récente acquisition.

Ce joueur, c’est Tanner Pearson, que le Tricolore a acquis mardi soir des Canucks de Vancouver, contre le gardien Casey DeSmith.

Évidemment, un joueur qui revient d’une saison de 5 points en 14 matchs ne devrait pas non plus susciter de grandes attentes. Mais Montréal demeure Montréal, et des amateurs comme des observateurs peuvent parfois s’enflammer.

Hughes lui-même est coupable de s’être enflammé, vantant Pearson pour ses « deux Coupes Stanley ». L’attaquant l’a seulement soulevée en 2014 avec les Kings de Los Angeles.

Il reste que Pearson avait 21 ans quand lui, Tyler Toffoli et Jeff Carter formaient le trio surnommé That 70’s Line, un clin d’œil à l’émission et à leurs numéros de dossard. Le Pearson qui devait atterrir à Montréal mercredi, lui, a 31 ans. Que lui reste-t-il ?

D’une part, Hughes assure qu’il est en santé. « Je peux vous dire qu’il a déjà passé son examen médical à Vancouver, a affirmé le directeur général du Canadien, mercredi midi. Il patine. La force dans sa main blessée est presque à 80 %. Est-ce à 100 % ? Non. Mais on s’attend à ce qu’il soit disponible pour jouer et on s’attend à le voir sur la glace [jeudi]. »

Voilà qui clarifie en partie le portrait, car son état de santé était au mieux nébuleux. Il n’a pas joué depuis le 9 novembre, résultat d’une fracture à la main gauche qui a nécessité entre cinq et sept opérations, en raison de complications. Le Vancouver Province avait rapporté, début septembre, que Pearson avait repris l’entraînement sur glace et était en mesure de tirer, mais le joueur lui-même et son entourage restaient discrets.

D’autre part, le 9 novembre, ça fait déjà 10 mois. La marche vers un retour au jeu, à son âge, et sachant qu’il n’a jamais été le plus explosif sur patins, pourrait être longue.

Hughes a toutefois reçu de bons rapports d’Anthony Beauvillier, coéquipier de Pearson chez les Canucks jusqu’à mardi soir. Beauvillier a texté Hughes mardi « pour dire qu’il [Pearson] patine avec l’équipe et qu’il va bien sur la glace », a raconté Hughes.

On n’est pas inquiets. Mais quand quelqu’un n’a pas joué depuis un an et qu’il a eu plusieurs opérations à une main, si ce n’est pas une ligne droite pour son retour au jeu, on va vivre avec.

Kent Hughes, directeur général du Canadien, au sujet de Tanner Pearson

Ce pourrait en effet être compliqué comme retour. Les blessures au poignet peuvent être débilitantes pour les joueurs de hockey ; Jonathan Drouin n’a d’ailleurs marqué que 10 buts en 144 matchs après sa première blessure, en novembre 2019.

De plus, les statistiques de Pearson pour sa saison écourtée 2022-2023 n’ont rien d’emballant pour le CH. Il avait été limité à un seul but en 14 matchs, et les Canucks passaient beaucoup plus de temps en zone défensive. Quand Pearson était sur la patinoire, l’équipe contrôlait 44 % des tentatives de tirs et 43 % des chances de marquer de haute qualité, selon Natural Stat Trick.

À la défense du nouveau venu, les Canucks de l’automne 2022 étaient plus dysfonctionnels que la famille Hilton dans les années 1990, amorçant la saison avec sept défaites de suite.

Quoi qu’il en soit, Kent Hughes et Martin St-Louis ont insisté sur l’expérience de l’ailier de Kitchener. « Ça prend un peu de cheveux gris aussi pour transmettre de l’expérience aux jeunes. On pense que Tanner va amener ça à l’équipe », a dit Hughes.

St-Louis, lui, a franchement admis qu’il connaissait Pearson seulement par son CV. « C’est un gars qui est établi dans la Ligue nationale. Il joue en désavantage, il est bon autour du filet, tu peux lui faire confiance sur la glace. Il a de l’expérience. »

Dvorak en retard

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dvorak

En larguant Mike Hoffman et Rem Pitlick cet été, Hughes croyait avoir réglé en partie son problème de surplus d’attaquants, surtout à l’aile. L’arrivée de Pearson peut donc paraître contradictoire dans cette optique, surtout que le CH compte sur plusieurs attaquants qui débarquent dans les rangs professionnels cet automne. L’arrivée de Pearson bloque-t-elle une porte à un jeune ?

À court terme, le problème est balayé sous le tapis. Hughes a en effet indiqué que Christian Dvorak ne sera pas prêt avant novembre. Le centre a été opéré à un genou en mars et sa présence en début de saison était incertaine.

Hughes assure que le charismatique numéro 28 n’a pas subi de recul dans sa rééducation. « On veut juste s’assurer qu’il soit prêt à 1000 %. On ne veut pas précipiter des retours et repartir dans un cycle comme l’an dernier. »

Avec l’arrivée de Pearson, le Canadien compte 13 attaquants avec des contrats à un volet de la LNH, un chiffre qui inclut Dvorak. À eux s’ajoutent Juraj Slafkovksy et Jesse Ylönen, qui détiennent des contrats à deux volets.

Il y a du monde, mais aussi de la flexibilité si un jeune cause une surprise, assure Hughes. « Il ne faut pas non plus forcer les jeunes à jouer s’ils ne sont pas prêts et qu’ils sont mieux servis de jouer à Laval. Mais si un jeune démontre qu’il mérite une place, on va faire les ajustements nécessaires. »