(Terrebonne) En mai, en marge d’un évènement caritatif au Centre Bell, Geoff Molson a ouvertement parlé de reconstruction.

Ce mot chargé, qu’aucun dirigeant du Canadien n’a jamais voulu prononcer auparavant (de mémoire, à tout le moins), a été entendu par un peu tout le monde… notamment Serge Savard, qui comprend très bien cette nouvelle réalité.

« Je ne peux pas blâmer les dirigeants du Canadien quand ils parlent de reconstruction, a noté l’ancien défenseur et directeur général du club, mardi à Terrebonne, lors du tournoi de golf qui porte son nom. Le Canadien a repêché au premier rang il y a un an, alors quand tu finis dernier, tu parles de reconstruction. C’est normal. »

Serge Savard l’avoue : il a, par le passé, voulu passer des « messages » à la direction, parce qu’il n’aimait pas les chemins empruntés. Mais les nouveaux dirigeants qui sont en place lui donnent espoir quant à l’avenir immédiat de l’équipe.

« C’est une nouvelle administration, alors il faut donner la chance au coureur, a-t-il ajouté. C’est la deuxième année, et on fait toujours des plans d’une durée de trois ou cinq ans. Moi, j’ai confiance en ces gens-là, je pense que l’organisation est beaucoup plus solide qu’elle ne l’était dans le passé.

« La dernière chose que je veux faire, c’est envoyer des messages… j’ai envoyé beaucoup de messages dans le passé, et c’était surtout parce que je n’étais pas heureux de la situation, comme beaucoup de gens. »

La première chose que nomme Serge Savard à ce sujet, c’est l’absence des dépisteurs du Canadien dans les gradins du hockey junior québécois. Ainsi, seulement deux joueurs issus de la LHJMQ ont été choisis par l’actuelle direction lors des deux derniers repêchages.

« Par le passé, poursuit-il, j’ai été très déçu de constater combien l’organisation avait délaissé la LHJMQ. J’étais déçu parce qu’on parle de talents locaux, mais aussi parce qu’historiquement, la LNH a toujours vu la LHJMQ comme une ligue plus faible que les autres, et ça nous donnait un avantage.

« Par exemple, il y a des joueurs qui se retrouvaient à être repêchés plus tardivement que prévu, comme Patrick Roy, qui a été repêché au troisième tour, ou Claude Lemieux, qui a été repêché au deuxième tour. S’il avait joué dans la région de Toronto, je suis convaincu que Claude Lemieux aurait été choisi au premier tour. Alors cette situation-là nous favorisait, et malheureusement, après mon départ, on a beaucoup délaissé le recrutement dans la LHJMQ, comme je l’ai dit souvent. Mais je suis très confiant en vue des années à venir. »

Du reste, Serge Savard comprend très bien que les paramètres ne sont plus les mêmes qu’au moment de la dernière conquête du Canadien, en 1993, alors que c’est lui qui était dans le fauteuil du directeur général.

« Je n’ai pas connu le plafond salarial, et aujourd’hui, c’est une réalité. Moi, la pire décision que j’avais à prendre, c’était d’appeler un joueur que je venais d’échanger… mais aujourd’hui, c’est différent. Tu laisses partir un joueur parce que tu as besoin de libérer 1 million de dollars sur ta masse… le côté humain est moins présent. »

Une autre édition pour le tournoi de golf Serge Savard

Le quatrième tournoi de golf de Serge Savard a été présenté mardi au club Le Mirage à Terrebonne. L’évènement annuel, qui sert à amasser des fonds pour les étudiants-athlètes de l’Université de Sherbrooke, est devenu une source de fierté pour l’ancien du CH.

« J’ai commencé la corporation Études sports il y a 23 ans, a-t-il noté. Il y a environ 300 étudiants-athlètes à l’Université de Sherbrooke, qui ont besoin de 20 heures ou 30 heures d’entraînements par semaine, ce qui les empêche parfois d’avoir un emploi temporaire pour payer leurs études. C’est surtout en soutien à eux qu’on a commencé ça […] J’ai choisi l’Université de Sherbrooke parce que c’est une université très progressiste ; il y a une unité de médecine à Moncton, à Chicoutimi, à Longueuil. Il y a une unité à Moncton parce que les villages francophones du Nouveau-Brunswick n’avaient pas de faculté de médecine. Les étudiants devaient aller étudier la médecine à Montréal, et la plupart ne revenaient pas, alors il n’y avait pas de médecins francophones dans les villages du Nouveau-Brunswick. Ça a fait une différence. »