Il aurait fallu six points de plus aux Sénateurs d’Ottawa pour qu’ils atteignent les séries éliminatoires la saison dernière.

Dans le grand ordre des choses, c’est un bond spectaculaire pour une équipe qui avait accusé des déficits de 27, 34 et 30 points au cours de ses trois dernières campagnes complètes de 82 matchs. Or, personne n’a pu cacher pleinement sa déception à l’ouest de la rivière des Outaouais.

Car à pareille date l’été dernier, l’objectif était clair. Après les acquisitions d’Alex DeBrincat, de Claude Giroux et de Cam Talbot, et vu tout le talent offensif que possédait ce groupe, les attentes étaient élevées dans la capitale fédérale. Un début de saison catastrophique, une pluie de blessures et une série d’ennuis devant le filet ont toutefois décidé du contraire.

Un an plus tard, Thomas Chabot croit que, cette fois, enfin, sera la bonne. DeBrincat a certes été échangé sans que l’organisation n’acquière un joueur de sa trempe en retour, mais d’autres éléments clés se sont joints au groupe. Fait inusité, les Sénateurs ont mis la main sur non pas un, mais deux des joueurs autonomes sans compensation les plus en vue de la saison morte. Le gardien Joonas Korpisalo et l’attaquant Vladimir Tarasenko découvriront ainsi la vie à Kanata. En outre, le défenseur Jakob Chychrun, acquis par le truchement d’une transaction en mars, amorcera sa première saison complète dans son nouvel uniforme.

« L’an dernier, on s’est bataillés jusqu’à la fin. Il restait juste trois matchs à la saison quand on a été éliminés », a rappelé Chabot, jeudi dernier, en marge du ProAm Gagné-Bergeron, match caritatif présenté à Québec.

Va pour la formule mathématique. Ce n’est toutefois pas comme si l’équipe avait été dans le coup du début à la fin de la campagne : après 20 matchs, elle était coincée au 31e rang du classement général.

Même s’il prévient que ce n’est « pas une excuse », le défenseur a fait valoir le grand nombre de blessures subies par des joueurs névralgiques. Lui-même a raté 14 matchs, dont les huit derniers de la saison. Josh Norris a été limité à huit rencontres. Trois fois, Cam Talbot a dû s’absenter pour 9 à 12 matchs. « Ça fait partie de la game », a soufflé le Québécois. Ça fait mal quand même.

À travers ces épreuves, le groupe « apprend à quel point c’est difficile de se classer ». L’expérience des Panthers de la Floride, qui ont atteint la finale de la Coupe Stanley en se qualifiant pour les séries à la dernière minute, doit devenir un exemple.

« Ça nous montre que tout se passe sur la patinoire, qu’une fois rentrés [en séries], tout peut arriver. »

Brèche

« On vieillit tous », a rappelé Thomas Chabot. Lui le premier : il aura 27 ans pendant la prochaine campagne et conclura la première moitié du long et onéreux contrat de huit ans qu’il a signé en 2019.

J’arrive à ma septième saison : à un moment donné, c’est certain qu’on va faire partie des séries.

Thomas Chabot

Il est en effet permis de croire que ça ne pourra pas toujours ne pas arriver… surtout en 2023-2024. La division Atlantique ne fera de cadeau à personne, mais une brèche semble s’ouvrir.

Les Bruins de Boston n’ont toujours remplacé ni Patrice Bergeron, parti à la retraite, ni David Krejci, qui l’imitera vraisemblablement. Le Lightning de Tampa Bay n’a pas non plus remplacé ses joueurs de premier plan partis au cours des deux dernières années. Les Maple Leafs de Toronto ne se sont pas considérablement améliorés. Les Red Wings de Detroit semblent faire du surplace. Les Panthers devront amorcer la saison sans Aaron Ekblad et Brandon Montour.

Aux yeux de Chabot, s’il y a un département qui pourrait faire la différence, c’est le sien. La présence de Chychrun d’entrée de jeu confère aux Sénateurs une défense d’une qualité qui n’a pas été vue depuis longtemps. Et Jake Sanderson est prêt à attaquer sa deuxième saison dans la LNH, lui qui a terminé au deuxième rang chez les défenseurs recrues du circuit avec 32 points en 2022-2023.

« Année après année, si tu regardes les équipes qui gagnent, leur top 4 est solide, a analysé Chabot. Ce sont [ces défenseurs] qui jouent les plus grosses minutes dans un match. On a ajouté Jakob, et Sanderson est tellement talentueux, on dirait qu’il joue dans la ligue depuis 10 ans. On voit qu’on se solidifie, que les morceaux se mettent en place. On s’en va dans la bonne direction. »

En tout respect pour Artem Zub, il n’est pas clair qui compléterait le top 4 si les Sénateurs étaient d’immédiats aspirants à la Coupe Stanley. Mais ils n’en sont pas là non plus.

Encore que les Panthers n’en étaient pas là en août dernier. Ç’a pourtant été leur année. Ça pourrait bien, cette fois, enfin, être celle des Sénateurs.