Les fans du Canadien connaissent désormais un peu mieux Sean Farrell, le meilleur espoir de l’organisation à l’attaque selon une majorité d’observateurs — une liste qui exclut le premier choix au total en 2022, Juraj Slafkovsky, puisque celui-ci jouait dans la LNH à temps plein au moment de sa blessure.

Farrell a même marqué un premier but en carrière, à sa première présence au Centre Bell, jeudi, gracieuseté du gardien des Panthers de la Floride, Alex Lyon, faible sur le tir du jeune homme.

Farrell était considéré comme le premier espoir chez les jeunes attaquants de l’équipe en vertu de sa saison de 53 points en seulement 34 matchs à Harvard, et de sa participation aux Jeux olympiques et au Championnat du monde à seulement 20 ans l’an dernier.

Mais le fan moyen du Canadien connait moins les espoirs dans les rangs collégiaux américains puisque les règles de la NCAA privent ceux-ci de participer aux camps d’entraînement de la Ligue nationale.

Farrell, Hutson et les autres peuvent uniquement prendre part au camp de développement estival de quelques jours en juillet, où il n’y a pas de matchs à l’affiche.

Qui sont les autres ?

Il demeure toujours très périlleux de dresser des listes des meilleurs espoirs. Le plus récent camp d’entraînement du Canadien a d’ailleurs semé une certaine confusion en ce sens. Owen Beck et Filip Mesar, fraîchement repêchés par le Canadien, ont éclipsé Riley Kidney et Joshua Roy même s’ils avaient un an de moins. On les a gardés jusqu’à la fin, ou presque. Beck a eu droit à quatre matchs préparatoires, Mesar trois, contre seulement deux pour Roy et un pour Kidney.

Les points ne font pas foi de tout, mais Beck et Mesar n’ont pas tout cassé dans la Ligue junior de l’Ontario cet hiver.

Beck, un centre repêché au 33e rang, le premier du deuxième tour, en 2022, a commencé la saison en force à Mississauga, avec 41 points en 30 matchs, mais sa production a chuté à 25 points, dont 7 buts, après son échange à Peterborough, pour 66 points en 60 matchs au total.

Mesar, choix de première ronde, 26e au total la même année, n’a même pas un point par match, 51 points, dont 17 buts, en 52 matchs à Kitchener.

Dans l’année qui a suivi son repêchage par le Canadien au cinquième tour en 2021, Roy a amassé 119 points, dont 51 buts, en 66 matchs à Sherbrooke dans la Ligue junior majeure du Québec.

Étant né en juillet 2003, donc l’un des plus jeunes de sa cuvée 2021, il a seulement six mois de plus que Mesar, né en janvier 2004, l’un des plus vieux de la cuvée suivante. Il a toujours 19 ans, comme Mesar et Beck, né en février 2004.

Kidney, lui, a fêté ses 20 ans la semaine dernière. Le plus discret du quatuor au camp d’entraînement vient de connaitre une année phénoménale dans la LHJMQ avec 110 points en seulement 60 matchs, après une saison de 100 points en 66 matchs l’année précédente.

Une grosse production dans les rangs juniors n’ouvre pas la porte à une grande carrière dans la LNH, mais il faut quand même un minimum de production chez les juniors pour espérer produire à un même rythme dans la Ligue nationale.

Aspect intéressant dans le cas de Roy : non seulement a-t-il maintenu une production intéressante chez les juniors cet hiver avec 99 points, dont 46 buts, en 55 matchs, mais il a connu un rôle de premier plan au sein de l’équipe canadienne au Championnat mondial junior.

Il était destiné à un rôle plus défensif, mais il a produit au sein d’un trio offensif avec 11 points en sept matchs, dont des buts opportuns dans des moments critiques, tout en demeurant un élément essentiel dans les situations défensives.

Beck a néanmoins constitué l’heureux élu des quatre lors d’un rappel d’urgence par le Canadien à Ottawa le 28 janvier. Le prochain camp d’entraînement devrait nous fournir plus de réponses.

Comme quoi l’évaluation des espoirs est parfois complexe, l’ailier Emil Heineman, 21 ans, obtenu dans l’échange de Tyler Toffoli, a été blanchi en trois matchs de séries éliminatoires de première division en Suède (SHL), relégué au sein d’un quatrième trio, après avoir marqué 8 buts en 35 matchs en saison régulière.

Heineman est invité à rejoindre le Rocket de Laval de la Ligue américaine, un circuit nettement plus compétitif que la SHL, et le voilà déjà à quatre buts en autant de rencontres avec le Rocket, dominant au sein d’un troisième trio avec Jan Mysak et Pierrick Dubé. Heineman, 6 pieds 1 pouce, avait connu un très bon camp d’entrainement à Montréal, avant de se blesser. L’entraîneur Jean-François Houle, généralement prudent avec les compliments à l’égard des jeunes, a révélé récemment sur les ondes de BPM Sports que son nouveau poulain avait un plafond élevé.

Parmi les autres espoirs à l’attaque, Luke Tuch, 21 ans, un ailier de puissance repêché au deuxième tour en 2020, a 20 points en 39 matchs à sa fiche à Boston University, au onzième rang des compteurs de son équipe. À cet âge, et à sa troisième saison dans la NCAA, on est en droit de s’attendre à une meilleure production pour espérer un joueur offensif dans la LNH.

Il disputera, avec son coéquipier Lane Hutson la demi-finale du tournoi de la NCAA contre l’Université du Minnesota la semaine prochaine. Une fois sa saison conclue, Kent Hughes décidera s’il vaut un contrat ou pas.

Mention aux Rhett Pitlick, (frère de Rem) 22 ans, 24 points en 38 matchs à l’Université du Minnesota, les adversaires de Boston University, Oliver Kapanen, 19 ans, choix de deuxième tour en 2021, 27 points en 55 matchs en première division finlandaise (SM-Liiga), Joël Teasdale, Xavier Simoneau, Vinzenz Rohrer, Cédrick Guindon et Jared Davidson, un peu plus loin dans la hiérarchie.

Injustice envers Lane Hutson ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Lane Hutson (au centre)

Sean Farrell et Lane Hutson n’ont pas été retenus jeudi parmi les trois finalistes au trophée Hobey-Baker, remis annuellement au joueur par excellence dans les rangs collégiaux américains. Ils figuraient au préalable parmi les dix finalistes.

On leur a préféré Logan Cooley, troisième choix au total en 2022, 57 points en 37 matchs à l’Université du Minnesota, dans la puissante section Big Ten, Adam Fantilli, probable deuxième ou troisième choix en 2023, 64 points en 35 matchs à l’Université du Michigan, dans la même section, mais aussi Matthew Knies, coéquipier de Cooley.

La nomination de Knies, 20 ans, un choix de deuxième tour des Maple Leafs de Toronto en 2021, est plus discutable. Cet attaquant de puissance de 6 pieds 3 pouces et 210 livres bénéficiaient d’extraordinaires compagnons de trio en Cooley et Jimmy Snuggerud. Il a terminé au 18e rang des compteurs dans la NCAA avec 41 points en 38 matchs.

Farrell jouait dans une section moins relevée à Harvard, l’ACAC, mais ses 53 points en 34 matchs demeurent impressionnants et son équipe a tout de même maintenu une fiche de 3-2-2 dans les matchs contre des équipes d’autres divisions, dont une nulle contre les puissants Wolverines du Michigan.

L’affront est pire pour Hutson. Il en est à sa première saison dans les rangs collégiaux. Il a terminé au premier rang des compteurs de son équipe même s’il joue en défense, au septième rang de la NCAA, toutes positions confondues, avec 48 points en 38 matchs. Il vient de battre le record de Brian Leetch pour le plus grand nombre de points par un défenseur dans l’année qui suit une sélection au repêchage de la LNH.

Son équipe, Boston University, vient d’atteindre le carré d’as, et affrontera justement l’Université du Minnesota le 6 avril.

Au moins Farrell pourra se consoler en ayant marqué son premier but en carrière dans la LNH le soir même de l’annonce des trois finalistes…

À ne pas manquer

1- Dans un match très peu excitant jeudi soir au Centre Bell, Guillaume Lefrançois a profité du premier but en carrière de Sean Farrell pour évoquer la prise en charge du jeune homme par le vétéran Alex Belzile à l’aube de cette première rencontre au Centre Bell pour la recrue.

2- Katherine Harvey-Pinard raconte la progression du Québécois Jahmyl Telfort, à sa troisième saison avec l’équipe de basket de Northeastern, dans la NCAA.

3- L’actuelle saison morte est plus vivante que jamais dans la NFL. Nicholas Richard offre un compte rendu des changements les plus significatifs, position par position. Aujourd’hui, il est question des joueurs défensifs.