Jahmyl Telfort prend l’appel de La Presse un mardi soir, seule journée de la semaine où il n’a pas de cours. Le Québécois vient de terminer sa troisième saison avec les Huskies de l’Université Northeastern, à Boston, où il étudie en psychologie. Sur le terrain, ses performances lui ont valu une sélection dans la troisième équipe d’étoiles All-CAA.

Le 2 mars dernier, l’entraîneur-chef des Huskies, Bill Coen, a affirmé au Northeastern Global News que Telfort est le « cœur et l’âme du programme » et le « rêve d’un entraîneur ». Ces mots méritent qu’on s’y attarde. La première question étant : qui est donc Jahmyl Telfort ?

Il est le sixième d’une grande famille de neuf enfants ; sept garçons et deux filles. Le clan a habité à Montréal-Nord, puis à Rivière-des-Prairies dans un appartement de trois chambres avant de déménager dans une maison à Boucherville quand Jahmyl avait 5 ans. C’est sur la Rive-Sud que les frères, qui pratiquaient jusque-là l’athlétisme, ont découvert le basketball.

« Les trois plus vieux ont commencé à jouer, donc les quatre plus jeunes, on les a suivis », explique l’athlète de 21 ans, comme s’il était tout à fait habituel que sept membres d’une même fratrie aient opté pour le même sport.

À l’école primaire, Jahmyl Telfort pratiquait surtout le volleyball. Le basketball n’était alors qu’un passe-temps. Son objectif principal se résumait ainsi : être meilleur que son frère Jacob.

« Il n’arrêtait pas de me battre et mes trois plus vieux frères étaient toujours en train de me taquiner en disant : “tu ne pourras pas battre Jacob !” Ça m’énervait. Je voulais juste pratiquer, pratiquer, pratiquer », raconte-t-il.

Quand Jahmyl est entré en 1re secondaire à l’école secondaire De Mortagne, il s’est retrouvé au sein de la même équipe que Jacob. Cette année-là, le basketball a pris une plus grande place dans sa vie. L’été suivant, sa mère l’a inscrit en sport-études.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ NORTHEASTERN

Jahmyl Telfort

Pour nous, c’était juste une bénédiction. On avait la chance d’aller à l’école de 7 h 50 à 12 h, puis d’aller jouer au basket.

Jahmyl Telfort

Après avoir terminé son secondaire à Boucherville, Jahmyl a pris la direction de Toronto en compagnie d’un autre Québécois, Keeshawn Barthélémy. Les amis, qui se connaissaient déjà pour s’être entraînés ensemble à Parc-Extension, ont fait leur 6e secondaire à l’école Thornlea.

Bonjour Boston

L’année suivante, Telfort a pris la direction du New Hampshire afin de faire une 7e année de secondaire dans une école privée (prep school). Puis, les offres universitaires ont commencé à se présenter à lui ; il a arrêté son choix sur Northeastern.

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Jahmyl Telfort

Le personnel d’entraîneurs était vraiment bien et je connaissais trois joueurs. […] Boston, c’est proche de la maison. La famille pourrait venir me visiter. Et c’était une belle école.

Jahmyl Telfort

À sa première saison, Telfort n’a joué que 18 matchs en raison de la pandémie. Il a terminé la campagne avec une moyenne de 11,8 points, 3,8 rebonds et 1,4 passe décisive par match, en plus de réussir 36,6 % de ses tirs de trois points. La situation sanitaire le forçant à rester enfermé dans sa résidence la plupart du temps, l’arrière a pu se concentrer sur le basketball et ses études.

Lors de notre entretien, quelques semaines s’étaient écoulées depuis la fin de la saison des Huskies, la troisième de Telfort en NCAA. Dans une campagne difficile d’un point de vue collectif, le Québécois a excellé. Il a connu les meilleures performances de sa jeune carrière, enregistrant une moyenne de 16,4 points, 4,5 rebonds et 2,2 passes décisives en 30 rencontres. Le 29 décembre, il a inscrit 31 points dans une victoire des siens. Sa polyvalence et son habileté à marquer de différentes façons le distinguent.

« C’est sûr que statistiquement, c’est ma meilleure saison, admet-il. Mais c’était dur aussi parce qu’on ne gagnait pas beaucoup de matchs. On avait une jeune équipe cette année avec six joueurs de première année. »

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Jahmyl Telfort

La NBA dans la ligne de mire

Dans l’article du Northeastern Global News, Bill Coen vantait l’éthique de travail de Telfort, qui se lève à 5 h le matin pour faire des lancers francs. Cette assiduité, le Bouchervillois l’a développée grâce à une combinaison de trois facteurs : « mon père, mes frères et le programme de Parc-Ex », énumère-t-il.

À Parc-Extension, le jeune homme voyait à l’œuvre Luguentz Dort, avec qui il s’est lié d’amitié. Ce même Dort a signé l’an dernier un contrat de cinq ans et 87 millions avec le Thunder d’Oklahoma City.

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Jahmyl Telfort

Quand je voyais Luguentz s’entraîner avec son meilleur ami, Shawn Barhélémy, qui jouait aussi à Parc-Ex… Ces deux-là, ils étaient inséparables. Si tu les regardais toujours s’entraîner, avec Kemy Ossé, tu voyais vraiment que chaque jour, ils travaillaient avec le but de devenir meilleurs que le jour d’avant.

Jahmyl Telfort

Au fil des années, Telfort n’a jamais vraiment pensé à la NBA. Son seul désir était de s’entraîner pour s’améliorer, pour voir jusqu’où son talent le mènerait.

« C’est quand tu entends les gens te parler de la NBA que tu te dis : oh, peut-être que je serais assez bon. Mais ce n’est jamais une chose à laquelle je pensais. »

Soudainement, le rêve de la NBA lui semble accessible.

« Je suis confiant d’y arriver. Si je continue à travailler, que je me mets dans une bonne position, ça va m’aider à atteindre cet objectif. Ce serait une bonne chose. »

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Jahmyl Telfort

Dans le portail des transferts

Jahmyl Telfort a annoncé qu’il entrait dans le portail des transferts ; il quittera donc les Huskies alors qu’il lui reste deux années d’admissibilité. « Je pense juste que c’était le temps de prendre un nouveau step, un nouveau départ, d’aller voir où je peux aller. Mes coachs ont compris », a-t-il expliqué à La Presse.