Le Canadien vient donc d’inviter trois espoirs à joindre son organisation : Jayden Struble, Emil Heineman et Sean Farrell.

Les deux choix de deuxième tour, Struble et Heineman, en 2019 et 2020 respectivement, se sont dirigés directement à Laval. Le dernier choix du quatrième tour en 2020, au 124e rang, Farrell, 21 ans, entre par la grande porte et pourrait même disputer son premier match dans la LNH dans les prochains jours.

Le repêchage peut constituer une curieuse bête. Quelques sites spécialisés avaient prédit à Farrell une sélection dès le premier tour, il y a trois ans. La majorité des experts le voyaient plutôt choisi au second tour.

Farrell venait de connaître une saison de 56 points en 44 matchs avec le Steel de Chicago dans l’USHL, le circuit junior américain.

Mais il avait quelques prises contre lui. D’abord sa taille, 5 pieds 8 pouces et 175 livres. On lui reprochait également un manque d’explosivité pour un joueur de son gabarit. Il était aussi né sur le tard, le 2 novembre, donc constituait l’un des plus vieux joueurs de sa cuvée.

Certains expliquaient la production intéressante de ce garçon originaire du Massachusetts par la qualité de ses coéquipiers. On y retrouvait d’éventuels choix de premier tour tels Brendan Brisson – fils du célèbre agent québécois Pat Brisson – Owen Power, Matt Coronato, Matthew Samoskevich et un choix de début de deuxième tour, Sam Colangelo, une moisson inédite pour une équipe de USHL.

En pleine pandémie cette année-là, Farrell était attablé au Chelios Pub and Grill, à Aurora, dans la grande région de Chicago, avec famille et coéquipiers du Steel, pour assister à ce repêchage virtuel.

Le jeune homme a commencé à s’impatienter à compter du troisième tour. Et à bouillir au tour suivant. Brisson, trois points de plus que lui en saison, avait constitué un choix de premier tour, au 29e rang, par Vegas ; Colangelo s’était retrouvé à Anaheim, à peine sept rangs plus loin.

Personne n’avait pourtant amassé plus de passes que lui chez le Steel l’hiver précédent. Le DG du Steel, Ryan Hardy, a même traversé la rue, d’une loge du Fox Valley Ice Arena, où il se trouvait avec l’autre partie des joueurs de l’équipe, au pub de Chelios pour réconforter son poulain. Il y est resté jusqu’à ce que le Canadien prononce finalement le nom de Farrell avec le dernier choix du quatrième tour.

Une fois le suspense terminé, la journée s’est terminée dans l’allégresse autour de tacos et de margaritas. Et la fierté d’avoir vu une équipe jeter son dévolu sur lui.

Montréal détenait plusieurs choix dans les quatre premiers tours et avait eu le temps de repêcher cinq joueurs avant lui : Kaiden Guhle au 16e rang du premier tour, Luke Tuch et Jan Mysak au second tour et deux joueurs d’écoles secondaires américaines au quatrième tour, Jack Smith et Blake Biondi.

Un peu moins de trois ans plus tard, Guhle était déjà un pilier en défense à Montréal au moment de se blesser, comme on était en droit de s’attendre pour un choix de milieu de premier tour. Luke Tuch (47e), un ailier de puissance et frère d’Alex, l’attaquant des Sabres, vient d’atteindre le Final Four avec Boston University à sa troisième saison dans la NCAA. Il a atteint des sommets cet hiver avec 20 points en 39 matchs. Voyons s’il obtiendra un contrat à Montréal.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Kaiden Guhle

Le tchèque Jan Mysak dispute une première saison complète dans la Ligue américaine, chez le Rocket. Il a six points en 35 matchs, et est désormais loin dans la hiérarchie chez les espoirs.

Jack Smith, un centre de 5 pieds 11 pouces, est perdu dans les méandres du système. Il a conclu sa saison à Minnesota-Duluth avec cinq passes en 24 matchs. Blessé, Blake Biondi s’est contenté de six passes en 17 matchs au sein de la même équipe.

Farrell joint le Canadien après avoir amassé 53 points, dont 20 buts, en seulement 34 matchs à Harvard. Il est l’un des dix finalistes au trophée Hobey-Baker remis au joueur par excellence dans la NCAA.

À sa deuxième et dernière saison dans la NCAA, en 2020-2021, Cole Caufield avait obtenu 52 points en 31 matchs. Il évoluait cependant dans une division plus compétitive avec l’Université du Wisconsin.

Même s’ils ont en commun la petite taille et l’intelligence (Farrell mesure néanmoins 5 pieds 9 aujourd’hui, comparativement à 5 pieds 7 pour Caufield), Farrell et Caufield constituent des joueurs différents. Le premier est surtout reconnu pour ses qualités de passeur, le second comme marqueur.

Sa promotion directe à Montréal, sans passer par la Ligue américaine, est logique. Farrell a ouvert les yeux du milieu l’année après son repêchage avec une production de 101 points en 53 matchs avec le Steel de Chicago. Il est devenu le premier joueur en dix ans à atteindre la centaine de points dans la USHL.

Ses exploits lui ont valu les égards de l’équipe nationale américaine. Il a été invité à prendre part aux Jeux olympiques l’an dernier avec les jeunes premiers Matthew Beniers, Jake Sanderson, Noah Cates, Brendan Brisson et Matthew Knies, entre autres. Il a terminé au premier rang des compteurs de son équipe avec six points en quatre matchs.

Puis Farrell a participé au Championnat mondial, cette fois avec certains joueurs de la LNH, Seth Jones, Matt Boldy, Ryan Hartman, Nate Schmidt, Alex Galchenyuk, Adam Gaudette, et aussi les espoirs Luke Hughes et Thomas Bordeleau. Il a pris le deuxième rang des compteurs du club avec six points en dix matchs.

Montréal accueille un joueur talentueux, mais aussi aguerri dans une certaine mesure.

Harvey-Pinard, mais aussi Ylönen

Rafaël Harvey-Pinard et Jesse Ylönen ont été cédés au Rocket de Laval sur papier à la date limite des échanges pour leur permettre de joindre l’équipe en prévision des séries éliminatoires. Ils auraient été les plus vulnérables avec l’arrivée de Sean Farrell selon le plan initial, mais non seulement ne dérougissent-ils pas avec le Canadien, mais le Rocket risque aussi de rater le détail.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Jesse Ylönen

Avec ses trois buts samedi, tous dans le second engagement, Harvey-Pinard, 24 ans, a porté son total à douze en seulement 29 matchs, au sixième rang des buteurs chez le Canadien. Il a même joué 20 minutes ou plus à trois reprises lors des neuf dernières rencontres du CH.

Ylönen, 23 ans, est un peu plus discret, mais avec quatre buts à ses cinq derniers matchs, et une foule de petits gestes efficaces sur la glace, le voilà à 14 points en 30 matchs, trois de moins seulement qu’Harvey-Pinard, en un match de plus.

Le Finlandais a d’ailleurs amassé 12 points à ses 19 derniers matchs, contre 8 pour Harvey-Pinard au cours de la même période, mais le Québécois a néanmoins eu un impact plus important sur l’équipe ces dernières semaines.

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