C’est un Julien Gauthier souriant qui se présente devant les médias pour une mêlée de presse intime, samedi matin, dans l’hôtel du centre-ville où logent les Sénateurs d’Ottawa.

Souriant parce le colosse natif de Pointe-aux-Trembles jouera devant une vingtaine de proches au Centre Bell, en soirée, contre le Canadien. Mais souriant aussi parce qu’il obtient le nouveau départ qu’il souhaitait depuis longtemps, lui qui cherchait sa place chez les Rangers de New York.

En avril dernier, lors d’une visite du Canadien à New York, Gauthier déplorait le peu de communication des Rangers à son endroit. Visiblement, la situation n’avait guère évolué, jusqu’à ce que les New-Yorkais l’échangent aux Sénateurs la semaine dernière.

Ce n’est pas évident quand personne ne te parle, que tu n’as pas de temps de glace ni de rôle défini. Là, ça fait du bien d’avoir un nouveau départ. Je remercie quand même les Rangers, ça a été une belle expérience, mais c’est le fun de continuer avec une jeune équipe et d’avoir la confiance des entraîneurs.

Julien Gauthier

Gauthier disputera samedi son troisième match dans son nouvel uniforme. Vendredi, en Caroline, l’ancien choix de 1er tour a eu droit à 11 minutes de jeu. Rien pour écrire à sa mère, direz-vous, mais pour un joueur qui en jouait à peine huit par match à New York, et seulement quatre à son dernier match avec les Rangers, c’est une belle amélioration.

En deux sorties avec sa nouvelle équipe, Gauthier a obtenu trois tirs et distribué quatre mises en échec. Ce bout-là demeure important pour un gars de 6 pi 4, 224 lb, qui est lié par la bande à la famille Rougeau.

« Ils m’ont dit que j’allais avoir la chance de me faire valoir. Je dois travailler fort, démontrer ce que je peux faire, patiner, frapper, aller au filet », résume-t-il.

Les Sénateurs avaient congé d’entraînement samedi matin, puisqu’ils sont arrivés à l’hôtel vers les 2 h cette nuit. Impossible, donc, de savoir à quoi ressemblera leur formation, d’autant plus que D. J. Smith a indiqué qu’il y avait quelques cas incertains dans son camp. Mais en fin de match vendredi, Gauthier était employé au sein d’un trio avec son compatriote et ancien coéquipier des Sea Dogs de St. John’s Mathieu Joseph.

L’unique certitude : le gardien géant Mads Søgaard défendra le filet des Sénateurs, un bon incitatif pour apprendre le raccourci pour écrire le « o » barré. Sur un Mac, touches « Option » et « O » en simultané, pour les curieux.

Des équipes à doubler

Les Sénateurs débarquent à Montréal en drôle de position au classement. Ils sont à six points de la dernière place donnant accès aux séries, un écart dur à combler avec moins du tiers de la saison à jouer. Mais ils n’ont disputé que 57 matchs, soit trois de moins que les Capitals — déjà en mode vendeur — quatre de moins que les Panthers et cinq de moins que les Islanders. Toutes des équipes qu’ils doivent doubler.

Le problème, c’est que les Penguins, les Sabres et les Red Wings sont également dans le portrait, eux aussi avec 57 matchs joués. Ça fait donc beaucoup d’équipes à devancer, une tâche pas toujours facile dans un système où une équipe qui perd en bris d’égalité obtient tout de même un point.

Pas évident, donc, pour le directeur général, Pierre Dorion, de choisir s’il vend ou s’il achète. Le portrait sera plus clair à la date limite, le 3 mars ; les Sénateurs disputent quatre matchs d’ici là, dont deux face aux Wings, des rivaux directs dans cette course.

Le classement peut-il servir à D. J. Smith pour motiver ses hommes, dans ce contexte ? « Pas vraiment. Dans notre monde d’aujourd’hui, où l’information est facilement accessible, les gars connaissent bien les scénarios sur la table, a expliqué l’entraîneur-chef.

« On joue très dur. On vient d’affronter les deux meilleures équipes de la LNH, soit les Bruins et les Hurricanes. On a travaillé très fort dans ces deux matchs, on a eu nos chances de marquer. On n’a juste pas fini le travail en avantage numérique. Mais l’effort à 5 contre 5 était là. On sait ce qui nous attend, on veut finir février au-dessus de ,500 et il nous reste trois matchs pour y arriver. »

« Que ton équipe ait du succès ou pas, tu ne veux jamais voir des gars partir, tu veux bâtir ton équipe, a rappelé le défenseur Thomas Chabot. On veut forcer Pierre à aller chercher des atouts pour nous aider à rentrer en séries. »