(Montréal) Avant de rencontrer une poignée de journalistes mercredi midi au Centre 2102 à Verdun, la hockeyeuse Marie-Philip Poulin ne pouvait dire, précisément, combien de matchs elle avait joués contre les États-Unis avec l’équipe du Canada ni le nombre de points qu’elle avait amassés en carrière avec la formation nationale. Par contre, elle savait très bien qu’elle a deux rendez-vous, la semaine prochaine, contre des rivales qui, encore aujourd’hui, l’inspirent et la motivent au plus haut point.

Si un pépin ne survient pas d’ici là, Poulin jouera ses 81e et 82e matchs en carrière contre les États-Unis lundi et mercredi, à Trois-Rivières et à Laval respectivement, dans le cadre de la Série de la Rivalité.

Malgré tous ses matchs et les nombreux exploits qu’elle a réalisés au fil de sa carrière face aux Américaines, Poulin a parlé mercredi comme une athlète qui n’est pas encore rassasiée par une rivalité qui s’étale sur plus de trois décennies.

« La flamme est encore vive. […] Pour moi, de pouvoir mettre ce logo-là (la feuille d'érable) pour pouvoir jouer contre les États-Unis, c’est quelque chose qui m’allume à chaque jour », a affirmé Poulin, qui était assise à une table d’une petite salle de réunion en compagnie de ses coéquipières Ann-Renée Desbiens, Laura Stacey et Emerance Maschmeyer.

« De savoir que tu as la chance de jouer avec les meilleures et contre les meilleures, c’est pour ça que tu t’entraînes. C’est pour ça que tu fais une répétition d’extra, c’est pour ça que tu vas sur la glace tard le soir, des fois », a ajouté Poulin.

Si l’athlète de 31 ans de Beauceville a admis ignorer certaines de ses statistiques individuelles, elle n’a pas eu trop de difficultés à retracer son premier match en carrière face à la formation américaine.

« C’était en 2009, en premier Championnat du monde. En Finlande, je crois », a-t-elle déclaré, sans se tromper sur le pays.

Et c’est sur la glace, lors de cette première expérience, qu’elle a réalisé tout le cachet de ce qui est devenu l’une des rivalités les plus exaltantes en Amérique du Nord, tous sports confondus.

« Quand tu mets le logo et que tu embarques sur la glace, à ce moment-là, tu réalises que c’est plus gros que tu penses. C’est très cool de faire partie de quelque chose comme ça », a ajouté Poulin.

Bien qu’elle n’ait participé qu’à 18 parties contre la formation américaine, Desbiens peut aussi témoigner de l’ivresse liée à ce genre de duels.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Ann-Renée Desbiens

« Je ne pensais pas que ça pouvait devenir de plus en plus intense après chaque match. Mais à chaque fois, on ne sait pas comment ça va finir, c’est toujours physique, avec des matchs serrés », a déclaré Desbiens, l’une des trois gardiennes de but de l’équipe canadienne.

La Série de la Rivalité met en présence les deux meilleures nations du hockey féminin dans une confrontation de sept matchs, façonnée sur trois volets.

Les trois premières parties ont été jouées entre le 15 et le 20 novembre — les deux premières en Colombie-Britannique, l’autre à Seattle — et ont été gagnées par les États-Unis 4-3 en tirs de barrage, 2-1 et 4-2.

Les deux rencontres suivantes ont eu lieu à Henderson, au Nevada, et à Los Angeles, environ un mois plus tard, et les Canadiennes ont arraché chaque fois des victoires de 3-2, la deuxième en prolongation.

Voilà maintenant que le Québec sera le théâtre des deux dernières parties de cette série qui sert aussi de préparation, pour les deux équipes, aux Championnats du monde de hockey féminin qui se tiendront du 5 au 16 avril à Brampton, en Ontario.

L’attrait de ces deux matchs est d’autant plus grand pour Poulin et Desbiens que ce seront les deux premières parties à être présentées au Québec entre les deux équipes depuis le 22 octobre 2017, dans la ville de Québec.

En fait, il s’agira seulement des septième et huitième duels entre le Canada et les États-Unis à avoir lieu au Québec.

« C’est un honneur de jouer au Québec, évidemment je suis originaire d’ici. Je vais avoir beaucoup de famille et amis qui vont venir », a noté Desbiens, qui est originaire de Clermont, une municipalité située dans la MRC de Charlevoix-Est.

« Pour tous les spectateurs, c’est la chance de voir le niveau (de jeu), l’aspect physique, et aussi une série qui est très serrée, à 3-2 présentement. On a hâte de voir les fans dans les arénas, les petites filles, les petits garçons et d’inspirer les prochaines Marie-Philip Poulin ou Laura Stacey à représenter le Canada », a ajouté Desbiens.

Par ailleurs, Poulin pourrait profiter de l’un des deux matchs au Québec pour atteindre le plateau des 200 points avec l’équipe canadienne. Elle n’a besoin que d’un point pour réaliser l’exploit.

« Je ne savais même pas ! Je ne serai pas capable de dormir, là ! », a-t-elle lancé en riant de bon cœur.

« Ça fait chaud au cœur d’entendre ça. Je veux gagner, ça va être la première affaire. Si ça arrive, ça arrive. Et si ça arrive, ça va être cool devant la famille et tout », a ajouté Poulin.

Le match de lundi à Trois-Rivières sera présenté à guichets fermés, ont annoncé les responsables de Hockey Canada.

Il semble que la vente de billets en vue du match à Laval va bon train, mais les responsables de Hockey Canada ne pouvaient donner de chiffres précis, mercredi après-midi.