C’est un Jarred Tinordi de bonne humeur qui sort de la partie privée du vestiaire des visiteurs pour venir s’entretenir avec les journalistes, mardi matin.

Une visite au Centre Bell, pour lui, ça vient avec bien des souvenirs. C’est ici qu’il a fait ses premiers pas dans la Ligue nationale, c’est ici qu’il a connu la folie des séries éliminatoires pour la première fois de sa carrière, en 2013. Ça, c’était quand il portait l’uniforme du Canadien en tant qu’ancien choix de 1er tour de l’équipe.

C’est aussi ici qu’il a joué une seule fois à titre de visiteur, un certain 10 mars 2020, soit le dernier match disputé au Centre Bell avant que la pandémie ne mette fin à la saison. « On allait ensuite à Toronto et la ligue avait tout arrêté ! », se souvient-il.

Tinordi jouait alors pour Nashville, mais le voici dans l’uniforme des Blackhawks de Chicago, adversaires du Tricolore mardi soir. À 30 ans, bientôt 31 ans, il obtient enfin ce qu’il vise depuis tant d’années : un poste permanent dans la LNH.

Le match de mardi sera son 27e de la saison. Son sommet personnel en une saison est de 28, sommet qu’il aurait déjà franchi s’il n’avait pas été blessé deux fois. Car au sein d’une équipe en pleine reconstruction, le grand défenseur n’a jamais sauté son tour quand il était en santé. Il joue en moyenne 16 min 35 s par match, et ses 13,35 mises en échec par tranche de 60 minutes lui valent le 6e rang chez les défenseurs de la Ligue nationale.

« C’est un gros gars robuste, fort, qui nous donne une présence physique, a vanté l’entraîneur-chef des Blackhawks, Luke Richardson, après l’entraînement matinal. Il sait comment faire son travail. Il est revenu au dernier match, il a donné une grosse mise en échec, ce qui a déclenché une bagarre. Et il revient de deux chirurgies faciales, donc ça montre son courage. On a ensuite marqué, ça nous a donné de l’élan. »

Tinordi espère quant à lui apprendre de son entraîneur-chef, qui a connu une carrière de 1417 matchs à pratiquer le même style robuste et peu offensif.

« C’est bien d’avoir un coach qui a joué longtemps, il comprend le jeu, a noté Tinordi. J’en ai parlé à Jeff Petry, il l’a adoré ici. Tout le monde l’a aimé. C’était une bonne situation et je peux beaucoup apprendre de lui. »

Transaction et ballottage

Mine de rien, c’est une septième organisation de la LNH pour le colosse de 6 pi 6 et 229 lb, un parcours atypique pour un joueur réclamé au 22e rang dont on espérait beaucoup à Montréal.

En janvier 2016, le CH démissionnait sur son cas en l’échangeant aux Coyotes. Quelques semaines plus tard, la LNH le suspendait 20 matchs pour dopage. Ont suivi des passages chez les Penguins, les Predators, les Bruins et les Rangers. Ces derniers l’ont soumis au ballottage au terme du dernier camp d’entraînement, et les Blackhawks l’y ont réclamé.

« C’était bien, c’était une autre chance de rester dans cette ligue », décrit-il.

« Ma carrière ne s’est pas déroulée comme je l’avais envisagée. J’ai eu des hauts et des bas, peut-être plus que la majorité des joueurs. Chacun a son propre parcours. Mais je suis fier d’être dans ce vestiaire et de jouer ce soir. Je suis fier de la façon dont j’ai géré certaines situations difficiles, même si j’aurais pu agir différemment par moments. Ça ne sert à rien d’avoir des regrets sur le passé. »

Une recrue devant le filet

Avec Seth Jones, Jack Johnson, Connor Murphy et Jake McCabe, les Blackhawks comptent tout de même sur une brigade défensive expérimentée, comparativement au Canadien et à ses trois recrues attendues dans la formation mardi.

C’est toutefois devant le filet que ça se complique, en l’absence d’Alex Stalock. Petr Mrazek présente des statistiques dignes des gardiens des années 1980 (moyenne de 3,95, efficacité de ,885) si bien qu’il se contentera du rôle de réserviste face au Tricolore.

Richardson enverra donc la recrue Jaxson Stauber devant le filet. Il s’agira d’un quatrième départ dans la LNH pour le jeune homme de 23 ans, jamais repêché et formé à Providence College, dans la NCAA.

PHOTO JAMIE SABAU, USA TODAY SPORTS

Jaxson Stauber (30)

Avec une victoire, Stauber aurait le quart du chemin de fait en route vers le record de Patrick Lalime de 16 départs de suite, en début de carrière, sans subir de défaite. Stauber montre une fiche de 3-0-0 jusqu’ici.

Jonathan Toews, malade selon la version officielle, est présentement à Chicago et ne participera pas au match.

Il n’y aura pas de Toews, mais il y aura trois Johnson, soit Tyler, Jack et Reese, de même que deux Jones, les frères Seth et Caleb. Si Abbott et Costello décrivaient ce match, ils s’amuseraient comme larrons en foire.

Formation attendue des Blackhawks

T. Johnson-Dickinson-Kane
Kurashev-Domi-Raddysh
Athanasiou-Lafferty-Blackwell
Katchouk-Entwistle-R. Johnson

McCabe-S. Jones
J. Johnson-Murphy
Tinordi-C. Jones

Stauber