L’un fait tout pour quitter le banc le plus souvent possible, l’autre se fait un plaisir d’y rester. Les frères Peter et Anastasio Abbandonato vivent tous deux de leur passion respective… ensemble.

Le hockey est bien souvent une histoire de famille. Au fil des années, on a vu les Stastny, les Sedin, les Benn, les Staal à l’œuvre. Mais le phénomène est rare.

S’il est extrêmement difficile d’atteindre les niveaux professionnels, il est encore plus difficile de le faire à deux. La plupart du temps, un seul membre d’une même fratrie y arrive.

Chez les Abbandonato, natifs de Laval, c’est Peter qui a percé sur la patinoire. Son frère, Anastasio, se destine quant à lui à une belle carrière dans le domaine de la gestion d’équipement ; le voilà depuis septembre au sein de la même organisation que son frère, le Rocket. La Presse a rencontré les frangins entre les murs de la Place Bell, après un entraînement.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Peter Abbandonato

Peter Abbandonato s’est entendu avec le Rocket en juillet 2021. Avant ça, il avait passé deux ans dans l’organisation du Crunch de Syracuse. Et avant ça, il avait passé quatre ans chez les Huskies de Rouyn-Noranda, avec lesquels il a gagné la Coupe Memorial.

Pendant tout ce temps, son frère, Anastasio, était toujours derrière lui pour l’encourager.

J’ai suivi mon frère toute ma vie, même quand j’étais pee-wee. J’allais à tous ses matchs […]. J’étais juste un gros partisan de mon frère.

Anastasio Abbandonato

Anastasio, l’aîné à 26 ans, a lui aussi longtemps souhaité atteindre un jour la LNH. Il a d’ailleurs joué jusqu’au niveau junior AA. Mais comme bien d’autres, il a un jour réalisé qu’il n’était « pas assez fort ». Il s’est donc donné un nouvel objectif : celui de travailler dans le monde du hockey. Il a étudié en marketing et en gestion du sport pour tenter le coup comme agent. Il a aussi essayé l’arbitrage et le coaching.

« [En 2019], un des entraîneurs à McGill m’a proposé d’être gérant à l’équipement pour l’équipe et je suis tombé en amour avec le poste », relate-t-il.

Il y a passé trois saisons jusqu’à ce que les deux frères apprennent, à l’été 2021, que le gérant à l’équipement des Huskies de Rouyn-Noranda quittait son poste. C’est là que Peter a pris les choses en main et proposé la candidature de son frère au directeur général, Marc-André Bourdon, qu’il connaît bien.

« Ils ont fait des entrevues avec Staz [Anastasio] et ça a fonctionné, explique Peter. C’est sûr que j’ai joué quatre ans à Rouyn. Staz m’a quand même suivi, il est venu me voir plusieurs fois, il me textait tout le temps. La famille a grandi dans la culture de Rouyn-Noranda. Quand il est parti là-bas, il savait déjà ce que c’est d’être un Huskies. »

En Abitibi, Anastasio logeait en pension chez la même famille que son frère à l’époque.

« Travailler avec une équipe comme celle de Rouyn-Noranda, où mon frère a vécu de grosses choses, où il a gagné des coupes… C’était un grand honneur », dit-il.

Ensemble chez le Rocket

On se transporte à l’été dernier. Après avoir monté en grade des Lions de Trois-Rivières au Rocket en cours de saison, Peter Abbandonato a signé une nouvelle entente à un volet avec l’équipe. Anastasio, lui, venait d’écouler sa première année avec les Huskies.

Les frangins étaient en vacances quand Peter a reçu un texto du gérant à l’équipement du Rocket, Simon Payette : « Qu’est-ce que t’en penserais si ton frère restait à Laval ? »

« De quoi tu parles ? », a répondu l’attaquant.

En quelques jours, c’était réglé : Anastasio Abbandonato devenait le troisième maillon à l’équipement du Rocket, après Simon Payette et Jean Huynh. Il est donc responsable, notamment, de préparer le banc pour les entraînements et de faire le lavage. Lors des matchs, il agit à titre d’assistant au vestiaire de l’équipe visiteuse ; il l’aide pendant tout le match.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Anastasio Abbandonato (à droite)

Les deux hommes, qui ont toujours été proches, se côtoient donc à longueur de journée au sein de la même organisation professionnelle, à la maison qui plus est. Ils habitent d’ailleurs ensemble chez leurs parents, à Laval. « Je ne sais pas si tu connais les Grecs et les Italiens, mais ça reste à la maison pour un bon bout ! », s’exclame Peter en riant.

Bien sûr, quand ils mettent le pied dans l’amphithéâtre, les frérots gardent en tête le fait qu’ils sont chacun des professionnels de leur domaine respectif.

« Je le laisse faire ses choses, et moi, je fais les miennes, souligne Anastasio. S’il est sur la glace et que je prépare les bouteilles, on se parle un peu. »

« Ce matin, on prenait le déjeuner ensemble, ajoute Peter. C’est quand même nice ! »

Après les montagnes russes, la stabilité

Avec le surplus d’attaquants chez le Rocket en début de saison, Peter Abbanadonato a été laissé de côté lors des six premières rencontres. « Comme joueur, tu te poses des questions : qu’est-ce qui va arriver ? Est-ce que je vais descendre [dans l’ECHL] ? Je travaillais tout le temps fort lors des entraînements et j’étais toujours un gars positif dans le vestiaire, même si je ne jouais pas. J’encourageais les gars. » Quand il a eu sa chance, l’attaquant de 24 ans a saisi l’occasion : il a accumulé 30 points en 37 rencontres jusqu’ici cette saison. Après des années en montagnes russes, à partager son temps entre l’ECHL et la Ligue américaine, le Lavallois peut maintenant se permettre d’espérer décrocher un contrat à deux volets à la fin de la saison. « Je prends ça une journée à la fois. C’est le rêve, de jouer dans la Ligue nationale », laisse-t-il tomber.