De toute évidence, Nick Suzuki et Rafaël Harvey-Pinard ont du plaisir à jouer ensemble, et il se trouve que ce plaisir ne date pas d’hier. En fait, il date d’un camp à Las Vegas.

Ce qui se passe à Vegas doit rester à Vegas, dit-on ? Visiblement, Suzuki n’a pas eu le mémo, car c’est lui qui a choisi de révéler ce savoureux détail mardi soir, dans le vestiaire du Centre Bell. « Je ne sais pas si plusieurs personnes sont au courant, mais Rafaël et moi, on se connaît depuis le camp des recrues de 2018 à Vegas », a lancé le capitaine.

Pardon ?

Eh bien, oui. Après vérification auprès d’une source généralement bien informée, c’est-à-dire Harvey-Pinard lui-même, il nous a été permis de confirmer qu’en effet, les deux ont jadis eu l’occasion de jouer ensemble il y a presque cinq ans. Ce qui explique peut-être leur belle cohésion de mardi soir, alors que Harvey-Pinard a été promu sur le trio de Suzuki à compter de la deuxième période du match contre les Sénateurs d’Ottawa.

Mais avant tout, un peu de contexte.

À l’été 2018, Suzuki débarque au camp des recrues des Golden Knights, lui qui venait à peine d’être un choix de premier tour du club lors du repêchage de 2017. Harvey-Pinard débarque là lui aussi, mais à titre de joueur invité, sur la chaude recommandation de Raphaël Pouliot, dépisteur des Golden Knights et, incidemment, fils de Mario Pouliot, le même qui l’avait dirigé chez les Huskies de Rouyn-Noranda, dans la LHJMQ.

Au repêchage de 2017, justement, le petit attaquant québécois était assis dans les gradins, en attendant en vain que quelqu’un prononce son nom.

« Je savais que si je n’étais pas repêché en 2017, j’allais avoir différentes options pour aller à différents camps par la suite, a-t-il raconté mardi soir. Alors j’ai choisi d’aller à Vegas, et Nick était déjà là, parce qu’il venait d’être repêché par eux un an plus tôt. »

C’est là que les deux joueurs ont eu l’occasion de patiner et de jouer ensemble. Selon Harvey-Pinard, même lors de ces brefs moments, il y a eu des étincelles entre les deux.

« On a eu le temps de disputer quelques matchs ensemble, et je me souviens que ça avait quand même cliqué sur la glace entre nous deux… Je m’en rappelle, mais ça m’étonne que lui aussi s’en rappelle ! »

Parce que oui, Suzuki s’en souvient très bien.

Il joue de la bonne manière, alors la plupart du temps, je sais déjà où il sera sur la glace !

Nick Suzuki

Ce sont les Golden Knights qui auraient pu finir par profiter de cette complicité, mais finalement, le duo n’aura pas eu l’occasion de patiner dans le chandail noir et or bien longtemps.

Échange

Harvey-Pinard a fini par être retranché, ce qui l’a un peu pris par surprise (« Ça s’était super bien passé lors de ce camp-là pour moi, je pensais même que j’allais peut-être avoir une chance de signer un contrat avec eux autres », dira-t-il mardi soir), et Suzuki, lui, n’a jamais eu la chance de prendre part à un seul match de saison dans le désert.

En lieu et place, les Golden Knights ont choisi de l’échanger au Canadien en septembre 2018, dans le cadre de la désormais célèbre transaction de Max Pacioretty. Une nouvelle qui était tombée en pleine nuit et qui avait surpris bien du monde… dont les joueurs au camp des recrues à Vegas.

« Tout le monde était sous le choc un peu quand c’est arrivé, s’est souvenu Harvey-Pinard. Le lendemain matin, on s’est réveillés et on ne comprenait pas. Nick connaissait un bon camp, en plus. Il avait une belle vision du jeu, c’était un joueur intelligent. On pouvait déjà voir son talent à ce moment-là. »

Mais la direction des Golden Knights n’a pas vu la même chose, comme elle n’a pas vu la même chose dans le cas de Harvey-Pinard, qui sera finalement repêché par le Canadien l’année suivante, en 2019, avec un choix de septième tour. Quelques semaines auparavant, d’ailleurs, Harvey-Pinard et Suzuki s’étaient affrontés dans le cadre de la Coupe Memorial, respectivement dans les uniformes des Huskies de Rouyn-Noranda et du Storm de Guelph.

Alors voilà. Pour le joueur de 24 ans, il s’agit d’un excellent rebondissement à ce récit, qui ne fait pourtant que commencer. « Finalement, on peut dire que tout ça n’est pas arrivé pour rien… »