De l’attaque à la tonne. Des buts en avantage numérique. Un spectacle passionnant pour les partisans. Des lacunes en défense… mais une victoire quand même.

Ce n’est probablement pas ce qu’ils avaient en tête au moment d’amorcer la rencontre, mais les joueurs du Canadien ont rendu hommage à P.K. Subban à leur façon en disputant un match à l’image des quelque sept années qu’a passées le défenseur à Montréal. Sans être parfaits, mais avec passion et acharnement, et surtout avec une célébration en tombée de rideau, au terme d’un triomphe de 4-3 sur les Predators de Nashville.

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Ce gain, on l’a compris, a fait du bien à tout le monde. Parce que ça n’arrive pas souvent, évidemment. Mais encore davantage en raison « de la manière » dont il a été acquis, comme l’a souligné l’entraîneur-chef Martin St-Louis, après la rencontre.

Ç’a commencé, cette fois, à la bonne heure. On prend la peine de le spécifier, car c’est tout sauf courant, particulièrement à domicile. « Je ne sais même pas c’était quand la dernière fois qu’on avait marqué un but en première période au Centre Bell », a lancé le gardien Samuel Montembeault. On n’a pas tiqué sur le moment, mais la vérification des faits est saisissante : ce n’était pas arrivé depuis le 22 novembre.

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« J’ai aimé notre énergie dès le début », a souligné Cole Caufield. On se gardera une gêne avant de conclure que c’est la présence de Subban dans l’édifice qui a inspiré les joueurs du CH – aucun des joueurs en uniforme jeudi n’avait joué avec lui. Mais force est de croire que son message, livré avant la rencontre, a résonné. « Ces gens vont vous aimer si vous laissez tout ce que vous avez sur la patinoire », avait-il dit au micro.

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Tanner Jeannot et Arber Xhekaj

Bien que les Predators aient inscrit le premier but, le Tricolore a connu sa meilleure période sur le plan offensif de la saison. Le site spécialisé Natural Stat Trick a calculé qu’à cinq contre cinq, le Canadien avait généré 2,03 buts attendus, un sommet après 126 périodes (42 matchs). En réalité, la Flanelle avait atteint ce total à peine une fois sur trois pour un match entier.

Les Preds avaient joué la veille, et on n’a pas voulu leur donner le temps de reprendre leur souffle, a raconté Montembeault. « Ç’a fait la différence rapidement. »

Quelques rayons

Ajoutez à cela deux buts en avantage numérique, une première à domicile cette saison, et une escouade d’infériorité numérique parfaite en trois occasions, et ça ressemble drôlement à du beau boulot.

Défensivement, ce n’était pas un chef-d’œuvre, mais passons pour cette fois ; on aura largement la chance d’en reparler.

Mine de rien, même si le Tricolore n’est toujours pas les Red Wings de Detroit de 1995-1996 – ou les Bruins de Boston de 2022-2023, au choix –, quelques rayons de soleil filtrent après des semaines très sombres.

Jake Evans, constant par son intensité, a obtenu un quatrième point en quatre matchs. « Il se trouve peut-être dans une meilleure chaise qu’au début de la saison, et il le mérite. Il saisit la chance qui se présente à lui », a dit St-Louis à son sujet.

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Jake Evans

Jonathan Drouin a pour sa part obtenu trois mentions d’aide. Non seulement ça lui fait 6 points en 7 matchs, mais il se retrouve au quatrième rang du club pour les points en avantage numérique cette saison (6).

Jordan Harris, même s’il ne noircit pas la feuille de pointage, a connu un très fort match. Opposé à certains des meilleurs éléments adverses, il s’est retrouvé sur la glace pour pas moins de 32 tentatives de tir de son club à cinq contre cinq, un sommet chez le CH. Toutes situations confondues, il a disputé plus de 21 minutes, et ce, même si son entraîneur avait opté pour une formation à sept défenseurs.

Samuel Montembeault, lui, a finalement été récompensé après une bonne performance. Sa dernière victoire, a-t-il fait remarquer, remontait au 19 décembre en Arizona. Son taux d’efficacité est aussi remonté au-dessus de la barre symbolique des ,900.

Sommet pour Slafkovsky

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Juraj Slafkovsky

Celui dont les réalisations méritent le plus d’être soulignées, c’est probablement Juraj Slafkovsky. Son temps de glace de plus de 16 minutes est devenu un sommet personnel, mais c’est surtout par son engagement qu’il a retenu l’attention. Pendant une présence d’anthologie, en deuxième période, il a bloqué deux tirs et défendu sa zone comme si sa vie en dépendait.

« Ça fait partie du jeu, a-t-il commenté. Ce n’est rien de spécial, je suis prêt à tout pour aider l’équipe à gagner. Je ne savais pas qu’il viserait mon pied, toutefois. Mais j’ai de grands pieds, ils sont durs à manquer ! »

Il s’est surtout dit satisfait que son intensité ait pu donner de l’énergie à ses coéquipiers. Énergie déjà alimentée par des partisans particulièrement en voix, par ailleurs.

« C’était bien de voir la foule nous encourager aussi bruyamment, a encore dit le gros ailier. [Le Centre Bell] est un endroit génial pour jouer au hockey. Si tu donnes tout sur la glace, [les partisans] vont t’aimer pour toujours. »

Un journaliste lui a fait remarquer qu’il avait bien mémorisé la phrase de P.K. Subban. « Je suis un gars brillant, vous savez », a-t-il répondu en riant.

Ça fait une drôle de conclusion. Mais c’était sans doute la soirée pour ça, alors on la prend telle quelle.

En hausse : Justin Barron

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Justin Barron

À son retour au jeu, et dans un rôle de soutien, le jeune homme s’est très bien défendu et a pu montrer ses capacités à générer de l’attaque. Trois de ses quatre tentatives de tir ont atteint la cible.

En baisse : Kirby Dach

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Kirby Dach

Il a écopé d’une 15punition mineure en première période. Cela le place, de loin, au premier rang chez les attaquants de l’équipe, et au 10échelon chez les attaquants de toute la LNH. C’est trop, surtout pour un joueur qui force beaucoup moins souvent l’adversaire à être puni en retour.

Le chiffre du match : 25

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Cole Caufield

Cole Caufield a inscrit ses 24e et 25buts de la campagne. Le plateau des 30 semble maintenant une formalité pour lui, ce que le Tricolore n’a pas vu depuis la saison 2018-2019. Notons par ailleurs qu’il n’a pas obtenu de mention d’aide au cours des 22 derniers matchs, soit depuis le 23 novembre.

Ils ont dit

Tu vois [que Juraj Slafkovsky] commence à être plus [à l’aise] dans des situations qui ne sont pas nécessairement offensives, à jouer sans la rondelle. Bloquer des lancers et bien jouer défensivement, ça fait partie du jeu. Je suis content qu’il prenne ça au sérieux.

Martin St-Louis

J’ai aimé ça. Est-ce que je le ferais tout le temps ? Je ne sais pas. Ce n’est pas dur à gérer. Aujourd’hui, ç’a porté ses fruits.

Martin St-Louis, au sujet de la formation à 11 attaquants et 7 défenseurs

Je suis content de la victoire, mais bien plus content de la manière dont on a gagné. Le désavantage numérique et l’avantage numérique ont été solides, on a été bons à cinq contre cinq, la première période a été incroyable, alors que c’était un problème pour nous… Je suis content pour les gars.

Martin St-Louis

Le 26e est plus important encore.

Cole Caufield, qui a atteint le plateau des 25 buts

Je ne comprenais pas tout ce [que P.K. Subban] disait au micro, mais j’ai surtout aimé quand Carey Price est arrivé. Quand ils ont fait leurs trois tapes, ça m’a rappelé quand je regardais leurs matchs.

Samuel Montembeault

Ce sont de bons joueurs, j’espère que les points viendront bientôt pour nous.

Juraj Slafkovsky, au sujet de ses compagnons de trio Christian Dvorak et Josh Anderson

On n’est pas sortis comme on l’aurait souhaité. On a été dans le coup toute la soirée, mais on a commis beaucoup trop d’erreurs et on a écopé de trop de pénalités.

Nino Niederreiter, des Predators

J’ai vécu beaucoup d’émotions, c’était un premier match dans la LNH. C’est formidable. On a perdu, mais je vais m’en souvenir toute ma vie.

Le gardien Yaroslav Askarov

Les deux équipes devaient être prêtes. Ils étaient prêts, nous ne l’étions pas.

John Hynes, entraîneur-chef des Predators, au sujet de l’effet de la cérémonie

Dans le détail

Problèmes de communication

Voilà un bout que l’on attend Yaroslav Askarov. Quand un gardien est repêché au 11rang, comme ç’a été son cas en 2020, c’est signe que le potentiel est énorme. Ce qu’on a vu ? Un gardien hautement athlétique, flexible, qui a notamment épaté la galerie sur un tir de Jordan Harris, étendant la jambière pour réaliser l’arrêt. Il s’est fait battre deux fois par Cole Caufield, mais ici, la faute revient davantage à son unité défensive, qui a été incapable de bloquer les lignes de passe vers le dangereux tireur. Idem pour le but de Kirby Dach, complètement oublié après un revirement. Cela dit, c’est Askarov lui-même qui a commis ce revirement. C’était une de ses nombreuses tentatives de jouer avec la rondelle, et disons que vue d’en haut, sa prise de décision semblait parfois douteuse. « Dans la Ligue américaine, j’ai une bonne communication avec mes défenseurs. Ce soir, c’était un peu plus compliqué », a-t-il dit dans un point de presse tantôt en anglais, tantôt en russe. On en profite pour remercier son coéquipier Yakov Trenin, qui, tel un Jean Bisping, a effectué un solide boulot d’interprète.

Ylönen du bon pied

Jesse Ylönen n’a pas connu une soirée parfaite, mais il a néanmoins montré des aspects intéressants de son jeu. Sa patience pour préparer le but de Kirby Dach, par exemple, l’aidera assurément à oublier le premier but des Predators, sur lequel il a été incapable de neutraliser Nino Niederreiter. Son jeu sur ce but a toutefois rappelé qu’Ylönen n’hésite pas à travailler en fond de territoire défensif. En ce sens, son jeu est aux antipodes de celui de Mike Hoffman, laissé de côté pour ce match. Le Finlandais n’a cependant joué que 8 min 21 s et a eu droit à seulement trois présences en troisième période. Reste à voir s’il aura droit à une audition plus étoffée qu’Anthony Richard.

Le bar est ouvert

Martin St-Louis peut se consoler : il n’est pas le seul entraîneur à parfois s’arracher les cheveux sur le jeu défensif de son équipe. Son homologue des Predators, John Hynes, était d’humeur massacrante après le match, particulièrement en raison d’une première période au cours de laquelle les hommes en jaune et blanc ont accordé 19 tirs et 10 chances de marquer de haute qualité, selon Natural Stat Trick. « On se faisait battre partout sur la patinoire », a déploré Hynes. On peut le comprendre de s’impatienter. Son équipe n’a peut-être accordé que 13 buts en six matchs, mais elle a permis 35 tirs ou plus pour la quatrième fois en cinq matchs, une séquence qui inclut un match de 67 tirs (!) des Hurricanes. S’il fallait que les rumeurs d’échange de l’excellent défenseur Mattias Ekholm se concrétisent, ça n’ira pas en s’améliorant.