« Merci pour la belle vie, je t’aime, Montréal ! », a lancé P.K. Subban à la foule avant d’échanger un ultime triple low five avec Carey Price. Les deux anciens coéquipiers se sont serrés dans leurs bras, puis ont quitté la patinoire, enlacés, sous des acclamations unanimes.

Le retour de Subban au Centre Bell – ou au « bercail », pour reprendre l’expression utilisée par le Canadien jeudi soir – était fort attendu par de nombreux partisans. L’électrisant défenseur, présenté par Michel Lacroix après qu’une vidéo hommage eut été diffusée à l’écran géant, a fait honneur à sa réputation d’orateur de grande qualité.

« Bonsoir, Montréal ! », a lancé le nouveau retraité au micro en arrivant sur la patinoire accompagné de Mila Goolab, une fillette atteinte de myélite transverse et patiente de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

« J’aimerais remercier l’organisation du Canadien, la famille Molson. Merci tellement de m’honorer, moi et ma famille, ce soir. Ça représente tellement pour moi. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

P.K. Subban était accompagné sur la glace de Mila Goolab, une fillette atteinte de myélite transverse.

À plusieurs reprises, l’ancien du CH, des Predators de Nashville et des Devils du New Jersey a été interrompu par les « P. K., P. K., P. K. », qui faisaient vibrer l’amphithéâtre. Dans les gradins, les partisans tenaient des affiches sur lesquelles avait été imprimé le visage de Subban.

« Ces gens vont vous aimer si vous laissez tout ce que vous avez sur la patinoire », a dit l’ancien numéro 76 en s’adressant aux joueurs du CH.

L’ex-défenseur, encore époustouflé par ce qu’il avait vécu, a rencontré les médias montréalais dans une impressionnante mêlée de presse au salon Jacques-Beauchamp lors du premier entracte. « Je n’ai pas vu autant de micros depuis très longtemps ! », s’est-il exclamé avant d’accueillir les questions.

Ma connexion avec les partisans semble grandir même si je ne suis pas ici. Chaque fois que je reviens, c’est toujours renversant. Les gens me demandent comment je me prépare. Je ne pense pas que c’est possible de s’y préparer. C’est toujours émouvant. Et le respect [que l’on me voue] est saisissant.

P.K. Subban

« Les gens qui me connaissent savent
– et je sais que les gens ne me croient pas parfois – que ces choses sont un peu inconfortables pour moi. C’est beaucoup d’émotion. Et je n’ai jamais vraiment aimé trop montrer mes émotions. »

Subban a expliqué avoir reçu un appel du propriétaire du CH, Geoff Molson, dans les jours qui ont suivi l’annonce de sa retraite, en septembre 2022. Les deux hommes ont longuement discuté et l’ancien du Canadien a accepté l’offre de Molson d’être honoré avant le match face aux Predators. C’était un « no-brainer » pour lui de dire oui, a-t-il souligné.

« J’ai dit à Geoff que c’était un rêve devenu réalité ce soir, d’être dans cette situation. L’avoir à mes côtés quand je regardais cette vidéo, ça représentait beaucoup. »

Price et Markov

Quand on lui a demandé si son triple low five avec Carey Price avait été planifié, Subban a simplement laissé tomber : « La première fois n’était pas planifiée et la dernière fois, je vais vous laisser le deviner. »

Le Torontois s’est dit heureux de célébrer ce moment avec certains de ses anciens coéquipiers. « Avoir Carey ici ce soir pour me soutenir, ça voulait dire beaucoup », a-t-il évoqué.

Subban a également expliqué qu’il aurait aimé que son ancien partenaire à la ligne bleue, Andrei Markov, puisse être là pour l’occasion. Les deux hommes ont d’ailleurs échangé des messages, la veille de l’hommage.

[Andrei] a tellement eu un grand impact sur ma carrière. La première fois que je l’ai rencontré, nous n’étions pas toujours d’accord. Nous venons de cultures différentes, nous avons des personnalités différentes. Ça m’émeut de parler de lui parce que j’allais m’asseoir à la table des Russes tous les jours pour essayer d’apprendre le russe, et je sais qu’il appréciait. Il y a cette appréciation entre nous, non seulement comme anciens coéquipiers, mais comme amis.

P K. Subban

« Ce n’est que mon opinion, mais son chandail devrait être au plafond. Il est l’un des meilleurs défenseurs à avoir joué le jeu », a-t-il conclu.

En matière de souvenirs, l’ex-athlète a réitéré sa fierté d’avoir été repêché par le Canadien, en 2007, et d’avoir reçu son chandail des mains de Bob Gainey.

« Je souhaite à tous les athlètes d’avoir une occasion de jouer devant des fans comme ceux-là tous les soirs. Je n’ai jamais tenu ça pour acquis. »

Une personne « polarisante »

Quand un des nombreux journalistes présents a mentionné sa personnalité « polarisante » qui n’a pas toujours été appréciée au fil de sa carrière, P.K. Subban a expliqué qu’il n’avait jamais prétendu vouloir plaire à tous.

« Je pense que les gens, dans la vie, te décrivent de différentes façons. Si tu parles aux gens qui me connaissent pour vrai, ils n’utiliseront pas ce mot. Mais je comprends aussi pourquoi ma personnalité a fait en sorte que d’autres ont utilisé ce mot dans un jeu qui n’a pas vu beaucoup de personnalités. »

« Au bout du compte, il faut être soi-même parce que tout le monde est pris. Et qui sait ? Si j’avais changé, peut-être que je ne serais pas ici aujourd’hui. »