Que disait-on il y a 24 heures à peine, à propos de la triste réalité qui a tendance à frapper le Canadien en pleine poire, en Floride et au temps des Fêtes ?

On disait que ça ressemble à ceci. Une spirale vers le bas, un mauvais film qui recommence, les roues d’une voiture qui sont en train de débarquer.

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On a revu tout ça, et même pire, jeudi soir à Sunrise, face aux Panthers de la Floride.

Parfois, le score n’indique pas l’allure du match, mais dans le cas qui nous occupe, ça l’indique assez bien, merci.

Parce qu’une marque finale de 7-2, ça dit tout ce qu’il y a à dire.

« On est fragiles un peu en ce moment, a admis Martin St-Louis en fin de soirée. Toutes les équipes finissent par passer au travers. Nous, on est en plein dedans présentement. Ça fait partie de l’apprentissage… »

L’apprentissage, oui, bien sûr, mais le vénérable Pat Burns disait naguère qu’il ne fallait pas aller à la guerre avec des couteaux à beurre, et en voyant les deux clubs sauter sur la glace, c’était assez évident qu’il y avait plus de talent d’un bord que de l’autre. Surtout avec le retour d’un certain Barkov, qui s’est fait remarquer dès le départ. Surtout avec cinq recrues, encore, à la ligne bleue.

En gros, le Canadien fait ce qu’il peut. C’est tout. Cela a donné des résultats surprenants pendant quelques semaines, mais cette équipe n’allait pas survivre au moindre imprévu, et ça déraille solide depuis que messieurs Savard et Monahan sont sur la touche. Le nom de Kaiden Guhle pourrait s’ajouter, lui qui a semblé se blesser au genou gauche en fin de rencontre.

« Savard et Monahan, ce sont des gars qui calmaient le reste du groupe, qui disputaient pour nous des grosses minutes de jeu, a résumé Martin St-Louis. C’est difficile de survivre à ça. »

De club pour qui tout marchait, le Canadien est passé au statut de club pour qui plus rien ne marche, et le contraste ne saurait être plus saisissant.

On le voit sur la glace, au tableau, mais aussi à l’extérieur ; il fallait voir ce vestiaire complètement vide en fin de soirée jeudi soir, alors que presque tous les joueurs avaient le goût d’éviter les questions des médias. Pendant que certains attendaient en retrait dans une autre pièce, seuls deux ont bien voulu venir répondre aux questions, Arber Xhekaj et Jonathan Drouin.

Ce n’est pas un détail.

« On perd de notre rythme sur les unités spéciales, avec notre jeu en désavantage numérique, qui ne nous permet pas de créer un rythme, a expliqué Drouin. Samuel [Montembeault] a effectué de gros arrêts, mais à un moment donné, il ne peut pas tout arrêter. »

C’est Martin St-Louis lui-même qui avait parlé des passagers il n’y a pas si longtemps, et encore une fois, il y a plusieurs noms sur cette liste. Maintenant, les passagers, ce sont aussi ceux qui tiraient ce club il n’y a pas si longtemps, dont le capitaine, Nick Suzuki, qui est méconnaissable.

« Il y a beaucoup de frustrations dans notre équipe en ce moment, a reconnu Jonathan Drouin. Personne n’aime ça, on n’est pas contents de ce qui se passe, mais on sait aussi que la solution nous appartient. »

Avec tout ça, il va falloir s’habituer à des simulations de boulier en masse au cours des prochaines semaines. C’est pas mal tout ce que les partisans du Canadien pourront trouver pour s’amuser.

En hausse

PHOTO JASEN VINLOVE, USA TODAY SPORTS

Arber Xhekaj (72) devant Anton Lundell (15)

Arber Xhekaj

L’un des rares à offrir un minimum d’opposition aux Panthers, entre autres avec un jeu très physique.

En baisse

PHOTO JASEN VINLOVE, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14) poursuit Aleksander Barkov (16) et la rondelle.

Nick Suzuki

Le capitaine connaît probablement ses pires moments de la saison.

Le chiffre du match

PHOTO LYNNE SLADKY, ASSOCIATED PRESS

Aleksander Barkov (16) a marqué trois buts dans la victoire des Panthers.

14

Nombre de buts que le Canadien a accordés en désavantage numérique à ses neuf derniers matchs.

Ils ont dit

Ce fut un match difficile pour nous, de toute évidence… on a bloqué des tirs, on a reçu des rondelles au visage. On n’a pas eu le résultat recherché.

Arber Xhekaj

Barkov est l’un des meilleurs joueurs de la ligue, ça fait des années qu’il fait ce qu’il fait. On l’a encore vu, c’est un joueur très talentueux.

Jonathan Drouin

J’ai aimé la bataille qu’on a menée, surtout lors de la première période. Mais les punitions lors de la deuxième période, ça nous a ralentis.

Martin St-Louis

Dans le détail

Gallagher de retour, Dadonov aussi

Brendan Gallagher, qui n’avait pas joué depuis le 29 novembre en raison d’une blessure dont la nature n’a pas été dévoilée par le club, était enfin de retour au jeu jeudi soir en Floride. Le numéro 11 a complété un trio en compagnie de Christian Dvorak et de Juraj Slafkovsky. Dans le cas de Dadonov, qui avait été laissé de côté lors des deux matchs précédents de l’équipe, il a eu l’occasion de tenter sa chance au sein de l’avantage numérique, mais sans succès. Le retour au jeu de ces deux joueurs est venu signifier une soirée de repos pour Michael Pezzetta et Anthony Richard.

Barkov en feu

De retour au jeu après une absence de trois matchs, Aleksander Barkov n’a pas perdu de temps à signaler son retour. En fait, l’attaquant des Panthers a eu besoin d’à peine 2 min 37 s pour se faire remarquer, en réussissant son premier but de la soirée. Le problème pour le Canadien, c’est qu’il a réussi deux autres buts, pour compléter son tour du chapeau… avant la fin de la première période ! Au final, Barkov a fini sa soirée avec 3 buts et 2 aides, soit 5 points. « Il fait partie du top 5 des meilleurs joueurs de la ligue, et on ne peut pas se permettre de lui laisser le moindre espace », a résumé Arber Xhekaj.

Ambiance des Fêtes à Sunrise

Comme c’est la tradition au temps des Fêtes, le Canadien s’est arrêté en Floride, et comme c’est la tradition au temps des Fêtes, il y avait des centaines de maillots tricolores sur place. Selon la feuille de match officielle de la LNH, 19 623 spectateurs ont assisté à ce match, avec une bonne proportion de vacanciers québécois qui étaient bien en voix et bien présents dans la place. Seule ombre au tableau, si on peut ainsi dire : Josiane Huberdeau, la sœur de Jonathan, n’est plus ici pour nous faire l’honneur d’un Ô Canada en français, sans doute parce que le frangin ne joue plus là-bas.