Beaucoup de choses peuvent changer en 24 heures. Mercredi soir, Martin St-Louis allait à la défense de son équipe après une défaite face aux Sénateurs d’Ottawa.

Deux heures avant le duel face aux Ducks d’Anaheim, l’entraîneur-chef affirmait avoir « un bon feeling ».

Son ton avait changé après le match.

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Victime d’un mauvais départ qui lui a couté deux buts en 28 secondes dès les premières minutes de la rencontre, le Canadien s’est finalement incliné par la marque de 5-2 face à la pire équipe du circuit. Et pour une rare fois, St-Louis s’est montré plus critique à l’endroit de ses joueurs.

« On ne méritait pas cette game-là. Même si on avait gagné, on ne l’aurait pas méritée », a laissé tomber l’entraîneur-chef après le match.

La victoire était pourtant très à portée de main du CH. Avant la rencontre, les Ducks étaient 32es au classement général, 32es en infériorité numérique, 32es pour les buts accordés, 32es pour les buts marqués et 30e en avantage numérique… Mais un vieil adage dit que le hockey se joue sur la patinoire.

On a mal commencé. […] Nos passes n’étaient pas précises. On s’est tiré dans le pied un peu au début. On a montré dans le passé qu’on est capable de revenir, on est revenus encore, mais je pense qu’ils méritaient ce match-là plus que nous.

Jonathan Drouin

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jonathan Drouin

« Nous nous sommes bien battus lors du dernier match et je pensais que nous aurions un meilleur match ce soir, mais nous sommes sortis amorphes », a pour sa part déploré Nick Suzuki.

Mercredi, le Tricolore affrontait des Sénateurs privés de leurs deux premiers centres. Le CH n’est peut-être pas le Lightning de 2019, mais ce sont tout de même quatre points perdus en 24 heures face à des équipes accessibles.

« Toutes les défaites sont décevantes, mais ça reste une bonne ligue, même contre des équipes qui en arrachent, a rappelé Jake Allen. N’importe quelle équipe peut gagner un soir donné. »

La « normalité »

Le 12 octobre, le Canadien remportait son premier match à domicile face à ses grands rivaux, les Maple Leafs de Toronto, dans un Centre Bell plein à craquer. Satisfait de la performance de ses jeunes joueurs après la rencontre, Martin St-Louis avait affirmé avoir hâte de voir comment ils réagiraient dans la « normalité ».

Le match de jeudi était ce qu’on peut qualifier de « normal » ; il s’agissait du 30e affrontement de la saison, face à une équipe de fond de classement, dans un amphithéâtre où les bancs vides se comptaient par centaines. Autrement dit, c’était tout le contraire du match d’ouverture. Et dans cette ambiance feutrée, c’est une équipe à plat qui s’est présentée sur la patinoire.

C’est tellement une ligue difficile. Si tu recules à il y a 24 heures moins deux périodes, nous nous sentions bien par rapport à où nous étions. Maintenant, c’est deux défaites une après l’autre. C’était une mauvaise performance ce soir.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Selon Jake Allen, cette contre-performance est davantage l’exception que la règle.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Jake Allen se fait déjouer par Troy Terry lors de la première période.

« Martin nous rappelle de toujours arriver avec le même enthousiasme, qu’on soit dans une séquence de victoires ou de défaites. Je trouve que ç’a été assez constant cette saison, a soutenu le gardien. Tu ne te sentiras pas à 100 % tous les jours, c’est une saison de 82 matchs, c’est long. Mais tu dois trouver une façon de sortir le meilleur et on a été assez bons pour ça. »

« Le soleil se lèvera quand même demain et on a un match samedi », a ajouté le cerbère.

Justement, ce match sera peut-être l’électrochoc dont cette équipe a besoin, alors qu’elle affrontera le Lightning de Tampa Bay, qui l’a battu en finale de la Coupe Stanley en 2021.

En hausse : Jonathan Drouin

À son deuxième match depuis son retour, il a montré de beaux flashs en plus d’amasser une passe et de remporter 67 % de ses mises au jeu.

En baisse : Juraj Slafkovsky

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Juraj Slafkovsky

Après quelques bons matchs, Slafkovsky a terminé la soirée de jeudi sur le quatrième trio.

Le chiffre du match : 2

Cette victoire est seulement la deuxième des Ducks en temps réglementaire cette saison. Leurs six autres gains sont survenus en prolongation ou en tirs de barrage.

Dans le détail

Sous les huées

C’est à se demander si Steve Yzerman, Brian Rolston et Ken Daneyko ne s’étaient pas déguisés en joueurs des Ducks, parce que par moments, on aurait dit que le Canadien affrontait le meilleur désavantage numérique de l’histoire de la LNH. Les trois premières supériorités numériques du Tricolore étaient tout simplement atroces, et ça a d’ailleurs mené les spectateurs à chahuter copieusement ce club comme si on était en 2012. Les plus bruyantes huées ont été entendues quand la toujours honnie passe vers l’arrière en zone neutre a manqué de précision, tuant une énième contre-attaque. On peut comprendre l’exaspération des amateurs : les Montréalais ont réussi un seul tir pendant leurs six premières minutes d’avantage numérique. Cole Caufield a fini par mettre de la bonne humeur dans les gradins en marquant en début de troisième période, mettant fin à une séquence de 23 avantages numériques consécutifs sans but du CH. On notera au passage que Juraj Slafkovsky, employé au sein de la première unité dans les deux premières périodes, y était remplacé par Christian Dvorak lors du but de Caufield. Dvorak n’a pas été impliqué directement dans l’action, mais il faudra voir si son audition se poursuivra.

Manque de constance

Jake Allen affichait sa forme des beaux jours depuis sa soirée difficile à Edmonton. À ses trois départs avant la rencontre de jeudi, le gardien montrait une efficacité de ,941. Cette fois, c’était le Jake Allen un peu plus brouillon qui était devant le filet. Ses statistiques (3 buts sur 30 tirs) n’ont rien de catastrophique dans ce match, mais le deuxième but de la rencontre, une offrande de John Klingberg entre ses jambes, est le genre de tir qu’il doit arrêter. Et on l’a vu cafouiller sur plusieurs tirs de routine. Bref, c’était un rappel que la constance demeurera toujours un enjeu incontournable pour un gardien qui n’a pas eu la charge de travail d’un numéro 1 depuis cinq ans.

Le meneur de jeu

Pour ceux qui en doutaient encore, Trevor Zegras est bel et bien devenu la pierre angulaire de l’attaque des Ducks. Le vieux pote de Cole Caufield était au cœur de la plupart des menaces des Ducks. Il a préparé les deux premiers buts des vainqueurs, mais il aurait pu faire encore plus de dommages. En première période, deux fois plutôt qu’une, c’est Kaiden Guhle, tant grâce à son coup de patin que grâce à sa force physique, qui l’a empêché de profiter de revirements du CH pour menacer. Après une campagne de 61 points l’an dernier, Zegras a fait grimper les attentes à son égard pour cette saison. Il compte maintenant 25 points en 31 sorties, pas nécessairement l’explosion que certains auraient souhaitée. Mais sa créativité ne laisse aucun doute et, tôt ou tard, ça se reflétera dans sa production.