(Kanata) Si le trophée Calder avait été attribué le 1er novembre, Shane Pinto l’aurait certainement remporté.

Enfin remis d’une blessure à une épaule qui lui a coûté la quasi-totalité de la dernière saison, le joueur de centre a amorcé sa première « vraie » campagne professionnelle à un train d’enfer. Sept points, dont six buts, en huit matchs, une performance bonne pour le titre de recrue du mois d’octobre dans la LNH.

Depuis, ça s’est passablement tassé. Six points en 20 rencontres, et un malheureux différentiel de - 6.

« J’ai commencé fort, peut-être un peu trop », a dit en souriant l’attaquant de 22 ans, mardi matin, en marge de l’entraînement optionnel des Sénateurs d’Ottawa.

« Jamais trop », l’a corrigé son coéquipier Josh Norris, assis juste à côté de lui dans le vestiaire. « Mais c’est vrai que tu étais hot », a-t-il néanmoins ajouté.

Hot ou pas, Pinto n’a eu d’autre choix que d’embarquer dans le train en marche. Car les évènements se sont bousculés pour lui.

Petite parenthèse : bien que l’organisation des Sens regorgeait déjà de jeunes attaquants talentueux, l’arrivée de Pinto était attendue avec frénésie. En 2021, il est passé à un poil du trophée Hobey-Baker, remis au joueur universitaire par excellence aux États-Unis, coiffé au fil par Cole Caufield. Ce printemps-là, après l’élimination de son club dans la NCAA, il a amassé 7 points en 12 matchs à ses débuts avec les Sénateurs. Rien pour amoindrir les attentes à son endroit.

Après une saison perdue, il s’est présenté au plus récent camp d’entraînement et a logiquement hérité d’un rôle de soutien, les deux principaux postes au centre étant pourvus par Norris et Tim Stützle.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Josh Norris

Rapidement, le portrait a changé. Norris s’est gravement blessé à une épaule après à peine cinq matchs, ce qui a valu une première promotion à Pinto. C’est à peu près à ce moment que sa production a commencé à ralentir.

Quelques semaines plus tard, et après qu’il eut trouvé ses repères au volant d’un trio complété par Alex DeBrincat et Drake Batherson, son destin semble encore voué à changer. Lui aussi atteint à une épaule, Stützle est tombé au combat lundi soir contre les Ducks d’Anaheim. On ne sait pas grand-chose de la convalescence qui l’attend, mais il est acquis qu’il n’affrontera pas le Canadien ce mercredi.

À court terme, et en dépit de ses 45 matchs d’expérience dans la LNH, Pinto « deviendra fort probablement notre premier centre », a avoué l’entraîneur-chef D. J. Smith, mardi matin.

Ce n’est pas, nous en conviendrons, une mince tâche.

Confiance

Il y a une portion d’impuissance dans cette remarque de Smith. Personne, et surtout pas lui, n’a souhaité qu’il perde ses deux principaux joueurs de centre.

Or, a-t-il fait remarquer, c’est à cette position qu’il dispose du plus grand nombre d’options, et Pinto en fait partie. En cela, c’est une bonne nouvelle pour le jeune homme.

En outre, le trio qu’il pilote est présentement le plus efficace des Sénateurs. Depuis que les trois attaquants ont été réunis, le 27 novembre dernier, DeBrincat et Batherson ont chacun amassé 8 points en autant de matchs. Pas question, dans ces circonstances, de démanteler une combinaison efficace. C’est probablement à Derick Brassard ou à Rourke Chartier que reviendra la mission de remplacer Stützle au centre de Brady Tkachuk et de Claude Giroux.

« On a besoin de tout le monde », a résumé Tkachuk à ce sujet.

PHOTO JAYNE KAMIN-ONCEA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Brady Tkachuk

Le capitaine des Sens affirme avoir pleinement confiance en Pinto pour le défi qui l’attend. « C’est une chance qui s’offre à lui d’élever son jeu. Il a été très bon pour nous jusqu’ici », a-t-il résumé.

D.J. Smith a lui aussi été élogieux à l’endroit du jeune homme, dont il a vanté la confiance en lui et l’ardeur au travail. « Que ce soit un bon ou un mauvais match, il reste le même », a-t-il souligné.

Tout n’est pas parfait pour autant. Alors qu’un solide resserrement défensif sera nécessaire pendant l’absence de Stützle, c’est justement cet aspect du jeu de Pinto que Smith souhaite voir s’améliorer. Malgré que le joueur recrue doive s’attendre à des responsabilités accrues, son entraîneur n’ouvrira pas totalement les vannes pour autant.

« Il aura toujours un bon instinct offensif, […] mais comme les jeunes centres, il doit s’adapter pour jouer contre les meilleurs joueurs de l’équipe adverse. Josh Norris l’a découvert, [Tim Stützle] aussi. On ne veut pas trop le lancer dans la fosse aux lions. À domicile, nous avons le luxe du dernier changement, nous pouvons mieux le protéger. »

Nous devrons l’utiliser intelligemment.

D.J. Smith, entraîneur-chef des Sénateurs d’Ottawa, au sujet de Shane Pinto

Le principal concerné semble prendre la situation avec candeur. Plutôt que de parler de lui, il souligne à gros traits à quel point la perte de Stützle, combinée à celle de Norris, fera mal à son équipe. « On n’a jamais de répit », s’est-il navré.

Il croit qu’il retrouvera tôt ou tard son « élan » offensif du début du calendrier. « Ça va revenir, a-t-il promis. Je ne m’en fais pas. »

Dans tous les cas, il compte garder le cap, « une journée à la fois ». « C’est ma première saison complète dans la LNH, ce n’est pas une ligue facile. J’apprends de nouvelles choses chaque jour. »

C’était, de toute façon, ce à quoi il s’attendait. Encore que ça se passe probablement un tout petit peu plus vite que prévu.

Les dents de Travis Hamonic

Le défenseur Travis Hamonic affirme ne pas être présent sur les réseaux sociaux. Sa notoriété du moment le prend donc un peu de court. Le week-end dernier, Hamonic est, malgré lui, devenu la vedette d’une vidéo virale. On y aperçoit Thomas Chabot, furieux, s’asseoir au banc et fracasser son bâton… juste avant que la caméra ne s’éloigne et montre Hamonic en douleur, le visage entre les mains.

Chabot, qui se croyait seul au bout du banc, s’est confondu en excuses auprès d’Hamonic. « Mon visage s’est juste retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. […] Ce n’est rien de grave, il me manque déjà des dents », s’est amusé Hamonic, mardi, en montrant ses incisives manquantes. Chabot a depuis confié qu’il lui avait acheté un cadeau pour s’excuser, sans pour autant en dévoiler la nature. « On va entretenir le mystère », a encore dit Hamonic, assurant que, « 30 secondes plus tard, on en riait ».