Le temps des Fêtes approche, le retour de Ciné-cadeau aussi. Ce sera donc l’occasion de se remémorer les dialogues que tous connaissent, comme le fameux « Trois parts, j’ai dit ! », de Panoramix à Obélix. « Trois parts » parce qu’Obélix ne coupe pas exactement le gâteau en trois morceaux égaux.

L’épopée des Gaulois devant Cléopâtre nous mène, cela va de soi, au calendrier du Canadien, dont le premier tiers s’est conclu samedi sur une terne défaite contre les Kings de Los Angeles. Mais ce tiers est-il égal aux deux autres ?

Après 27 matchs, le Canadien pointe au 21rang de la LNH en matière de taux de points accumulés (,519) et à cinq points d’une place en séries éliminatoires. En maintenant son rythme actuel, le Tricolore amasserait 85 points.

Pris froidement, sans contexte, ces chiffres n’ont rien à voir avec l’humeur guillerette que l’on perçoit des amateurs. Humeur que l’on percevait, en fait, jusqu’à ce que des huées se fassent entendre au Centre Bell samedi, une rareté depuis l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc.

Pris dans un contexte de reconstruction, cependant, on comprend mieux le sentiment généralement positif qui flotte jusqu’ici. Un indice que cette équipe est en reconstruction : elle a utilisé quatre recrues à temps plein (au moins 20 matchs joués) en défense jusqu’ici. Les 31 autres équipes du circuit, réunies, en ont employé six. Maintenir le bateau à flot avec si peu d’expérience à une position aussi cruciale a de quoi susciter le respect.

La qualité des adversaires

Maintenant que l’on connaît mieux l’état des forces dans la LNH, un bémol s’impose : les plus gros tests restent à venir quant à la qualité des adversaires. C’est ici qu’on peut se demander si les trois tiers de ce calendrier sont réellement égaux.

Fiche moyenne (taux de points accumulés) des adversaires du Canadien affrontés jusqu’au 11 décembre : ,543

Rang moyen au classement général : 17,3

Fiche moyenne (taux de points accumulés) des adversaires à venir du CH : ,573

Rang moyen au classement général : 14,9

La disparité est encore plus frappante lorsque l’on constate que le Tricolore n’a disputé que 8 matchs contre des équipes du top 10 du classement général, comparativement à 11 matchs contre les 10 pires équipes. Les hommes de Martin St-Louis ont tout de même livré des performances honorables contre la dizaine de tête, mais ils ont gonflé leur fiche face aux 10 cancres.

À court terme, cette tendance se poursuivra, puisque Montréal disputera trois de ses cinq prochains matchs contre des équipes classées parmi les 10 pires : Ottawa, Anaheim et l’Arizona.

Le résultat, c’est que la fin du calendrier sera particulièrement costaude. Prenons les 21 matchs au programme après la date limite des transactions du 3 mars ; 10 d’entre eux – près de la moitié ! – seront disputés contre les équipes actuellement membres de la dizaine de tête.

Prenons maintenant les cinq meilleures équipes au classement en date de dimanche : Boston, New Jersey, Toronto, Winnipeg et Vegas. Le Tricolore n’a disputé que quatre matchs face à ce grand-guignolesque quintette, et a montré une fiche de 1-2-1. La seule victoire remonte au match inaugural, contre Toronto.

D’ici la fin de la saison, le Canadien affronte ces clubs à 10 reprises.

L’importance de l’évaluation

Pourquoi balancer tous ces chiffres ? Parce qu’ils doivent forcément faire partie de l’évaluation que font Kent Hughes et Jeff Gorton de leur équipe. Cette évaluation dictera les décisions prises à l’approche de la date limite des transactions. Trois options se présentent : la liquidation de quelques éléments (le scénario le plus probable sur papier), le statu quo, question de donner à ce groupe le droit de se battre avec toutes ses ressources, ou la recherche de renfort, scénario qui semble improbable.

L’avenir de la ligne de centre sera au cœur de ces décisions. Le match de samedi a rappelé que sans Sean Monahan, cette position constitue une faiblesse derrière Nick Suzuki. Il serait étonnant que Hughes sacrifie un espoir ou un choix pour obtenir un centre, mais si Monahan recouvre rapidement la santé, il faudra bien trancher si le numéro 91 fait partie de l’avenir à Montréal ou s’il vaut mieux tenter de le monnayer.

Lors de notre rencontre avec Gorton, la semaine dernière, nous lui avons demandé si le fait de compter sur deux choix de premier tour, pour un deuxième repêchage de suite, lui donnait le « luxe » de retenir par exemple Monahan, et de négocier une prolongation de contrat avec le vétéran centre.

« Je ne sais pas si c’est un luxe, a-t-il dit. Chaque année est différente. La meilleure approche est d’attendre la date limite des transactions avant de prendre une décision. Il nous reste encore beaucoup de matchs pour voir quel genre d’équipe on est. »

Le deuxième tiers de la saison nous mène à la mi-février. Il sera intéressant de voir dans quel état le Canadien en ressortira.