Jeff Gorton était catégorique lors de notre rencontre dimanche dernier : Kirby Dach est un centre. Les circonstances ont toutefois changé la donne.

Quelles étaient ces circonstances ? Un départ couci-couça de Dach au centre, un succès instantané pour Sean Monahan à cette position et une éclosion inattendue de Dach à l’aile.

Mais voilà, dans la vie, les circonstances changent. Monahan demeurait valeureux au centre, mais il s’est blessé lundi à Vancouver. Le CH a donc affronté le Kraken, le lendemain, avec trois centres qui se partageaient le travail de quatre trios.

Dach, lui, a ralenti, même si ses compagnons Nick Suzuki et Cole Caufield ne dérougissent pas. Sans but à ses 12 derniers matchs, il ne compte que deux passes à ses six dernières sorties.

Les Kings de Los Angeles débarquent au Centre Bell ce samedi. On ignore toujours si Monahan participera au match, mais son absence à l’entraînement vendredi n’augure rien de bon en ce sens. Si Martin St-Louis souhaite compter sur un quatrième centre en plus de Suzuki, Christian Dvorak et Jake Evans, il a donc deux options : Dach et Rem Pitlick.

Les qualités

Dach lui-même l’assure : il se voit encore comme un centre, sa position naturelle. « Je vais toujours graviter autour de cette position », a répondu le grand droitier.

Suzuki est du même avis. « Il est fiable dans notre zone. Je sais que je peux lui faire confiance si je suis le dernier à me replier et qu’il est en fond de territoire. On a été le chercher pour qu’il joue au centre et ça a simplement adonné qu’il avait de la cohésion avec Cole et moi. Je suis sûr qu’éventuellement, il retournera au centre et il y sera bon. »

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’actuel premier trio du CH, lors du match de samedi dernier (dans l’ordre, au premier plan) : Kirby Dach, Nick Suzuki et Cole Caufield. Avec la récente blessure à Sean Monahan, Dach pourrait quitter ses deux partenaires et diriger sa propre brigade offensive.

Les mises en jeu faisaient partie des facteurs d’insuccès. Il n’en a gagné que 37 % cette saison, après une campagne 2021-2022 carrément pourrie. Son taux de succès de 32,8 % la saison dernière était en effet le pire de l’histoire de la LNH (minimum 500 mises au jeu) depuis que ces données sont compilées (1997-1998).

Quand on l’a mis avec Suzuki et Caufield, ce n’était pas seulement pour lui éviter de prendre des mises en jeu. Son jeu cadre bien avec eux. Mais je pensais aussi que de ne pas se préoccuper des mises en jeu l’aiderait à connaître un bon départ.

Martin St-Louis

L’entraîneur-chef a rappelé qu’une soirée difficile aux mises en jeu peut devenir « lourde » pour un joueur. « Il peut y avoir un effet d’accumulation sur sept, huit, dix matchs. Mais Kirby joue bien, il montre le genre d’impact qu’il peut avoir. Je suis pas mal sûr qu’il va avoir le même impact, qu’il prenne les mises en jeu ou pas. »

Quoi qu’il arrive avec Monahan, les bienfaits d’une expérience positive de Dach au centre seraient multiples pour le CH. Evans pilote le quatrième trio, mais avec aucun but, quatre passes et un différentiel de -9 en 26 matchs, il ne présente pas nécessairement les arguments pour assurer sa place dans la formation.

Sinon, l’avenir d’un Monahan en santé sera discuté à l’approche de la date limite des transactions. Sa valeur au sein du Tricolore est incontournable, mais Kent Hughes recevra assurément des appels pour son joueur en fin de contrat. Sa décision sera plus éclairée s’il sait un peu plus ce que Dach peut offrir comme centre.

Suzuki et les complexes

Il était amusant que la gestion des centres soit un sujet de discussion en cette veille de visite des Kings et de Phillip Danault.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Phillip Danault lors du match de samedi dernier contre les Hurricanes

« Il est dur à affronter. Je l’ai vu être très bon contre d’autres centres de premier trio. Il est sous-estimé, mais notre vestiaire sait ce dont il est capable », a rappelé Suzuki.

Ni Dvorak ni Evans ne sont parvenus à remplacer Danault dans le rôle du centre éteignoir contre les meilleurs éléments adverses.

Danault, lui, a fini dans le top 8 du scrutin du trophée Selke pour la quatrième saison d’affilée, en 2021-2022.

Sauf qu’entre-temps, Suzuki s’est développé en tant que centre de premier trio, en tant que joueur mentionné de plus en plus systématiquement par les entraîneurs adverses lorsqu’il est question des éléments à surveiller contre le Tricolore.

Suzuki aura tout un test ce samedi, puisqu’en toute logique, il affrontera Danault ou Anze Kopitar, deux des meilleurs centres défensifs de la LNH.

« Quand tu arrives dans la LNH, tu es un peu plus intimidé. Je ne dis pas que Nick l’était avant, mais tu peux l’être par les gars que tu regardais, a rappelé St-Louis. Tu finis par jouer et tu te compares. Nick se voit au même niveau qu’eux. Quand tu te vois au même niveau, au moins, tu ne perds pas la bataille avant qu’elle commence. »

En bref

Prédiction audacieuse de Suzuki

Les équipes de la LNH marquent en moyenne 3,21 buts par match cette saison, selon les données de nos chers amis de Hockey-Reference. C’est la plus haute moyenne depuis les 3,24 buts de la campagne 1993-1994. Cette année-là, neuf joueurs avaient atteint le plateau des 50 buts. Cette saison, ils sont huit, dans la LNH, à marquer à un rythme supérieur à 0,61 but par match, rythme qui permet d’atteindre les 50 buts en 82 matchs. Après près d’un tiers de saison, Caufield est tout près du compte, avec une moyenne de 0,58 but par match. Dans cette LNH plus offensive, Caufield pourrait-il devenir le premier joueur du Canadien depuis Stéphane Richer à tutoyer la cinquantaine ? « Assurément, a tranché Suzuki. On va essayer de se rendre à 50 cette année et on verra où ça ira. »

Les feintes de Guhle

Les joueurs se sont prêtés à un concours de tirs de barrage à la fin de l’entraînement. Kaiden Guhle a tranché le débat en marquant pour les rouges, semant l’euphorie sur la patinoire. Il s’est montré particulièrement vif sur son but. « Il est pas pire ! a concédé le gardien Samuel Montembeault, victime de Guhle sur ce jeu. Il a de bonnes habiletés avec la rondelle. On le voit dans notre zone, il se sort de situations difficiles quand il y a de la pression. » Guhle n’est pas un habitué des tirs de barrage. Il n’a été employé que deux fois dans les rangs juniors. « J’ai marqué les deux fois ! rappelle-t-il avec justesse. Peut-être que Martin [St-Louis] va m’y envoyer maintenant ! Mais en général, quand on arrive en tirs de barrage, mon match est fini, à moins qu’on se rende à 17 rondes. C’est difficile à ce niveau-ci, les gardiens sont énormes. »

Hoffman et Drouin s’approchent

David Savard et Sean Monahan étaient absents de l’exercice du jour, et l’équipe précise que les deux éclopés font l’objet d’une « évaluation médicale ». Savard a raté les deux derniers matchs, Monahan, le dernier. Mike Matheson a quant à lui eu droit à une journée de traitements, 24 heures après avoir été atteint au visage à l’entraînement. Enfin, Mike Hoffman et Jonathan Drouin s’approchent visiblement d’un retour puisqu’ils ont pris part à tous les exercices et portaient un chandail de la même couleur que tout le monde, ce qui laisse croire qu’ils ont reçu le feu vert pour encaisser des contacts.

La citation du jour

Martin St-Louis, au sujet de ses interactions avec Nick Suzuki : « Ce qui est le fun, c’est que tu peux avoir des conversations de hockey à haut niveau intellectuel. Ce n’est pas juste nous qui disons : fais ci, fais ça. Ce n’est pas une dictature, ce sont des conversations. C’est le fun d’interagir avec Suzi. Aussi, c’est important que les joueurs comprennent, parce qu’ils peuvent eux aussi coacher leurs coéquipiers. Le coaching, ce n’est pas juste le gars en haut. Ça doit descendre. Ça te prend des joueurs et il est capable de le faire. »