Le verdict est tombé dès juin 2019 : les Blues de St. Louis avaient roulé les Sabres de Buffalo dans la farine dans l’échange de Ryan O’Reilly survenu un an plus tôt.

Les Blues venaient de remporter la Coupe Stanley. Une telle conquête n’aurait pas été possible sans O’Reilly, ses 23 points en 26 matchs, sa hargne, son leadership et son excellence en défensive, récompensés par le trophée Conn-Smythe remis au joueur par excellence en séries éliminatoires.

En retour, les Sabres avaient reçu Patrik Berglund, Vladimir Sobotka, un jeune attaquant du nom de Tage Thompson repêché en fin de première ronde deux ans plus tôt et des choix de première et de deuxième ronde. Le parcours des Blues en séries venait de reléguer ce choix de première ronde au 31e et dernier rang.

Buffalo était en vacances depuis un bon moment lorsque les Blues et leur nouvel star O’Reilly ont soulevé la Coupe.

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Ryan O’Reilly

Berglund, 30 ans, avait déjà quitté l’équipe en plein hiver ; Sobotka, 31 ans, amassé un maigre 13 points en 65 matchs. Thompson, 20 ans, n’avait pas mal fait après son rappel de la Ligue américaine, avec sept buts en 65 matchs, mais on voyait surtout en lui un attaquant de 6 pieds 6 pouces dégingandé et malhabile.

« Thompson a une excuse, écrivait le Buffalo News en 2019. Il était peu utilisé et ne comptait pas de coéquipiers de qualité. La pression sera forte sur lui l’an prochain à la dernière année de son contrat de recrue. Berglund est parti et Sobotka a un pied dans la porte. L’échange d’O’Reilly est donc réduit à deux choix plus tardifs au repêchage et de la flexibilité salariale à long terme (avec le départ d’O’Reilly). Parfois, les analyses peuvent être cruelles. Malheureusement, celle-ci en est une… »

Avec une Coupe Stanley en banque, les Blues ne pouvaient pas perdre cet échange, même si O’Reilly, 31 ans, semble à la fin d’un beau parcours de cinq saisons à St. Louis, avec 13 points en 26 matchs et l’autonomie complète en juillet.

Les Sabres pouvaient encore en tirer des dividendes, mais rien ne le laissait présager même trois ans plus tard, en avril 2021, avec une saison de 14 points en 38 matchs de Thompson, à 23 ans, après trois années dans la Ligue américaine, et le défenseur Ryan Johnson, repêché en fin de première ronde, ordinaire dans la NCAA (où il se trouve toujours aujourd’hui).

Puis finalement, l’an dernier, à 24 ans, Thompson a pris son envol lorsqu’un nouvel entraîneur, Don Granato, lui a confié le centre du premier trio, en l’absence de Jack Eichel, puis de celle de Casey Mittelstadt, blessé. Le jeune homme originaire de l’Arizona a amassé 68 points, dont 38 buts, en 78 matchs.

Si vous suivez le moindrement les actualités de la LNH, son nom a résonné sur votre ordi, télé, radio ou téléphone portable cette semaine. Thompson a amassé 11 points à ses trois plus récents matchs, dont cinq buts contre Columbus mercredi, et 18 points à ses huit dernières rencontres, pour porter son total à 40 points, dont 21 buts, en 26 matchs cette saison.

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Tage Thompson (à droite)

Thompson s’est ainsi approché à quatre points de Leon Draisaitl et du deuxième rang des compteurs de la LNH, mais encore à douze points de Connor McDavid à 52 points. Le jeune homme de 25 ans a trois points de plus que Nikita Kucherov et deux de plus que Sidney Crosby. Il vient au troisième rang pour les buts, trois de moins que McDavid, deux de moins que Jason Robertson.

L’ancien DG des Sabres, Jason Botterill, peut crier à l’injustice, car il a été congédié en juin 2020 avant de profiter des fruits de son échange. Mais ne suffit pas d’acquérir des pièces, il faut leur permettre de s’épanouir.

Son successeur, Kevyn Adams, semble avoir trouvé le bon entraîneur, Don Granato, pour favoriser l’éclosion des jeunes joueurs des Sabres. Rasmus Dahlin est finalement devenu l’émule attendue de Victor Hedman, Dylan Cozens, 21 ans, a désormais plus d’un point par match, et Jack Quinn est lui aussi très convaincant, à sa première saison dans la LNH, sans oublier Owen Power. Imaginez quand les Noah Östlund, Jiri Kulich et Isak Rosen se joindront à ce groupe déjà prometteur !

Le jeune Peyton Krebs, 21 ans, un choix de première ronde acquis pour Eichel, a un exemple inspirant sous les yeux. Il a seulement quatre points, dont un but, en vingt matchs. Rien n’est encore perdu…

Shane Wright avec l’équipe canadienne junior

Comme si le scénario avait été écrit longtemps à l’avance par le DG Ron Francis, Shane Wright a été prêté jeudi matin à la formation canadienne junior, après avoir affronté le Canadien mardi. Il s’agit d’une décision logique de la part du Kraken. Avant son stage de remise en forme dans la Ligue américaine, où il a marqué quatre fois en cinq matchs, Wright, quatrième choix au total en 2022, était souvent rayé de la formation ou jouait moins de dix minutes quand on daignait lui donner l’occasion de se faire valoir.

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Shane Wright

Juraj Slafkovsky se retrouve donc à nouveau seul de sa cuvée dans la LNH, puisque le sixième choix au total, David Jiricek, est toujours dans la Ligue américaine en attendant, peut-être, de se voir prêté à la Tchéquie par les Blue Jackets de Columbus.

Aux dernières nouvelles, le VP aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, entendait toujours garder Slafkovsky à Montréal, selon des confidences au collègue Guillaume Lefrançois lundi à Vancouver.

Slafkovsky a été inséré au sein du deuxième trio en raison des blessures et il ne fait pas mal, au contraire, avec trois points à ses quatre derniers matchs, beaucoup d’aplomb dans ses batailles pour la rondelle et un temps d’utilisation en croissance.

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