Ryan Poehling a reçu un privilège rare en 2019.

Malgré un seul match derrière la cravate dans la LNH, même si son poste n’était pas encore garanti à l’aube du camp d’entraînement, Poehling avait été invité au tournoi de golf du Canadien avec les réguliers.

On pouvait comprendre l’enthousiasme du moment. Poehling avait marqué trois buts lors de la dernière rencontre de la saison régulière, et marqué en fusillade pour permettre au CH de battre Toronto.

Ce premier choix de l’équipe en 2017 venait aussi d’être nommé le joueur par excellence au Championnat du monde junior.

Rien ne justifiait la présence de son principal rival pour un poste au centre, Nick Suzuki. Le jeune homme avait été sensationnel en séries éliminatoires avec son équipe junior, 42 points en 24 matchs, et une participation à la Coupe Memorial, mais il n’avait encore jamais touché à une glace de la LNH et connu un Championnat mondial junior en demi-teinte. On lui prédisait un début de carrière chez les professionnels à Laval.

À compter de ce fameux tournoi de golf, le destin de ces deux jeunes hommes allait suivre des chemins bien différents.

Poehling a subi une commotion cérébrale en matchs préparatoires et entamé l’année à Laval. Il a eu du mal à se remettre de sa rétrogradation et son éthique de travail a parfois été remise en question. Non seulement a-t-il peiné à produire lors de ses rappels de Laval, mais il a obtenu seulement 13 points en 36 matchs dans la Ligue américaine.

Suzuki a mérité un poste au terme du camp d’entraînement à la droite du deuxième trio avec Max Domi au centre et Artturi Lehkonen à gauche, mais il terminait souvent ses matchs au sein du quatrième trio avec Nate Thompson en début de saison.

Il a progressé de façon constante. À la reprise des activités, en séries, après la pause COVID, il était devenu le pilier de l’équipe au centre du premier trio, Domi peinait à intégrer la formation et Poehling était le seul joueur sur place dans la bulle de Toronto à ne pas disputer de match. Ce que les choses avaient changé en seulement un an !

Nick Suzuki a été nommé capitaine de l’équipe par la nouvelle administration lundi, à ce même tournoi de golf où il n’avait pas été invité en 2019. Poehling est désormais un membre des Penguins.

Kent Hughes l’a envoyé à Pittsburgh dans la transaction de Jeff Petry pour sauver 750 000 $ sur la masse salariale et ainsi retenir les services du joueur de soutien Rem Pitlick.

On ne blâmera pas Marc Bergevin aujourd’hui pour cet excès d’enthousiasme en 2019. D’ailleurs, la présence de Poehling n’avait fait sourciller personne. Et si cette fleur a contribué à lui faire tenir les choses pour acquises, il a eu de nombreuses occasions par la suite de se racheter. Au final, Suzuki était plus talentueux. Point.

La nouvelle administration n’a cependant fait aucune faveur lundi. Aucune recrue n’était sur place. Pas même Jordan Harris et Justin Barron, qui ont disputé respectivement dix et cinq matchs en fin de saison. Ils seront en lutte, après tout, avec Kaiden Guhle pour deux des trois postes disponibles en défense et Guhle n’a aucun match d’expérience dans la Ligue nationale. Aucun ne recevra donc le signal qu’il a une longueur d’avance sur l’autre.

Juraj Slafkovsky n’a aucun traitement de faveur même s’il est un premier choix au total, même si le défenseur Chris Wideman lui a offert son numéro 20 et même si le nouveau capitaine a souhaité entamer la saison avec lui à sa gauche au sein d’un trio complété par Cole Caufield.

Et c’est parfait comme ça.

Non à la démocratie !

Alexandre Pratt explique bien dans sa chronique d’aujourd’hui les effets néfastes de laisser les joueurs voter pour le capitaine. En 1989, les leaders, Guy Carbonneau entre autres, hésitaient à organiser des activités d’équipe à l’aube du vote par crainte de se faire accuser de se lancer en « campagne électorale ». En 2015, le vote a favorisé Max Pacioretty. Il n’avait ni l’esprit de sacrifice, ni l’effet rassembleur pour porter le « C ». La direction a le pouls des joueurs. Elle n’aurait pas nommé Nick Suzuki s’il ne faisait pas l’unanimité dans le vestiaire.

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