On avait déjà enterré Cayden Primeau dans le cimetière des espoirs déchus. En se demandant si les jeunes gardiens de grand format repêchés ces dernières années par l’organisation, Joe Vrbetic, Jakub Dobes et Frederik Dichow, avaient un certain potentiel, ou si le directeur général Kent Hughes ne devait pas acquérir un gardien ailleurs pour assurer la relève éventuelle de Carey Price.

Parce qu’il gravite dans l’entourage du Canadien depuis déjà trois ans, on a presque tous fait l’erreur d’oublier son âge, 22 ans.

Au même âge, Carey Price devait se contenter de regarder du bout du banc les prouesses de Jaroslav Halak en séries éliminatoires. La plupart des fans voulaient le chasser de Montréal au profit du sympathique Slovaque.

Halak lui-même n’a pas atteint la Ligue nationale avant l’âge de 23 ans, et il a même entamé sa carrière professionnelle dans l’ECHL, puisque Yann Danis et Olivier Michaud étaient les titulaires à Hamilton.

Pour la première fois depuis 2011, le club-école vient d’atteindre le carré d’as des séries éliminatoires de la Ligue américaine, grâce à une victoire en troisième période de prolongation mercredi soir à Rochester.

Primeau, un choix de septième ronde du Canadien en 2017, est le grand héros de ces séries éliminatoires, tout en étant le plus jeune joueur de la formation avec Jesse Ylönen, auteur du but égalisateur dramatique en fin de troisième période.

Même s’il a accordé cinq buts mercredi, les statistiques de Primeau demeure extraordinaires : six victoires, un revers, moyenne de buts alloués de 1,93 et taux d’arrêts de ,936.

Ses performances ne l’assurent évidemment pas d’un poste de numéro un à Montréal l’an prochain ou la suivante, mais permettent de croire à nouveau en ce gardien jadis dominant à Northeastern, dans la NCAA, et médaillé d’argent au Championnat mondial junior en 2019 avec l’équipe américaine (ironiquement Ylönen avait marqué le premier des trois buts de la Finlande contre lui en finale, Kakko Kaapo le filet gagnant en fin de troisième période).

Rappelons-nous aussi les sages paroles de l’ancien entraîneur des gardiens à Montréal, Stéphane Waite, au pire de la tempête, en janvier, alors que le jeune homme se faisait mitrailler comme les pauvres canards à l’automne…

« Il faut être patient avec Primeau, il est encore jeune à seulement 22 ans, confiait Stéphane Waite dans ces pages. Et il ne faut pas trop le juger au plan des statistiques quand il a été rappelé parce qu’il joue pour l’un des pires clubs de la Ligue nationale. »

Waite n’en démordait pas même si Primeau venait d’être retiré du match trois fois sur six lors de ses rappels à Montréal et qu’il affichait une ronflante moyenne de 4,32. Il faisait encore un parallèle avec son ancien protégé à Chicago.

« Cayden, c’est Corey Crawford de A à Z. Au plan de sa taille, de ses capacités athlétiques, de sa tête, de sa personnalité. Corey Crawford a eu à améliorer la vitesse de ses jambes et de ses bras lui aussi. Je parlais souvent avec Marc (Bergevin) en lui disant qu’il avait un futur Corey Crawford. Mais il a joué en moyenne proche de 50 matchs par année dans la Ligue américaine pendant cinq ans et s’est établi dans la Ligue nationale à 26 ans après 255 matchs dans la Ligue américaine (et disputé dix saisons à Chicago à titre de numéro un, tout en remportant deux Coupes Stanley. »

Waite avait rappelé, à juste titre, l’inactivité de Primeau en raison de la pandémie. « Son développement a malheureusement été très limité depuis deux ans et c’est dommage parce qu’il était bien parti. Sa première année dans la Ligue américaine avait été très bonne, il avait même joué deux matchs à Montréal où il avait bien fait. Il faut trouver le moyen de le faire jouer en moyenne 45 matchs par année. Pour le reste, il a tout : la taille, le caractère, j’adore son état d’esprit, jamais trop émotif, ne descend jamais trop bas non plus, un kid super intelligent. »

Le Rocket de Laval de l’entraîneur Jean-François Houle est mené par un groupe de vétérans. Primeau, Ylönen, Rafaël Harvey-Pinard et Joël Teasdale sont les seuls joueurs de 23 ans ou moins, avec Mattias Norlinder, à l’écart du jeu en raison d’une blessure à la tête. Ylönen est le plus productif avec quatre points en huit matchs.

La conquête de la Coupe Calder en 2007 avait permis au Canadien de développer deux réguliers : Carey Price et Maxim Lapierre. Matt D’Agostini, Kyle Chipchura, Mikhail Grabovski et Ryan O’Byrne sont devenus des réguliers dans la LNH, mais surtout ailleurs.

Le carré d’as de 2010, sous Guy Boucher, a produit David Desharnais, P. K. Subban et Max Pacioretty (pour le peu qu’il a joué).

Si le CH peut tirer de l’édition actuelle deux ou trois joueurs (la majorité de ses espoirs se trouvent dans la NCAA, en Europe ou dans les rangs juniors), il pourra crier victoire.

John Tortorella à Philadelphie ?

Les Flyers déçoivent cruellement malgré d’énormes moyens depuis l’arrivée du DG Chuck Fletcher. Celui-ci se dit sans doute qu’un électrochoc pourrait lui permettre de gagner un peu de temps de grâce. Ça explique sans doute l’invitation lancée au rugueux John Tortorella pour le poste d’entraîneur en chef laissé vacant depuis le congédiement de Mike Yeo. « Très chanceux d’obtenir cette occasion (d’être interviewé), a confirmé Tortorella, 63 ans, au réseau ESPN cette semaine.

Tortorella ne laisse personne indifférent. Surtout pas ses joueurs. On l’adore ou on le déteste. Il peut instaurer rapidement une éthique de travail implacable et replacer un club. Mais il peut aussi contribuer à faire fuir des joueurs de talent et à rendre Philadelphie une destination peu attrayante pour d’éventuels joueurs autonomes. On en a eu la preuve par mille à Columbus. Mais il constitue sans doute le dernier atout de Fletcher…

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  1. Guillaume Lefrançois a fait le voyage à Rochester pour analyser la victoire du Rocket de Laval !
  2. L’Avalanche se voyait peut-être déjà dans le carré d’as, mercredi soir, mais les Blues ont remonté la pente. L’analyse de Richard Labbé.
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