À Marc Bergevin, qui souhaitait inviter Cole Caufield à souper la veille du repêchage de 2019, l’agent du jeune homme, Pat Brisson, avait rétorqué : « Perds pas ton temps, tu repêches quinzième, il ne sera plus disponible après le dixième rang… »

À compter du neuvième rang, Timmins et Bergevin se mettent à espérer.

« Ça regarde comment ? lance le DG du Canadien après que les Coyotes de l’Arizona eurent repêché le défenseur Victor Soderstrom au onzième rang.

– Caufield », lui répond Timmins.

Les Panthers de la Floride optent pour le gardien Spencer Knight au treizième rang. Il reste les Flyers à choisir, puis le CH.

Il semble ici y avoir une dernière discussion pour la forme. Caufield est toujours libre, mais les centres Peyton Krebs et Alex Newhook également.

« Nous avons besoin d’un compteur et nous sommes assez solides au centre », tranche finalement Timmins.

Cole Caufield venait de marquer 72 buts en 64 matchs au sein du programme de développement américain. Il avait fracassé un record en marquant 14 buts en sept matchs au Championnat mondial des moins de 18 ans. Mais il mesurait aussi 5 pieds 7 pouces. Le Canadien peut le remercier aujourd’hui d’avoir cessé de grandir si tôt…

Avec deux autres buts spectaculaires, mardi soir contre les Coyotes, Caufield, 21 ans, obtenait un 19point, un 11e but, en seulement 15 matchs depuis l’arrivée de Martin St-Louis. C’est un rythme infernal de 60 buts et 104 points sur une saison complète.

Caufield illumine le Centre Bell dans un contexte où l’équipe n’a plus rien à perdre, il faut quand même le souligner, mais il a aussi prouvé en séries éliminatoires l’an dernier qu’il pouvait réaliser les gros jeux dans les moments critiques.

Amusons-nous ce matin, par curiosité, et à des fins de discussion, à identifier les quatorze joueurs repêchés avant Caufield. Certains sont en avance sur lui. D’autres, en retard. Certains joueurs cartonnent en ce moment, mais plafonneront. D’autres peinent à s’établir dans la LNH, mais deviendront peut-être supérieurs à des joueurs déjà dans la Ligue. Ce repêchage est vieux d’un peu moins de trois ans, après tout !

1- Jack Hughes, centre, Devils du New Jersey

Hughes était le coéquipier de Caufield au sein du programme de développement américain. Pas le plus costaud, mais une créativité extraordinaire. Production de 112 points en seulement 50 matchs à son année de repêchage. Certains recruteurs se demandaient même si Caufield ne lui devait pas ses succès. Après deux saisons en demi-teinte, Hughes a explosé cette année chez les Devils. Il totalise 46 points en 40 matchs !

2- Kappo Kakko, ailier, Rangers de New York

Jusqu’au dernier instant, on se demandait si cet ailier finlandais de 6 pieds 3 pouces n’allait pas coiffer Hughes au premier rang. Il avait produit à un rythme épatant dans la Ligue d’élite finlandaise à 17 ans avec 38 points, dont 22 buts, en 45 matchs, et même été invité au Championnat mondial avec des joueurs de la LNH, où il a marqué six buts en dix matchs. Mais Kakko se cherche toujours à sa troisième saison. Il a inscrit seulement 14 points en 37 matchs, et en totalise seulement 54 à ses 151 premières rencontres dans la LNH. Il est présentement blessé.

3- Kirby Dach, centre, Blackhawks de Chicago

Les experts destinaient un autre centre droitier, Dylan Cozens, aux Hawks, mais ils ont plutôt opté pour Dach. Celui-ci a surpris en méritant un poste à Chicago dès sa première année, à 18 ans, et il a assez bien répondu au centre d’un troisième trio. Il a raté presque toute la saison dernière en raison d’une grave blessure, et a mis du temps à trouver son rythme en début d’année, mais il retrouve graduellement ses repères, cette fois à l’aile droite, au sein du deuxième trio avec Jonathan Toews et Brandon Hagel. Il a amassé 23 points en 58 matchs cette saison.

4- Bowen Byram, défenseur, Avalanche du Colorado

L’Avalanche au pu obtenir ce haut choix grâce à l’échange de Matt Duchene au Colorado. Ottawa avait choisi de conserver son premier choix de 2018 (Brady Tkachuk) et céder celui de l’année suivante. Byram constituait le meilleur défenseur disponible. Il était déjà devenu un pilier au Colorado cette année, à seulement 20 ans, avec 11 points en 18 matchs et un temps d’utilisation proche des 20 minutes, avant qu’une grave commotion cérébrale ne vienne interrompre sa saison, et peut-être sa carrière.

5- Alex Turcotte, centre, Kings de Los Angeles

Turcotte, le fils d’Alfie, ancien choix de premier tour du Canadien, était l’une des jeunes vedettes du programme de développement américain. Il a suivi Caufield au Wisconsin, mais n’a pas été aussi productif. Il a fait le saut chez les professionnels un an avant Caufield, mais il est toujours dans la Ligue américaine, où il montre une fiche de 18 points en 26 matchs. Il a encore le temps de s’épanouir, mais les Kings doivent quand même commencer à regretter leur choix.

6- Moritz Seider, défenseur, Red Wings de Detroit

Peut-être le coup de génie de cette cuvée. Seider est un défenseur allemand droitier de 6 pieds 4 pouces qui deviendra peut-être le Victor Hedman de sa génération. À 20 ans seulement, il est déjà le meilleur joueur des Red Wings et devrait remporter le trophée Calder remis à la meilleure recrue. Il compte 42 points en 60 matchs et joue déjà entre 21 et 24 minutes par rencontre.

7- Dylan Cozens, centre, Sabres de Buffalo

Un joueur essentiel dans la relance des Sabres. Ce grand centre droitier de 6 pieds 3 pouces a éclos cette année après une première année modeste. Il compte 31 points en 57 matchs au centre du deuxième trio avec Peyton Krebs et Vinnie Hinostroza. Il avait constitué le meilleur joueur du Canada au Championnat mondial junior l’an dernier avec 16 points en sept matchs. Une valeur sûre pour l’avenir.

8- Philip Broberg, défenseur, Oilers d’Edmonton

Les Oilers ont peut-être repêché en fonction des besoins à une position spécifique ici, pour renflouer sa banque de défenseurs. Broberg, un grand défenseur de 6 pieds 3 pouces très mobile pour sa taille, mais dont certains remettent en question ses décisions avec la rondelle, peinait à s’établir à Edmonton sous Dave Tippett, mais le nouvel entraîneur lui a fait une place. Mais on l’utilise encore avec parcimonie sur une troisième paire avec Tyson Barrie. Il a deux aides en 22 matchs à Edmonton, 19 points en 27 rencontres dans la Ligue américaine.

9- Trevor Zegras, centre, Ducks d’Anaheim

Si le repêchage était refait aujourd’hui, Zegras ferait sans l’ombre d’un doute partie du top trois avec Seider et Hughes. Zegras ne fait pas seulement des jeux spectaculaires qu’on remontre en boucle, il produit. Le voilà avec 44 points en 56 matchs au sein d’un club qui ne marque pas beaucoup et avec des ailiers modestes, pour l’heure Sonny Milano et Vinni Lettieri.

10- Vasili Podkolzin, ailier, Canucks de Vancouver

À ce rang, les Canucks auraient pu se laisser tenter par Caufield. Ils ont préféré un joueur plus costaud à 6 pieds 1 pouce, talentueux comme pas un, mais dont les statistiques étaient modestes autant au Championnat mondial des moins de 18 ans avec la formation russe dont il était le capitaine, que dans les circuits inférieurs à la KHL. Il a fait le saut dans la LNH cette année et compte 16 points en 58 matchs. Rien de renversant pour l’instant.

11- Victor Soderstrom, défenseur, Coyotes de l’Arizona

Les Coyotes ont surpris plusieurs observateurs avec ce choix puisque ce défenseur offensif droitier de 5 pieds 11 pouces n’était pas coté aussi haut sur une majorité de listes. Soderstrom jouait quand même déjà dans la Ligue d’élite de Suède (SEL). À sa deuxième année professionnelle en Amérique du Nord, il est ballotté entre la Ligue américaine et la LNH. Il produit à un rythme intéressant dans la Ligue américaine, mais peu au niveau de la LNH. Il n’était pas au Centre Bell mardi puisque renvoyé à nouveau dans la Ligue américaine même si les Coyotes sont en reconstruction.

12- Matthew Boldy, ailier, Wild du Minnesota

Un autre des nombreux espoirs du programme de développement américain qui, contrairement aux Hughes, Turcotte, Zegras et Caufield, constituait le costaud du groupe. Cet attaquant de puissance de 6 pieds 2 pouces a fait une entrée fracassante dans la LNH cet hiver avec 24 points en 27 matchs. Il occupe désormais une place de choix à l’aile droite du deuxième trio et sur la deuxième unité en supériorité numérique.

13- Spencer Knight, gardien, Panthers de la Floride

Knight était de loin le meilleur gardien disponible, en raison de ses exploits au sein du programme de développement américain et au Championnat mondial des moins de 18 ans, où il a maintenu une moyenne de buts accordés de 1,51. Le DG de l’époque, Dale Tallon, a permis à ses recruteurs de repêcher un gardien aussi tôt même si Tallon s’apprêtait à mettre Sergei Bobrovsky sous contrat pour sept ans et 70 M$. Knight est déjà dans la Ligue nationale à titre d’auxiliaire à Bobrovsky, dont il reste encore quatre années de contrat. Peut-être Knight servira-t-il de monnaie d’échange d’ici cinq jours…

14- Cam York, défenseur, Flyers de Philadelphie

Ici aussi, on peut se demander si les Flyers n’ont pas repêché en fonction de leurs besoins, pour greffer un défenseur offensif à leur organisation. York, 5 pieds 11 pouces, avait obtenu près d’un point par match au sein du puissant programme de développement américain, et onze points en sept matchs au Championnat mondial des moins de 18 ans. Il partage son temps entre la Ligue américaine et la LNH depuis deux ans. Ses atouts offensifs sont indéniables, mais il devra peaufiner son jeu en défense.

Voilà le portrait actuel. Il pourrait être bien différent dans deux ans…

Cri du cœur d’André Tourigny

André Tourigny est en train d’accomplir des petits miracles avec les moyens du bord en Arizona. Ses Coyotes ne perdent plus ces temps-ci malgré une formation en pleine reconstruction. Il pouvait se permettre ce cri du cœur pour défendre ses collègues de la LHJMQ, trop peu souvent considérés pour un poste d’entraîneur en chef dans la LNH. Tourigny a eu à passer par la Ligue junior de l’Ontario pour faire le saut directement à la Ligue nationale. Simon-Olivier Lorange a recueilli les propos de ce coach qui ne parlait pas un mot d’anglais à l’époque où il a fait ses débuts à Rouyn-Noranda.

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