Personne n’aime perdre. Personne. Mais c’est probablement encore plus difficile quand on a touché aux plus hautes sphères du succès.

Yanni Gourde peut en témoigner. En quatre saisons complètes dans la LNH, il avait gagné la Coupe Stanley deux fois et atteint la finale de conférence à une reprise. Même s’il est arrivé sur le tard dans la grande ligue, il a déjà disputé 69 matchs en séries éliminatoires, toutes avec le Lightning de Tampa Bay.

Ce nombre restera inchangé ce printemps, puisque le Kraken de Seattle, qui a sélectionné le Québécois au repêchage d’expansion l’été dernier, débarque à Montréal à titre de l’une des pires équipes du circuit. Seulement une victoire depuis le 14 février, et aucune pendant le long voyage que la formation conclura ce samedi soir dans la métropole.

« C’est différent », a euphémisé Gourde, en matinée, après l’entraînement de son club.

C’est peu dire. Tout est différent pour lui. Pour le pire, si l’on regarde la fiche de son équipe. Mais aussi pour le meilleur, alors qu’il occupe un rôle prépondérant à l’attaque et qu’un « A » est cousu sur son uniforme.

L’attaquant de 30 ans n’a pas caché son agacement face au manque de « constance » de son équipe. Jeudi dernier, à Ottawa, le Kraken a laissé les Sénateurs s’approprier une avance de 3-0 avant d’amorcer une remontée au dernier tiers.

« Collectivement, on voit de bonnes choses, mais on n’est pas assez constants pour connaître du succès dans cette ligue », a-t-il dit.

Tant qu’on ne joue pas 60 minutes avec intensité, ce sera dur de gagner à ce niveau.

Yanni Gourde

Il y a certes du talent dans ce vestiaire, « mais pas assez pour gagner des matchs si on triche ».

« On ne peut pas se permettre de tricher », a-t-il renchéri.

Leader

La critique peut sembler sévère, mais elle témoigne de l’intensité de Yanni Gourde – qui ne s’est par ailleurs pas exclu du blâme.

C’est cette qualité qu’on recherchait lorsqu’on a acquis l’ancien du Lightning, qui s’est rapidement imposé par son leadership. En entrevue avec La Presse, vendredi, le défenseur Jamie Oleksiak a parlé de lui comme d’un « très bon joueur, et peut-être encore un meilleur gars dans le vestiaire ». Oleksiak, alors qu’il évoluait pour les Stars de Dallas, a affronté le Québécois en finale de la Coupe Stanley en 2020. Sur la glace, Gourde avait rendu sa vie « misérable ».

« Il a toujours une étincelle, une énergie, il joue physique, il garde toujours le sourire, a-t-il énuméré. Ça déteint sur tout le monde. »

Samedi, l’entraîneur-chef Dave Hakstol a rappelé que Gourde avait joué un rôle primordial pour la nouvelle franchise « dès le jour un ».

« Il a gagné deux coupes, il sait ce que ça prend pour gagner, a renchéri le défenseur Jérémy Lauzon. Yanni est super énergique, tu le sens dès qu’il rentre dans la chambre. On est chanceux de l’avoir. »

PHOTO ERICK LABBE, ARCHIVES LE SOLEIL

Yanni Gourde a visité Saint-Narcisse-de-Beaurivage avec la Coupe Stanley, le 17 août dernier.

Humblement, Gourde s’est dit « flatté » par les remarques de ses coéquipiers. « Je vais toujours être là pour eux », a-t-il promis.

Sur le plan individuel, il tire beaucoup de « fierté » à être « intense soir après soir », à « gagner [ses] batailles » ; à « faire les bonnes choses », en dépit d’un contexte parfois « difficile avec les victoires qui ne viennent pas facilement ».

Même s’il joue un rôle plus offensif qu’à Tampa, il assure être « le même joueur » qu’auparavant.

Dès que j’embarque sur la glace, je veux aider mon équipe à gagner. C’était la même chose l’an passé.

Yanni Gourde

La fin de saison sera toutefois légèrement différente.

Wennberg et Donskoi blessés

Le Kraken déplorera deux absences de taille, samedi soir, alors qu’Alexander Wennberg et Joonas Donskoi ne seront pas de la formation. Les deux sont blessés au haut du corps. L’équipe a donc procédé au rappel de Kole Lind, qui a pris part à l’entraînement matinal. Philipp Grubauer sera le gardien partant pour les visiteurs. La rencontre, disputée au Centre Bell, s’amorcera à 19 h.