Amusons-nous ce matin à inverser les situations.

Jeff Petry en est à la dernière année de son contrat. Il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison et Ben Chiarot est encore sous contrat pour trois autres années à un salaire annuel de 6,2 millions (soyons bon joueur, pour les fins de l’exercice, réduisons le salaire à 5 millions).

Et maintenant à l’attaque, Tyler Toffoli est sous contrat pour cinq autres saisons à 6,5 millions, tandis que Brendan Gallagher a encore deux années à son entente, à 4,2 millions par saison.

Ne nous leurrons pas, Petry serait l’un des défenseurs les plus convoités sur le marché et aurait peut-être déjà été échangé moyennant un choix de première ronde et un espoir. Gallagher serait parti, ou sur le point de l’être, et Toffoli n’aurait pas le choix d’affirmer publiquement qu’il n’a pas objection à participer à la relance de l’équipe puisqu’il se saurait coincé avec l’équipe pour les prochaines années en raison de la taille de son contrat…

Cet exercice vise à illustrer à quel point les gestionnaires doivent tenir compte des situations contractuelles, avant même de passer à la colonne des statistiques, avant de procéder à un échange.

Seulement dix équipes ont une masse salariale inférieure à 75 millions (selon capfriendly.com), soit 6,5 millions de moins que la limite permise. Parmi elles, seulement deux seraient qualifiées pour les séries si celles-ci s’entamaient aujourd’hui, les Rangers de New York et les Predators de Nashville. New York compte déjà en masse de défenseurs droitiers de talent avec Adam Fox et Jacob Trouba. Nashville aime-t-il à ce point Petry pour se coincer ainsi pour trois autres saisons, avec Filip Forsberg en plus à retenir à la fin de la saison ?

Dallas a un peu de lest, mais Joe Pavelski et Alexander Radulov deviennent joueurs autonomes, tout comme le défenseur John Klingberg. Remplacer Klingberg, 29 ans, 4,5 millions par année, par Petry, 34 ans, 6,2 millions par année ? Le fils de Jim Nill, DG des Stars, Trevor, a joué avec Petry à Michigan State dans les rangs collégiaux. Papa Nill retient-il le meilleur du caractère de Petry, ou le pire ? Voyez comme des transactions peuvent être complexes ?

Quand Kent Hughes affirme, comme il l’a fait mercredi, que Petry peut encore aider le Canadien, et qu’il est prêt à attendre s’il ne reçoit pas d’offre favorable, vous avez une confirmation du contexte évoqué ci-haut.

Bien sûr, Petry a amassé 40 points ou plus lors des quatre saisons précédentes. Bien sûr, il peut se replacer puisqu’il n’est pas placé dans une situation idéale. Mais il faut vraiment l’aimer pour hypothéquer sa masse salariale jusqu’en 2025 en l’obtenant.

On peut toujours se départir de Petry, mais il faudra peut-être recevoir un gros contrat en retour, et ça n’est pas l’objectif de la direction. On veut jeter du lest, pas maintenir le statu quo.

D’ailleurs Shayne Gostisbehere produit au même rythme, parfois davantage, comme en fait foi sa saison de 65 points en 2017-2018. Il a six ans de moins que Petry. Il produisait à un rythme de 40 points sur une saison complète l’an dernier à Philadelphie. Pourtant, les Flyers ont CÉDÉ des choix de deuxième et septième ronde aux Coyotes de l’Arizona l’été dernier pour se débarrasser de lui et de son contrat valide pour deux autres années à 4,5 millions. Petry est un joueur supérieur, mais le contrat de Gostisbehere est moins lourd.

Voilà donc où en est le Canadien, une équipe désireuse de faire peau neuve, mais coincée par plusieurs joueurs surpayés et sous-performants. Outre Petry et Gallagher, il n’y aura pas un gros marché pour Mike Hoffman, Jonathan Drouin, Joel Armia et Christian Dvorak, sans oublier les gros blessés Carey Price et Shea Weber, sous contrat en principe jusqu’en 2026.

Artturi Lehkonen pourrait intéresser des équipes, mais il ne coûte pas cher, il est travaillant et peut servir de modèle aux plus jeunes. Montréal trouvera-t-il mieux avec un hypothétique choix de (fin) deuxième ronde ? Loin d’être sûr…

La relance est néanmoins bien entamée, mais Kent Hughes n’est pas un magicien non plus…

USA Hockey a compris…

Sans fanfare ni trompette, USA Hockey vient de modifier l’un de ses règlements pour favoriser le développement de ses jeunes joueurs, nous apprend The Athletic. Les équipes de hockey mineur enregistrées aux États-Unis n’auront désormais plus le droit de dégager la rondelle en infériorité numérique. Si elles le font, les officiels siffleront et mettront la rondelle en jeu en territoire défensif, comme lors des situations à cinq contre cinq. L’idée derrière ce règlement vise à inciter les jeunes joueurs à prendre de meilleures décisions sous pression au lieu de se contenter de « garrocher » la rondelle à l’autre bout de la glace dans de telles missions défensives. Hockey Canada devrait prendre des notes…

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