« La victoire, oui, mais ça n’est pas un but en soi, trop de variables entrent en ligne de compte pour que les victoires servent d’instrument de mesure pour évaluer le progrès collectif et individuel », a souvent répété l’entraîneur Guy Boucher.

Ce principe s’applique bien au premier match de Martin St-Louis à titre d’entraîneur du Canadien, jeudi soir. Montréal a perdu, mais dominé ce match outrageusement à compter de la deuxième période. Ils ont obtenu le double de tirs de l’adversaire, ce qu’on n’avait pas vu encore cette saison.

Parmi ces variables, un jeune gardien brisé, incapable de faire les arrêts de base, et très généreux de ses retours à ses pieds, la pire chose pour une défense qui cherche à ne pas se brûler à pourchasser un adversaire dans sa zone.

Des fans ont hurlé pendant des années que le Canadien ne devait pas payer si cher pour un gardien comme Carey Price et qu’il suffisait d’attaquants de premier plan et un gardien ordinaire pour gagner. Price est sur la touche et on s’en ennuie drôlement.

Le collègue Simon-Olivier Lorange a posé la question du jour, et de l’année, à Jeff Gorton jeudi, en lui demandant s’il croyait en avoir fait assez pour aider l’entraîneur Dominique Ducharme.

Le VP opérations hockey a balbutié un semblant de réponse, pour ensuite reconnaitre qu’il s’agissait d’une très bonne question.

Gorton aurait pu répondre que le Canadien a déjà 48 joueurs sous contrat, deux de moins que la limite permise, qu’il veut se garder une certaine marge de manœuvre, et qu’on est un peu pris dans les sables mouvants en attendant de connaitre le sort de Price, qui s’active chaque matin dans l’espoir d’un retour au jeu.

Mais si le genou de Price lâche une troisième fois, si Samuel Montembeault, une solution temporaire correcte, demeure incommodé par sa blessure au poignet, il faudra trouver une solution pour aider St-Louis, dont les meilleurs concepts seront annihilés sans un gardien solide.

Sinon on a vu des choses intéressantes contre les Capitals de Washington. On ne se laissera pas berner par les propos de Jeff Petry à propos de la couverture défensive de l’équipe. On ne peut instaurer un nouveau concept de jeu sans le moindre entraînement. Par contre, on a pu voir un modèle de défense un peu plus hybride et des défenseurs plus actifs. Mais les vrais concepts ne seront pas perceptibles à l’œil nu avant quelques semaines.

À l’attaque, on a vu des joueurs beaucoup plus actifs et rapides. Un regain d’enthousiasme est toujours normal à l’arrivée d’un nouveau coach, qu’on cherche à impressionner.

La pause a été bénéfique à Cole Caufield et la nomination de son idole de jeunesse derrière le banc (il portait le 26 dans les rangs mineurs en l’honneur de St-Louis) a semblé le galvaniser. Il a non seulement marqué, mais été le joueur le plus menaçant du CH à l’attaque.

Avec Martin St-Louis, le Canadien misera sur la vitesse. Des joueurs en souffriront. Joel Armia a connu un match difficile. Quel sentiment de tristesse de voir Brendan Gallagher se démêler sans résultats sur la glace. Sa perte de rapidité est flagrante. Il semble toujours à court de temps en zone neutre (le premier but des Capitals a été le résultat entre autres d’un deuxième revirement de sa part en autant de présences) et il n’arrive plus à percer le mur défensif adverse.

St-Louis identifiera rapidement les problèmes et peu à peu, les joueurs incapables de s’ajuster au nouveau style de jeu de l’équipe seront échangés ou, si personne n’en veut, placés dans des rôles moins importants. Et ainsi, pas à pas, le Canadien pourra remonter la pente, une marche à la fois…

Des changements à Edmonton aussi…

Martin St-Louis n’est déjà plus l’entraîneur avec le moins de longévité dans la LNH. Peu après son embauche, les Oilers d’Edmonton ont congédié Dave Tippett et l’ont remplacé par leur coach de la Ligue américaine, Jay Woodcroft. Ça demeure un aveu d’échec pour le DG Ken Holland, qui avait jeté son dévolu sur Tippett à son arrivée à Edmonton, en mai 2019. Les Oilers sont à six points des Ducks d’Anaheim et de la dernière place donnant accès aux séries, mais ils ont quatre matchs de plus à disputer. Tippett peut compatir avec Dominique Ducharme. Les deux n’ont pas été aidés par leurs gardiens…

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