Aaron Donald était aussi bon dans la NCAA qu’il l’est aujourd’hui, ou presque. Certains spécialistes du repêchage étaient même convaincus qu’il était le meilleur espoir défensif du repêchage de 2014.

Les appréhensions dans le cas du produit des Panthers de l’Université de Pittsburgh concernaient sa taille. Certaines équipes estimaient que Donald n’était pas assez imposant à 6 pi 1 po et 280 lb et qu’il se ferait démolir par les mastodontes sur les lignes offensives de la NFL.

L’impact d’un joueur ne se mesure pourtant pas toujours à sa taille, et les exemples sont nombreux. Ray Lewis, James Harrison, Mike Singletary et John Randle étaient tous moins grands que la plupart des joueurs qui évoluaient à la même position qu’eux. Ça ne les a jamais empêchés de dominer la compétition.

Donald ne s’est pas fait démolir du tout dans la NFL. Les équipes adverses devaient et doivent plutôt lui opposer DEUX joueurs de ligne offensive afin de le ralentir. Les Rams, qui jouaient à St. Louis à cette époque, ont réussi l’un des meilleurs coups de la dernière décennie en sélectionnant Donald au 13e rang de l’encan de 2014.

Jadeveon Clowney a été le premier espoir choisi cette année-là. Entre lui et Donald, deux joueurs de ligne défensive, le choix est évident. Le joueur de ligne offensive Greg Robinson a été le deuxième choix. C’est le type qui s’est fait prendre avec une cargaison de marijuana dans sa voiture avec Quan Bray, des Alouettes, il y a deux ans. Troisième joueur repêché en 2014 ? Le quart-arrière Blake Bortles…

Une plus grande appréciation

En plus de ses trois titres de joueur défensif par excellence (2017, 2018 et 2020), de ses 98 sacs et 23 échappés provoqués en carrière, Donald a été extrêmement durable jusqu’à maintenant. Il n’a raté que 2 des 129 matchs des Rams au cours des huit dernières saisons, fait remarquable étant donné qu’il passe tout son temps de jeu sur la ligne de mêlée.

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Aaron Donald n’a raté que 2 des 129 matchs des Rams au cours des huit dernières saisons.

La défense des Rams a généralement fait partie des plus performantes depuis l’arrivée de Donald, qui est devenu la pierre angulaire de l’unité très rapidement. Mais il lui manque ce que Lewis, Harrison, Singletary, Lawrence Taylor, son nouveau coéquipier Von Miller et plusieurs autres des plus grands joueurs défensifs de l’histoire possèdent : la fameuse bague.

« Je pense que j’ai accompli beaucoup au cours de mes huis saisons, mais il me reste à devenir champion. J’essaie de réaliser cet objectif depuis longtemps et je veux pouvoir cocher cette case. Je pourrai ensuite dire que j’ai réussi tout ce que je voulais accomplir dans la NFL », a candidement avoué Donald lors d’une entrevue virtuelle à quelques jours du Super Bowl.

Donald et les Rams sont venus bien près de réussir l’exploit il y a trois ans. Ils s’étaient toutefois inclinés devant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre en finale. Donald savoure davantage sa deuxième expérience au Super Bowl et a un plus grand sentiment d’urgence.

« C’était ma cinquième saison dans la NFL à cette époque. On a perdu, mais je me disais qu’on serait de retour l’année suivante. Mais ce n’est pas si simple, les saisons sont longues et ardues dans la NFL. Étant maintenant à ma huitième année dans la NFL, je ne sais pas pour combien de temps je jouerai encore. J’apprécie donc davantage ce Super Bowl que le premier. »

L’homme alpha

Si les Rams gagnent contre les Bengals de Cincinnati, dimanche soir, il y a fort à parier que Donald aura été l’un des principaux artisans de leur victoire. Lui et Miller, en particulier, devront absolument tirer profit de la principale faiblesse des Bengals, leur ligne offensive.

Je pense qu’on possède les joueurs et le talent pour avoir du succès. Est-ce que la ligne offensive des Bengals sera motivée davantage en raison de tous les doutes qu’il y a à son sujet ? Peut-être, mais on sera très motivés, nous aussi.

Aaron Donald

Contre les 49ers de San Francisco en finale de la Conférence nationale, il y a un peu moins de deux semaines, Donald avait connu un match relativement discret. C’est toutefois lui qui a mis fin au suspense en forçant Jimmy Garoppolo à effectuer une passe en désespoir de cause qui a été interceptée dans les derniers moments de la partie. Ce fut le dernier clou dans le cercueil des Niners.

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Von Miller

Donald avait également prononcé un discours émotif dans le vestiaire des siens ce jour-là. Au sein d’une équipe qui possède autant de joueurs de premier plan que n’importe quelle autre du circuit, Donald est clairement l’homme alpha. Les Rams, c’est son équipe. Ressent-il donc une pression supplémentaire à titre de grand meneur du club ?

« Pas vraiment, car tous nos joueurs savent de quelle façon ils doivent se préparer pour le match. On est tous pleinement concentrés sur la partie de dimanche. Je vais me concentrer sur mon jeu, mais si je sens que je dois prononcer un discours pour motiver nos joueurs, je le ferai. »

Seul de sa classe ?

Pour être parfaitement honnête, je trouve Donald un tantinet surévalué. Le meilleur joueur défensif de la NFL ? Sûrement. Mais d’autres joueurs méritent de faire partie de cette conversation.

T.J. Watt, par exemple. Le chasseur de quarts des Steelers de Pittsburgh a remporté le titre du meilleur joueur défensif de la saison, jeudi soir, et aurait dû le gagner en 2020. Donald a lui-même dit cette semaine que Watt aurait dû être un candidat au titre du joueur par excellence, qui devrait plutôt être « le titre du meilleur quart-arrière », comme le pilier des Rams l’a d’ailleurs mentionné.

Watt, Nick Bosa, Myles Garrett, la recrue Micah Parsons sont tous d’excellents joueurs défensifs. Dire que Donald est catégoriquement et indiscutablement le meilleur de la NFL est donc peut-être un brin exagéré.

Pour se faire l’avocat du diable, on pourrait souligner que Donald s’est rarement illustré dans les matchs les plus importants des Rams au cours des dernières années. Il est presque toujours opposé à deux joueurs, certes, mais tous les meilleurs joueurs de la ligue sont presque toujours opposés à deux adversaires…

Bien sûr, Donald pourrait me faire mentir au Super Bowl en saccageant à lui seul le plan de match des Bengals. Si les Rams l’emportent, Donald pourrait très bien être le premier joueur défensif nommé joueur par excellence du match depuis Von Miller, il y a six ans.

Et c’est précisément ce qu’il doit faire dimanche soir : livrer une performance mémorable, comme l’ont notamment fait Miller, Lewis et Harrison au Super Bowl. Afin de prouver hors de tout doute qu’il fait effectivement partie de la poignée de meilleurs joueurs défensifs de l’histoire, et peut-être même, comme le pensent certaines personnes, qu’il est le meilleur joueur actuel de la NFL, toutes positions confondues.